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A la Bibliothèque nationale de France – Richelieu : exposition « En un jour si obscur, Damien Deroubaix », des gravures créées à URDLA, Villeurbanne.
Ce mardi 15 octobre, la Bibliothèque nationale de France a inauguré une grande exposition monographique consacrée à l’œuvre gravée de Damien Deroubaix sur son site Richelieu. Peintre, dessinateur, sculpteur et graveur, il fait partie des artistes nés dans les années 1970 qui ont porté les pratiques de l’estampe à un haut niveau d’exigence, tout en renouvelant le regard sur des techniques trop souvent considérées comme de l’artisanat. Avec plus de 46 œuvres éditées à et par URDLA depuis 2001, l’exposition retrace son œuvre gravé en lien avec les grands maîtres de l’estampe de Dürer à Gauguin…
Le va-et-vient des aquarelles, des peintures et des sculptures à l’estampe, essentiellement noir et blanc, constitue l’œuvre plastique. Dès lors impossible d’envisager la pratique du multiple imprimé à côté de l’œuvre picturale : l’une et l’autre se nourrissent, se répondent. Aussi son espace à la Force de l’art 02 était en ce sens exemplaire.
Ses hommages, qui revisitent l’œuvre des maîtres de la gravure, tissent au fil des ans une pratique singulière qui ne dénie pas son inscription dans l’histoire. Dürer d’abord, qui donna lieu à une exposition monographique à l’URDLA et à Nuremberg (2008), présentait notamment sept grands bois gravés (160 x 120 cm) qui mêlaient au langage de Deroubaix des citations du peintre et graveur allemand. Puis, en 2012, une suite d’eaux-fortes et aquatintes entraient en discussion avec Goya au musée de Castres. Sa grande agilité à transcrire sa langue picturale dans le noir et blanc des arts graphiques, son désir inextinguible d’estampes, ont ouvert à Damien Deroubaix les portes d’un grand nombre d’ateliers. Il est de coutume de dire qu’il n’y a que dans les expositions consacrées à Picasso que peintures, dessins et gravures sont traités au même niveau.
Dès les premières expositions de Deroubaix, l’imprimé côtoyait les grandes aquarelles ; les tirages d’essais découpés, collés dans les œuvres uniques, rehaussés, guident les amateurs dans cette œuvre sans solution de continuité, dans laquelle circulent les différents médias. Cette manière qui lui est propre s’exporte dans les expositions de musées, d’abord pour « Die Nacht », présenté successivement au Saarlandmuseum de Sarrebruck, à la Villa Merkell d’Esslingen (2009) puis au Kunstmuseum de Saint-Gall.
À l’heure où s’écrivent ces lignes s’ouvre « Picasso et moi » au Mudam (Luxembourg) dont le premier volet a pris place en 2014 à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence. Pour ce dialogue avec l’œuvre déterminante de l’origine de Deroubaix artiste, celui qui signe de son prénom, Damien, a réalisé, dans l’atelier parisien de Réné Tazé, une série de vingt-cinq gravures (eau-forte, aquatinte en morsure directe, pointe-sèche), éditée par Item (Paris) qui reprennent et jouent des motifs picassiens.
Cette exposition est l’occasion de reprendre un travail de la matrice seule, en bois – la première constituait sa proposition au prix Marcel Duchamp (2010). Ici, c’est une « Guernica », à la taille du tableau, gigantesque bois gravé et recouvert d’encre d’imprimerie, gravure dont seule la matrice s’expose, matrice stérile (du point de vue de l’imprimeur) puisqu’elle ne sera pas imprimée.