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URDLA, à Villeurbanne, expose "POLYMORPHIE" de Damien Deroubaix & Yannick Vey
URDLA réunit les deux peintres et sculpteurs autour de la lithographie. Dans cette technique partagée, ils poursuivent un dialogue amical et esthétique débuté à l’École des beaux arts de Saint-Étienne à la fin des années 90. S’affiche dans l’exposition la proximité de deux regards sur le monde à la douceur railleuse, de deux lectures des liens sociaux dominants. Il faut dire que l’un et l’autre ont fait l’expérience, dans leurs années de formation à Saint-Étienne, des effets du passage du capitalisme industriel au capitalisme financier. Pour Damien Deroubaix, la sculpture, le dessin, la peinture, la gravure traités d’une même exigence se veulent les instruments d’une critique politique et sociale. Ses images, faites de superpositions, de déformations et de collages, mêlent les grandes iconographies de l’histoire de l’art à l’imagerie punk. Cet expressionnisme se met au service, comme le firent Dürer, Callot, Goya, de la révélation des crises et des tensions actuelles dans le champ des beaux-arts.
URDLA et Damien Deroubaix se sont rencontrés il y a 25 ans. Avec une quarantaine d’estampes imprimées et éditées dans les ateliers URDLA, Deroubaix a affermi son geste sans jamais se fixer dans une technique. Il expérimente et innove. Aujourd’hui, renouant avec la lithographie, le message politique s’est affiné. Quant à Yannick Vey, ses incursions dans l’image imprimée sont plus rares. Mais le geste, le savoir-faire tant dans la sculpture monumentale que dans la délicatesse de découpages ou de dessins demeure un fil qui parcourt son oeuvre. Il explore les paradoxes de l’existence humaine et révèle les tensions entre nature et fabrication, primitivisme et modernité, et donc les mythes qui à travers les siècles ont permis aux êtres humains de se tenir dans le monde.
Pour cette exposition à URDLA, le plasticien s’empare de la figure mythologique du Minotaure; en résultent cinq grands dessins sur pierre, juxtaposant taureaux et labyrinthes, qui explorent chaque facette de la créature. Triste ou terrifiant, la bête semble pourtant être une cible vulnérable, éventrée par le labyrinthe. L’un et l’autre invitent à habiter et lire le monde sans en évacuer la violence. Écrire le monde en images, c’est toujours en faire un conte, le merveilleux des contes classiques n’atténue pas la lucidité (la lueur) qu’ils transportent.