Actualité
"L’art sur ordonnance" au MO.CO. Montpellier contemporain : une première en france, des prescriptions médicales de visites gratuites au musée
À compter de 2022, MO.CO. Montpellier Contemporain et le Département d’Urgences et Post Urgences Psychiatriques (DUPUP) du CHU de Montpellier inaugurent un projet partenarial inédit en France intitulé L’Art sur ordonnance au MO.CO.
Un partenariat inédit entre le Fonds Guilhem du CHU de Montpellier et MO.CO. Montpellier Contemporain avec le soutien de Culture Santé - ARS Occitanie et la DRAC Occitanie
Le projet L’Art sur ordonnance repose sur la conviction commune de l’écosystème artistique MO.CO. et du DUPUP/CHU de Montpellier, d’autant plus forte après cette pandémie, de l’urgente nécessité à sensibiliser le public aux avantages de l’engagement artistique pour la santé mentale et vise à faire sortir les patients de l’hôpital en leur prescrivant de l’art.
Depuis le début du 21e siècle, la recherche scientifique démontre les effets bénéfiques des arts sur la santé et le bien- être. Compte tenu des niveaux actuels de détresse psychosociale dans la société, il semble crucial d’engager nos concitoyens à participer à des activités créatives pour assurer la promotion du bien-être, de la santé et du capital social.
Un projet pilote, essentiel, qui a pour vocation, s’il se montre concluant à l’issue des études scientifiques qui l’accompagnent, de perdurer et rayonner en permettant à de nombreux autres projets d’Art sur ordonnances de voir le jour à travers la France entière.
Le projet
Qu’est-ce que L’Art sur ordonnance au MO.CO.?
Ce projet propose aux patients une sensibilisation à l’art et un engagement dans une démarche de création artistique.
Les personnes adressées par le DUPUP du CHU au MO.CO. bénéficient d’un programme complet mêlant rencontres avec les oeuvres et les artistes, visites des expositions et ateliers de pratiques artistiques conçus spécifiquement par des artistes invités et s’appuyant sur la programmation du MO.CO.
Ils sont accompagnés durant toute la durée du programme par l’équipe du service des publics du MO.CO., qui mène par ailleurs, depuis longtemps de nombreuses actions adaptées et à la carte, à destination de publics empêchés ou éloignés de la culture.
Pour qui ?
À destination des patients présentant des épisodes dépressifs.
Les ateliers sont menés par les artistes au sein des deux centres d’art du MO.CO. Au coeur de la ville, ces lieux culturels
de convivialité, de vie, incluant des cafés restaurants, des résidences étudiantes, une librairie, un jardin, un patio, et qui ne sont pas associés à la maladie, sont des éléments clés dans ce processus.
Par la rencontre avec l’art, les participants aux ateliers peuvent ainsi s’évader, aborder les thématiques artistiques et sociétales qui animent les artistes et découvrir leur propre créativité. Ils échangent, s’engagent dans une démarche de création artistique et co- construisent avec l’artiste autour de son projet, tissent de nouveaux liens sociaux et s’enrichissent mutuellement des expériences vécues.
Comment ?
Des artistes invités par le MO.CO. interviennent auprès d’un groupe de patients sur une durée d’un mois chacun.
En 2022, le programme concerne trois groupes différents d’environ 10/12 patients auxquels sont prescrits des parcours artistiques de un mois.
Pour le premier groupe de patients, l’artiste Bianca Bondi a réalisé un workshop / programme d’interventions impliquant des ateliers de pratiques artistiques en mars (sessions de 2h / une fois par semaine), en écho à l’exposition de Max Hooper Schneider Pourrir dans un monde libre au MO.CO. Panacée.
Ensuite, c’est la chorégraphe Anne Lopez qui a conçu un atelier de pratique chorégraphique face aux oeuvres, autour de l’exposition Trans(m)issions, sur 4 sessions de 2h sur 4 semaines consécutives entre avril et mai 2022.
