Du 5 au 10 avril 2022, à l’occasion de la 23e édition du PAD PARIS, la Carpenters Workshop Gallery célèbre la vitalité du design français contemporain avec une exposition personnelle dédiée à Martin Laforêt (Paris, 1991). À travers une scénographie originale, la galerie présente un ensemble de pièces de mobilier pour la plupart inédites comprenant assises, tables basses et d’appoint, lampes et consoles. 

Inspiré par l’architecture et les paysages artificiels comme les parkings, les autoroutes ou les ouvrages d’art, Martin Laforêt a développé un vocabulaire plastique propre et une esthétique rigoureuse et intrigante. Il est notamment reconnu par ses assemblages épurés faits de matériaux pauvres, tels que le béton ou le bois de coffrage. Sa démarche s’inscrit dans la continuité des concepts de l’Arte Povera, mouvement italien qui prône dès les années 1960 un art sobre sans emphase. Martin Laforêt s’y approprie la notion d’immédiateté de la matière qui n’a plus vocation à s’effacer au profit de l’art, mais qui devient art. Plus important encore, le processus de création, autrement dit le geste créateur, est privilégié au détriment de l’objet fini. C’est donc une interprétation sensible de cet art nomade, fondamentalement insaisissable et toujours en mutation, que Martin Laforêt nous livre au travers de ses créations. 

Sa série « Mould objects », initée dès 2019, consiste en un assemblage équilibré entre des matériaux bruts – béton ou bronze – auxquels sont associés les moules en bois qui ont participé à leur création. Le moule et sa forme positive ne forment alors plus qu’un, comme de nouveau réunis, chacun étant l’empreinte de l’autre. 

La « chaise à Palabre », développée en 2021, explore son matériau de prédilection : le béton. La matière vulgaire et fruste, d’ordinaire dissimulée, revêt ici une nouvelle noblesse par ses formes épurées et magistrales, qui empruntent à l’art traditionnel africain. Encore une fois, la démarche questionne : la chaise à palabre, siège de prestige africain d’ordinaire en bois sculpté car plus facilement transportable, devient une imposante forme statique de béton nu. C’est ici la forme qui donne sa noblesse à la matière. 

Martin Laforêt approfondi la même démarche avec sa nouvelle série « Highway » dont est issue une nouvelle table basse monumentale présentée pour la première fois au public au PAD PARIS 2022. Directement inspirée des autoroutes, cette longue et étroite masse de béton de 2m70 sur 40 cm séduit par ses proportions magistrales. 

Enfin, seront également présentées les « Low chairs » de la très récente série « Variations ». Construites à partir du même moule, elles consistent en une base de béton invariable sur laquelle l’artiste greffe d’instinct, au gré de ses envies, plusieurs éléments. Cette variation – de forme et de couleur - sur un même motif reprend avec brio la démarche de l’Arte Povera évoquée précédemment : chaque chaise est perçue comme une maquette qui redéfinit pas à pas cette série expérimentale en pleine mutation. En somme, Martin Laforêt nous dévoile son chemin de la création. 

Établi successivement à Paris et à Londres, le PAD est depuis plus de 20 ans un rendez-vous incontournable pour les passionnés d’art et de design.

BIOGRAPHIE

Martin Laforêt est un designer français né en 1991. Il vit et travaille à Vernon, France. 

Formé à la Design Academy Eindhoven, dont il est diplômé en 2015, Martin Laforêt a développé une pratique originale où matériaux et techniques, pensés comme un ensemble indissociable, se mêlent et s’enchevêtrent. 

Son travail s’inscrit dans l’esthétique de l’arte povera mais ne suit aucune ligne de conduite précise. Inspiré par le savoir-faire artisanal et l’intelligence de la main, il se plaît très tôt à manier l’ambiguïté des matériaux de construction industriels pour leur conférer une nouvelle noblesse. A contre-courant des pratiques usuelles du design qui cherchent souvent à dissimuler la technique au profit de l’esthétique, Laforêt développe un langage de la déconstruction, ou plutôt du dévoilement de la construction. 

En somme, Laforêt pense le design comme un « grand tout » qu’il décloisonne sans cesse. 

Architecturées et raisonnées, ses sculptures fonctionnelles sont pensées comme des arrangements originaux de matériaux bruts. Le bronze se mêle au béton, au chêne. La nature de cette matérialité, pourtant assez fruste, est exposée sans concession et mise en valeur au sein d’un assemblage épuré. Le designer aime jouer sur l’ambiguïté de ces objets dont les composants semblent avoir été glanés sur un chantier de construction. De ces surfaces froides et brutes finit toujours par se dégager une atmosphère chaleureuse et empreinte de sensibilité. 

« Mon travail est une tentative de faire ressortir la personnalité spécifique des matériaux et de produire des formes originales. Je recherche une expression personnelle souvent inspirée par mon intérêt actuel pour les formes et les combinaisons de matériaux. J’aime les objets rattachés au domaine de la sculpture, de l’industrie et de l’architecture. » 

A l’instar de la matière, le processus de création s’offre également tout entier au regard. Dans sa série « The Mold Objects », Laforêt intègre le moule à l’oeuvre : celui-ci interagit avec sa forme positive, formant avec elle un dialogue d’une étrange poésie. Non seulement il la met en valeur, mais il est même nécessaire à sa structure et sa tenue. Le moule est ainsi entièrement intégré au processus de création, et pensé comme partie intégrante du résultat final. De même, les sangles à cliquet qui ceignent ses sièges sont laissées telles quelles, comme oubliées par l’artisan. 

Cette sorte de métaphore industrielle porte en elle un questionnement sur le devenir de nos productions. En arrachant le moule à son contexte industriel pour le placer au-devant de la scène, Martin Laforêt développe un langage inédit qui induit d’abord la confusion, mais qui finit toujours par susciter l’interprétation par la méditation. Ses oeuvres deviennent alors des sortes d’artéfacts archéologiques, où le passé et le futur s’entrelacent. 

Parmi les expositions précédentes : The graduate(s) (2017), Nouveau brutaliste (2019), Inside Out (2020) à la Carpenters Workshop Gallery, ainsi que des présentations au Salone del Mobile, PAD Paris, Design Miami/ Basel et Dutch Design Week.

https://carpentersworkshopgallery.com