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Carpenters Workshop Gallery PARIS PRÉSENTE UN CORPUS D'ŒUVRES INÉDIT DE L'ARTISTE POLONAIS MARCIN RUSAK DU 19 OCT. AU 20 DÉC. 2023
Carpenters Workshop Gallery est ravie de présenter, cet octobre 2023, la première exposition personnelle de Marcin Rusak en France. L'artiste y exposera sa nouvelle série, Vas Florum, qui célèbre la beauté éphémère des fleurs tout en déployant une large réflexion sur ce qu'elles disent de nos sociétés contemporaines.
Héritier d'une famille de producteurs de fleurs, Marcin Rusak explore les liens entre la beauté, la permanence et la décomposition, en fixant des fleurs et des plantes dans des sculptures en résine. L'artiste a trouvé un moyen de préserver la beauté des fleurs en les retirant de la nature et en les plaçant dans les limites d'une œuvre d'art, ce qui n'est pas sans rappeler les peintures de fleurs popularisées au cours de l'âge d'or hollandais du XVIIe siècle.
Outre leur matérialité expérimentale, les collections de l'artiste cherchent toujours à incarner les aspects les plus transitoires de la vie - les relations des gens entre eux, avec la nature, leurs perceptions de la vie et de la mort - à travers des objets inanimés qui symbolisent intrinsèquement le passage du temps. Sa nouvelle série,Vas Florum, réinvente l'idée du vase, un objet inextricablement lié aux fleurs et à leur présentation. Dans chaque œuvre, les fleurs sont disposées à l'intérieur du corps du vase lui-même, où elles poursuivront leur processus de décomposition mais à l'échelle de plusieurs années.
ENTRETIEN AVEC MARCIN RUSAK
Le travail des fleurs occupe une place particulière dans l'histoire de votre famille. Que représentent-elles pour vous aujourd'hui ?
Je suis le petit-fils et le fils de cultivateurs de fleurs de Varsovie. Ma famille produit des fleurs depuis plus de cent ans, mais cette histoire familiale s'est arrêtée à ma naissance. Le travail sur les fleurs a d'abord été pour moi un moyen de retranscrire ce passé fantomatique de serres abandonnées, de métal rouillé et de verre brisé, de jardinières en zinc, de pompes et autres machines aux fonctions inconnues, toutes abandonnées et figées dans le paysage.
Lorsque j'ai commencé à travailler avec des fleurs, je me suis familiarisé avec l'ensemble du processus de production et de commercialisation qui les sous-tend. Les fleurs coupées vendues sur les marchés européens sont cultivées au Kenya, où l'eau d'irrigation est prioritaire par rapport à l'approvisionnement en eau potable d'une grande partie de la population. Elles sont ensuite acheminées par avion aux Pays-Bas, avant d'être dispersées aux quatre coins du monde. Malgré cet incroyable voyage, les fleurs sont jetées en quelques jours dès qu'elles se fanent. Il m'est apparu que ce matériel botanique, en plus de raconter mon histoire personnelle, pouvait également être utilisé pour raconter des histoires universelles sur notre perception de la mort, de la détérioration et, plus généralement, sur la relation entre l'homme et la nature.
Votre travail parle d'éphémère et de déclin. N'est-ce pas une position ambiguë pour un designer que de concevoir ses pièces de manière qu'elles s'altèrent avec le temps ?
Mon travail se situe à l'intersection de la valeur, de l'éphémère et de l'esthétique. Une fois que les fleurs ont répondu à nos besoins décoratifs ou symboliques, elles deviennent un rappel de la vie dont nous ne voulons plus et sont jetées. Transformées en mes matériaux, elles retrouvent un sens et deviennent partie intégrante d'une œuvre qui magnifie la raison même pour laquelle elles sont jetées : leur caractère éphémère. Mes créations ont leur propre durée de vie, de quelques mois à dix ans.
Pour moi, la signification - ou le cadre conceptuel - de l'œuvre, son histoire et son processus de production technique sont aussi importants, sinon plus, que son esthétique. Chaque étape du processus créatif, de la recherche initiale à la définition de la vision créative et à sa réalisation à l'aide d'un savoir-faire et d'une technologie de pointe, est distillée dans l'objet final qui prend vie lorsque l'on raconte son histoire. Si vous expliquez pourquoi un objet a été fabriqué et ce qu'il fera dans quelques années, la pièce est perçue différemment et son caractère éphémère devient une source de valeur ajoutée. Je ne vise pas la beauté esthétique, mais plutôt l'incarnation d'une recherche conceptuelle menée à maturité.