L’Art sur ordonnance est l’occasion de mettre en place une collaboration étroite entre les équipes du CHU de Montpellier et du MO.CO. mais aussi entre les internes en psychiatrie et les étudiants en art de MO.CO. Esba (Ecole Supérieure des Beaux-Arts). Ainsi, un binôme étudiant au MO.CO Esba et interne en psychiatrie a suivi les ateliers, observé le déroulement des groupes et imaginé une manière de mettre en récit cette expérience collective.
Un nouveau programme sera proposé au troisième groupe de patients à l’automne 2022, par l’artiste Suzy Lelièvre invitée par le MO.CO.
A la fin du programme, une restitution aura lieu au MO.CO. et au CHU de Montpellier avec une rencontre publique et la projection d’un film documentaire autour du projet.
Des études scientifiques autour du projet pilote
Un rapport récent de l’OMS indique que l’engagement artistique et la participation à des activités créatives procurent un large éventail de bénéfices : la promotion du bien- être, de la qualité de vie, de la santé physique et mentale et du capital social. D’ailleurs, tout au long de l’histoire, les Hommes ont utilisé des images, des histoires, des danses et des chants comme rituels de guérison et de soulagement. Pourtant, faire de l’art ne va pas de soi et son développement peut être soit étouffé soit cultivé par toute une série de facteurs culturels et sociétaux. Si l’éducation et la solitude entravent l’accès aux Arts, la dépression reste l’obstacle principal. D’où l’importance de soutenir ces personnes afin qu’elles se sentent plus capables et motivées à s’engager.
Puisque la santé d’un individu est principalement déterminée par une série de facteurs sociaux, économiques et environnementaux, la prescription sociale s’efforce de répondre aux différents besoins de l’individu d’une manière holistique. Dans ce cadre se développent des programmes d’Art sur Ordonnance depuis 30 ans en Grande Bretagne, dont l’objectif est de compléter les thérapies conventionnelles pour aider ces personnes à se rétablir grâce à leur créativité et à l’engagement social.
Déjà étudié et expérimenté au Canada (initié en 2018 par le musée des Beaux- Arts de Montréal et l’Ordre des médecins au Canada, et où les professionnels de santé peuvent prescrire jusqu’à 50 visites de musées par an à leurs patients), au Royaume-Uni et plus récemment en Belgique, ce dispositif s’appuie sur les études qui démontrent que la pratique artistique joue un rôle dans la prévention des problèmes mentaux et la promotion de la santé, du bien-être et de la cohésion sociale.
L’Art sur ordonnance au MO.CO. donnera lieu à une étude observationnelle de suivi réalisée par le DUPUP du CHU. L’objectif est d’évaluer l’impact de l’intervention artistique sur le bien-être mental des patients, la qualité de vie et les changements de l’anxiété et de la dépression.
Une collaboration inédite UNE STRUCTURE CULTURELLE / MO.CO. Montpellier Contemporain
Écosystème artistique unique qui va de la formation jusqu’à la collection, en passant par la production, l’exposition et la médiation, par la réunion d’une école d’art et deux centres d’art contemporain : le MO.CO. Esba (École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier), le MO.CO. Panacée (laboratoire de la création contemporaine) et le MO.CO. (espace dédié à des expositions d’envergure internationale).
L’EPCC MO.CO. bénéficie du soutien de la DRAC Occitanie, Montpellier Méditerranée Métropole et la Ville de Montpellier.
UN DEPARTEMENT MEDICAL / Le DUPUP du CHU de Montpellier
Ce département du CHU dédie une part importante de son activité de soins et de recherche au traitement de la dépression et à la prévention du suicide.
Il comprend également l’Unité des Urgences Psychiatriques. C’est à partir de ces structures de soins qu’ont été repérés les patients bénéficiant du programme d’Art sur Ordonnance.
Le CHU de Montpellier est engagé depuis une dizaine d’années dans une démarche active de développement de l’action culturelle au bénéfice des patients en priorité, de leurs familles, des personnels et plus généralement des usagers de l’établissement pour favoriser l’ouverture et la mixité des publics.
DES ARTISTES INTERVENANTS
Bianca Bondi (plasticienne) / Anne Lopez (danseuse) / Suzy Lelièvre (plasticienne)
Bianca Bondi (Johannesburg, Afrique du Sud, 1986) vit et travaille à Paris.
