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À URDLA, Villeurbanne, Gilles Pourtier explore le Bicentenaire de la Révolution française, tandis que Lys Galatea réinvente la gravure avec des matériaux détournés.
BLACK SAPATE, GILLES POURTIER
Black Sapate trouve ses racines dans le souvenir du Bicentenaire de la Révolution française. À travers des estampes, sculptures et photographies, Gilles Pourtier explore la rencontre entre histoire personnelle et histoire collective. Il s’inspire de sa jeunesse en 1989, où la célébration de cet événement forgea sa conscience politique, notamment avec une reproduction du tableau de « La déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de Le Barbier, socle des valeurs républicaines. Son titre, Black Sapate, jeu de mots associant le groupe de rock Black Sabbath et « Cinq Sapates » de Francis Ponge, souligne la solution alchimique que propose Gilles Pourtier aux troubles du temps présent. Pour réaliser cette transformation des signes et des symboles, Gilles Pourtier s’y est attelé à URDLA, à partir d’une composition typographique en plomb inspirée du tableau, avec laquelle il a opéré un débossage du verso sur papier coton, intitulé Le soleil de la raison engendre des monstres, en référence à l’œuvre de Goya. « (…) avant que les Lumières ne se transforment en incendies », Germaine de Staël.
Le plasticien a fondu les plombs pour en faire un cube monobloc et massif. Cet objet, devenu sculpture, a ensuite servi de matrice pour l’impression d’une série de monotypes de grands formats (120 x 80 cm). Avec les faces du cube, Pourtier a extrait 11 combinaisons possibles, des estampes qui rejouent les 11 premiers articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le cube sur son socle de chêne, ainsi que ses impressions, rendent bien compte du jeu de pouvoir en filigrane, tel un dé arbitraire et omniprésent qui pèse sur le citoyen. À ce malaise démocratique, Gilles Pourtier y répond par une langue obscure et révoltée qui procède aussi bien à la déconstruction qu’à la matérialisation d’une certaine idée de liberté. URDLA invite à découvrir Black Sapate, exposition de Gilles Pourtier du 14 décembre 2024 au 22 février 2025 avec un vernissage le samedi 14 décembre de 14 heures à 18 heures.
Gilles Pourtier, né en 1980 et vivant à Marseille, est diplômé de l’École nationale supérieure de photographie d’Arles après un premier parcours de verrier. « Sa démarche se situerait plutôt du côté de l’enquête photographique, dans une veine quasi ethnographique […]. Son mode opératoire s’apparente, en effet, à un inventaire vernaculaire révélant les singularités qui se nichent derrière la banalité des espaces, des actes et des gestes du quotidien. » (Galien Dejean).
EMPREINTES, LYS GALATEA
Poursuite de l’engagement premier de faire se rencontrer les techniques traditionnelles de l’estampe et la création d’aujourd’hui, URDLA présente Empreintes par Lys Galatea. Fruit de la deuxième édition du dispositif « Estampes en Région Auvergne-Rhône-Alpes », initié par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, elle invite une ou un artiste du territoire âgé de moins de 35 ans à s’essayer aux pratiques de l’image imprimée au sein des ateliers URDLA. Cette deuxième édition s’inscrit dans la volonté d’accompagner les plasticiens en faisant lien entre la pratique d’atelier et les pièces inédites réalisées à URDLA.
Ainsi pour Lys Galatea, ce temps de recherche et de création fondé sur son intérêt pour des matières premières telles que le tissu, le plâtre et la peinture, souvent utilisées jusqu’à leur point de rupture, trouve un écho particulier dans la technique lithographique pratiquée à URDLA. La surface de la pierre calcaire, en tant que terrain de jeu (inconnu), est devenue pour la plasticienne un espace où ces matières récupérées et combinées se transforment en outils de dessin. Le papier bulle, la mousse, en passant par le scotch minutieusement arraché, se substituent au travail du crayon et de la plume.
Qu’il s’agisse de ses lithographies sur rhodoïd ou de ses pièces imprimées sur des peaux d’acrylique, chaque œuvre tente de capturer un équilibre fragile, un mouvement suspendu, articulé à sa pratique de la danse. Le rythme utilise, dans les premières œuvres, des décalages et des superpositions, tandis que les secondes explorent l’élasticité et la fragilité de la peinture séchée. Ce travail inédit incite Lys Galatea à poursuivre son usage de la matière par le réemploi et la réutilisation circulaire des mêmes matériaux, tout en renouvelant le langage de l’estampe. URDLA invite à découvrir Empreintes par Lys Galatea du 14 décembre 2024 au 22 février 2025 avec un vernissage le samedi 14 décembre de 14 heures à 18 heures.
Lys Galatea, née en 1998 et diplômée de l’École des beaux-arts d’Annecy en 2022, vit et travaille à Lyon.