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Première exposition en France du peintre et céramiste chinois CHEN JIALING au Réfectoire des Cordeliers, Paris, du 05 au 21 avril 2024
Pour sa toute première exposition en France, le peintre chinois Chen Jialing présente un ensemble de peintures, céramiques et tapisseries inédites, dont certaines ont été créées spécialement pour l’occasion. L’exposition se tiendra du 5 au 21 avril, au Réfectoire des Cordeliers (Paris 6e), un ancien couvent du 14e siècle niché au cœur du Quartier latin, exceptionnellement ouvert au public pendant toute la durée de l’exposition. Celle-ci est gratuite et ouverte tous les jours de 10h à 18h.
En écho à la géographie de Shanghai et de Paris, deux villes établies au bord de l’eau (la Seine et le Huangpu), l’exposition prend pour thème le fleuve. Elle met en scène une quarantaine d’œuvres inédites de l’artiste, certaines produites à la fin des années 1990 et la plupart créées pour l’exposition. Tableaux polyptyques, peintures à l’encre, calligraphies, tapisseries en fils de soie et œuvres céramiques aux dimensions souvent spectaculaires investissent le lieu patrimonial des Cordeliers.
Né en 1937 à Tonglu, au confluent de deux rivières du fleuve Yangtsé, Chen Jialing a étudié à l’Académie des arts de Chine (Hangzhou), sur les rives du lac de l’Ouest, avant de s’établir à Shanghai. Mêlant culture traditionnelle et esprit de modernité, ces villes construites au bord de rivières et de lacs, au coeur de la région historique du Jiangnan, ont profondément influencé Chen Jialing. L’artiste explore son héritage culturel et réinvente la peinture traditionnelle à travers ses superpositions de lavis d’encre, alliant beauté formelle et expérimentation moderniste. Se saisissant de l’encre et du pinceau, Chen Jialing s’inscrit en effet dans la tradition du shanshui (« montagne et eau »), un style de peinture chinoise qui consiste à peindre des paysages naturels au pinceau et à l’encre. Chen Jialing est l’un des plus éminents représentants de l’École de Shanghai, courant pictural qui a émergé au milieu du XIXe siècle et profondément modernisé l’art chinois.
"Une vie au bord du fleuve", le titre de l’exposition imaginée par les curatrices Cao Dan et He Jing, avec le conseil scientifique d’Éric Lefebvre (directeur du Musée Cernuschi), évoque une existence tout entière consacrée à la peinture à l’encre et au voyage comme source d’inspiration. "L’homme de bien aime les montagnes, le sage aime l’eau": répétée depuis des siècles par les lettrés et les penseurs chinois, cette phrase de Confucius exprime les significations culturelles émanant de "l’eau" et des "montagnes". Dans la tradition chinoise, l’eau est une métaphore de la beauté dans son absolu, par sa fluidité et son absence de forme. Elle revêt des significations culturelles subtiles et a toujours été l’objectif esthétique ultime poursuivi par les peintres chinois. La peinture à l’encre, procédé qui utilise l’eau comme élément central, est née d’une telle vision du monde fondée sur le flux et le changement.
L’exposition introduit les "trois transmutations de l’eau, du feu et de la soie" présentes dans l’œuvre de Chen Jialing : peintures à l’encre, œuvres céramiques et tapisseries en fils de soie occupent l’espace monumental des Cordeliers, scénographié par Pascal Rodriguez. L’esthétique de la transformation est l’essence même de l’art et de la pensée chinois. Dans "L’eau et les rêves", le philosophe Gaston Bachelard (1884-1962) évoque l’eau comme une entité vivante, faisant écho à la pensée chinoise ancienne. Se mêlant à l’encre pour recréer le paysage, transportant les hommes et les cultures : toujours l’eau évoque le flux incessant de la vie, porteuse immatérielle d’une profondeur culturelle et historique.
L’exposition se tient dans le cadre du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Organisée par la Shanghai International Culture Association, elle présente pour la première fois en France l’œuvre spectaculaire d’une figure contemporaine de l’École de Shanghai, en parallèle d’Art Paris.
Diplômé de l’Académie des arts de Chine en 1963, Chen Jialing a étudié auprès des peintres Pan Tianshou et Lu Yanshao, et enseigné à l’Académie des arts de Shanghai. Représentant contemporain de l’École de Shanghai, la "nouvelle peinture à l’encre" associe l’essence spirituelle de la peinture à l’encre traditionnelle chinoise, à l’ouverture et à l’expérimentation du modernisme, dans un style souple et poétique. Outre la peinture à l’encre, Chen Jialing expérimente également avec les traditions liées à la céramique, la tapisserie de fils de soie (kesi), le mobilier et l’habillement, créant "de multiples transformations" et incorporant l’idée de changement, au cœur de la pensée chinoise, à ses créations artistiques.
Depuis les années 1980, l’œuvre de Chen Jialing a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles en Chine et figure dans les plus grandes collections nationales : Musée national de Chine, Musée des beaux-arts de Chine, Musée de la Province du Shaanxi, Musée des beaux-arts de Xi’an, Musée d’art du Zhejiang, Musée des beaux-arts de Canton, Musée de l’Anhui, Musée de Hefei, Académie de peinture de Shanghai et Musée d’art de Shanghai. En 2002, il fonde le Shanghai Peninsula Arts Center, le Peninsula Ceramic Arts Hall et le Ling Kiln. De 1987 à 2017, il a participé à des expositions collectives et à des conférences dans plus de vingt pays, dont les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, la France et le Royaume-Uni. En 2014, le film documentaire Chen Jialing, produit par Jia Zhangke, a été sélectionné au Festival international du film de Rome.