Après avoir étudié les sciences physiques et les mathématiques, elle puise dans
les sciences les ressorts de sa pratique artistique. Multidisciplinaire, sa pratique artistique implique l’activation ou l’élévation d’objets banals par l’utilisation de réactions chimiques, le plus souvent par l’eau salée. Les matériaux avec lesquels elle travaille sont choisis pour leur potentiel de mutation ou leurs propriétés intrinsèques et symboliques. Son but étant de promouvoir des expériences au-delà du visuel et de défendre la vie
de la matière en mettant l’accent sur l’interconnectivité, l’éphémère et les
cycles de la vie et de la mort. Passionnée par l’écologie et les sciences occultes, Bianca Bondi combine les deux pour aboutir à des travaux pluridisciplinaires de nature transformatrice à travers lesquels l’aura des objets est essentielle. Souvent spécifiques au site, les oeuvres qu’elle réalise sont empreintes d’une poésie liée aux lieux dans lesquels elles existent. https://biancabondi.com/
Pour le projet L’Art sur ordonnance, Bianca Bondi a proposé aux participants des séances de “Scrying”. Proche de l’auto- hypnose, le “Scrying” permet de puiser dans le subconscient en s’ouvrant aux pensées, aux sons, aux odeurs et aux sentiments. A l’aide d’une boule de crystal, les participants ont pu atteindre une forme de divination, suivie de séances de peintures à l’aquarelle des visions issues de l’expérience.
Anne Lopez (Paris, France, 1972), vit et travaille à Montpellier.
Chorégraphe et interprète, elle commence la danse à Uzès en 1986 et suit les formations de Sylvie Giron, Odile Duboc, Carlotta Ikeda, François Verret, Benoit Lachambre et Mathilde Monnier. Elle danse dans la compagnie Longitude implantée auTriangle à Rennes (1990) avec Roni Deruyver et FrédericVaillant et ensuite pourYann Lheureux, Laurent Pichaud.
En 1994, elle fonde la compagnie Les Gens du Quai avec François Lopez et réalise plusieurs pièces dont Meeting (1998), L’Invité (1999), Révoltes (2000), De L’autre (2001), Litanies (2002), De L’avant invariablement (2004), Face à i (2005), Idiots Mais Rusés (2007), Miss Univers (2007), Celui d’à côté (2015), Paradox (2016), Trident (2016)... À partir de 2008, elle réalise des performances au Musée des Beaux-arts de Nîmes, au Carré d’Art de Nîmes, au FRAC LR, au CRAC LR, à l’école préparatoire de Sète et aux Beaux-arts de Perpignan.
En 2009, elle assiste Mathilde Monnier pour les reprises de City Maquette en tournée. Anne Lopez intervient régulièrement dans les écoles, collèges et lycées dans le cadre de Résidence d’artistes mais aussi Sciences Po ainsi qu’à Centrale à Paris depuis 2011.
Depuis 25 ans, elle mène une recherche et des projets chorégraphiques avec des personnes autistes. Elle est titulaire d’un DESS de psycho-logie clinique et psychopathologie. Auteur des films Les Géographes co-produit par Les Films Pénélope, France 3 et Les Murs d’Aurelle (2000) et des 10 Petits Danseurs avec des enfants autistes du Sasje à Bagnols-sur- Cèze (2001). www.gensduquai.org
Pour le projet L’Art sur ordonnance, Anne Lopez a réalisé un atelier de pratique chorégraphique face aux oeuvres de l’exposition.
La démarche chorégraphique d’Anne Lopez est remise en jeu à chaque nouveau projet, mais chacune de ses pièces se construit à travers des partitions de consignes et de gestes. Anne Lopez identifie chaque geste comme des chorèmes dont elle fixe l’intention, la forme, l’évolution spatiale, le rythme. Elle les nomme, les numérote, les dessine. Les participants ont été invités à traduire ces partitions et à les interpréter avec leurs corps dans l’exposition Trans(m)ission au MO.CO.