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"UNE HISTOIRE INTIME DE L'ART", UNE EXPOSITION DES ŒUVRES DE LA DONATION D'YVON LAMBERT, GÉRÉE PAR LE Cnap, À LA COLLECTION LAMBERT AVIGNON DU 25 MARS AU 4 JUIN 2023
À l’occasion de la publication de l’ouvrage Une histoire intime de l’art : Yvon Lambert, une collection, une donation, un lieu, consacré à la donation d’Yvon Lambert à l’État français, coédité par Dilecta, le Centre national des arts plastiques et la Collection Lambert, l’institution avignonnaise expose à partir du 25 mars 2023 une sélection de plus de 250 œuvres de cet ensemble conservé dans la cité papale.
Pour la première fois dans l’histoire de la Collection Lambert, cette présentation du fonds de la donation dont le Centre national des arts plastiques assure la gestion depuis 2012, occupe la totalité des espaces d’expositions des hôtels de Caumont et de Montfaucon réunis depuis l’extension réalisée par les architectes Laurent et Cyrille Berger en 2015.
Le témoignage d'un marchand amoureux de l'art de son temps
En écho à l’ouvrage auquel l’exposition emprunte son titre, le parcours dresse un portrait de l’art de ces soixante dernières années à travers les goûts et les passions d’un homme visionnaire qui, depuis l’ouverture de sa première galerie parisienne en 1965, n’a eu de cesse de soutenir la création la plus audacieuse de son époque. Composée de près de 600 œuvres acquises soit à l’occasion des expositions organisées dans les différentes galeries d’Yvon Lambert à Paris et New York, de commandes passées pour la Collection Lambert à Avignon, soit dans les ateliers des artistes au moment même de leur création, ou encore chez des confrères et amis, la donation doit avant tout s’envisager comme le « témoignage d’un marchand amoureux de l’art de son temps » pour reprendre la formule du collectionneur. Cette « succession d’émotions » (Alfred Pacquement) que constitue la collection résulte des choix de vie d’un homme qui fut l’un des plus grands marchands d’art de la seconde moitié du xxe siècle et du début du xxie. Elle est le fruit de la vie d’un amateur passionné et audacieux, à l’écoute des soubresauts de l’histoire de l’art et dont le désir le plus cher fut et restera de passer sa vie aux côtés de celles et ceux qui en accompagnent les mouvements, sensiblement. Dès les années 1960, Yvon Lambert comprend que la capitale de l’art n’est plus le Paris de l’avant- guerre mais le New York des États-Unis victorieux. Il embrasse alors le chemin des nouvelles avant- gardes et défend en pionnier en France l’art minimal et l’art conceptuel. Il se tourne dans les années 1980 vers l’émergence d’une nouvelle peinture figurative et expressive, puis vers la photographie et l’image en mouvement ou l’art de l’installation.
La donation qu’il effectue en 2012 au profit de l’État et déposée de manière permanente à Avignon est particulièrement remarquable par la richesse des ensembles constitués d’artistes souvent peu représentés dans les collections publiques françaises : 35 œuvres de Nan Goldin, 16 de Cy Twombly, 14 de Sol LeWitt, 7 de Robert Ryman, 6 de Jean-Michel Basquiat, 6 de Miquel Barceló, 3 d’Agnes Martin...
À l'épreuve du temps
Comme l’ouvrage Une histoire intime de l’art raconte à travers les textes d’auteurs et historiens de l’art les particularités de cette donation singulière et son ancrage dans les grands mouvements artistiques de ces soixante dernières années, l’exposition souhaite rendre compte de la manière dont cet ensemble unique a été constitué au fil de la vie et de la carrière d’Yvon Lambert, de concert avec les bouleversements esthétiques et sociétaux qui ont façonnés l’histoire de l’art contemporain. La publication comme l’exposition démontrent chacune dans son registre la pertinence de choix avant-gardistes que le passage du temps est venu conforter. Aussi, l’exposition s’inspire-t-elle des différents chapitres de la publication : Les nouvelles avant- gardes des années 1960-1970, l’émergence d’une nouvelle peinture figurative dans les années 1980, l’attachement aux artistes issus de la Pictures Generation et du renouveau de la photographie, la question du réel telle qu’elle est investie par les pratiques pluridisciplinaires à la charnière du xxe et du xxie siècle. Le projet propose un parcours à rebours en commençant dès les premières salles par les œuvres les plus récentes, pour remonter le temps et terminer par les nouvelles avant-gardes. Cet étonnant voyage montre la permanence du regard prescripteur du collectionneur et prouve toute l’actualité des mouvements qui ont transformés l’art à partir des années 1960 et influencent encore les pratiques contemporaines.
Commissaire de l’exposition : Stéphane Ibars En collaboration avec le Centre national des arts plastiques
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