Comment Jennifer Caubet s’empare-t-elle de la technique traditionnelle de la lithographie, elle qui fonde sa pratique plastique sur la mise en espace ? L’outil lithographique devient pour la plasticienne l’instigateur d’une recherche et d’une méthode de fabrication de l’image. Au-delà de la simple découverte du médium, pour Jennifer Caubet, ingénieure de l’espace, rigueur et précision s’allieront à un outil du XIXe siècle. Au sein des ateliers URDLA, elle envisage la rencontre entre des installations qui relèvent de la technologie avec des lithographies, c’est-à-dire l’impression de dessins au préalable réalisés sur une pierre calcaire.

Aussi, va-t-elle plus loin en expérimentant les jeux d’empreintes et de transferts. Blettes et salades passées sous presse deviennent empreintes sur la pierre et fourniront l’image, le dessin. Cette confrontation impose un changement radical de repères par la restitution d’objets en volume sur une surface plane, ici celle du papier. Mais il ne s’agit pas d’une évocation de la trace. La lithographie n’est pas un simple outil, mais un espace de confrontation des axes de l’image imprimée et de son témoignage.

Soutènement et soulèvement dans leur apparente direction opposée permettent à Jennifer Caubet de poursuivre une démarche fictionnelle et politique. Depuis 2009 avec le déploiement de son installation E.A.T (Espace d’Autonomie Temporaire), l’artiste poursuit sa lecture d’Hakim Bey qui selon elle « s’est attaché à définir des espaces alternatifs, qui puissent naître, se soulever et disparaître ». En résulte dans l’œuvre de Jennifer Caubet, la mise en mouvement de « zones hors-temps » sans volonté d’exister à part entière. C’est pourquoi cette résidence ne s’attache pas qu’à la simple utilisation d’un médium, mais à l'exploration de cet espace de création.

Jennifer Caubet 

Est née en 1982, à Tonneins. Elle vit et et travaille à Aubervilliers. Elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure des beaux-arts de Paris en 2008 après avoir suivi différentes formations à Toulouse, Barcelone et Tokyo. Grâce à des productions singulières avec des spécialistes, ingénieurs, architectes et entreprises, Jennifer Caubet amorce un travail de réflexion sur, dans et autour de l’espace, à travers la sculpture, l’installation et le dessin. Elle est représentée par Jousse Entreprise.

URDLA

Est lieu de création, de production et d’expérimentation. L’estampe est un ensemble de techniques traditionnelles et anciennes que URDLA met au service du projet des artistes d’aujourd’hui. Ainsi se tourne-t-elle vers des artistes qui, pour la plupart, n’ont pas au moment de leur première résidence pratiqué ces techniques et qui pourront au fil des ans et des éditions développer de véritables propositions plastiques et graphiques innovantes. À l’issue du tirage, la moitié des exemplaires est remise aux artistes, l’autre est diffusée et commercialisée par URDLA qui demeure, en tant qu’éditeur, propriétaire des droits de reproduction. Hors numérotation, un exemplaire d’Archives constitue la collection de URDLA, et un exemplaire est déposé au titre du dépôt légal au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France.

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