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Camille Jutant Responsable du master 2 développement de projets artistiques et culturels internationaux à l’université lumière Lyon 2
Artistes | Institutions | Mécénat | Médias
FRANÇOIS BOUTARD | 27.05.2015 | 16:08

Le campus de l'Université Lumière Lyon 2


FRANÇOIS BOUTARD
Rédacteur Art et Culture
Biographie >>>
Camille Jutant, en charge du Master 2 Développement de Projets Artistiques et Culturels Internationaux (DPACI) à l’Université Lumière Lyon 2 a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
 
Les étudiants qui se destinent aux métiers de la culture se voient proposer plusieurs formations de qualité. Compte tenu du contexte actuel, ces parcours nécessitent ambition, ténacité, professionnalisme et forte culture générale.
 
Camille Jutant, pouvez-vous nous présenter le Master 2 DPACI de l’Université Lumière Lyon 2 ?
 
Fondé en 1987, ce Master est l’un des plus anciens dans les métiers de la culture. À l’origine, il prend la forme d’une convention entre l’Université Lumière Lyon 2 et l’ARSEC (Agence régionale des services aux entreprises culturelles).  
 
Le master a donc eu, dès le départ, une approche « professionnalisante »  avec des étudiants en formation continue. Trois à quatre personnes en VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) sont également accueillies dans chaque promotion. Notre mission consiste à former sur une année, des professionnels du secteur culturel en tenant compte des problématiques actuelles telles que le numérique ou les nouveaux modèles de financement.
 
Sur quels critères sélectionnez-vous la vingtaine voire trentaine d’étudiants qui composent une promotion ?
 
Nous exigeons qu’ils aient déjà acquis une expérience et une compétence sur le terrain dans le domaine culturel ou événementiel. Ils doivent également savoir faire preuve d’esprit critique et surtout avoir un début de projet professionnel. On ne s’engage pas dans les carrières culturelles sans réelle motivation et ambition ! 
 
Quelles sont les spécificités de votre Master ?
 
J’en citerai deux. La première tient dans l’objectif même du Master qui est de former des concepteurs de projets artistiques et culturels ainsi que des directeurs de structures culturelles privées ou publiques. Nos enseignements doivent permettre à nos étudiants de développer une vision stratégique, politique, artistique et opérationnelle de la culture.
 
Il est important que les compétences techniques (gestion, management) soient toujours mises au service d’une vision stratégique et politique d’un projet. Nous enseignons à nos étudiants la place d’une organisation artistique, d’un artiste et d’une œuvre, dans la relation qu’entretiennent le politique, le social et le territoire.
 
La seconde concerne la pédagogie du projet. Nous mettons nos étudiants en situation quasi professionnelle avec l’organisation et la mise en place d’un projet artistique à réaliser sur trois mois.
 
Quelle plus-value apporte votre programme par rapport à d’autres formations ? 
 
Notre dimension internationale. Depuis 2011, nous avons amorcé un virage et les questions sur la mondialisation culturelle sont désormais très présentes dans nos enseignements. 
 
Historiquement, nous entretenons également des liens privilégiés avec l’Université des Arts de Belgrade où nous proposons un autre Master, en double diplôme (Master en Management et politiques culturelles dans les Balkans). 
 
Enfin, un gros tiers de chaque promotion effectue son stage de fin d’année à l’étranger.
 
Quels sont les moyens adaptés pour rendre votre programme toujours plus « professionnalisant » ?
 
Tout d’abord, le projet dont nous avons déjà parlé. Les étudiants doivent également effectuer un stage obligatoire dans une structure culturelle de quatre mois minimum (547 heures). Nous leur demandons de nous remettre un dossier d’entreprise et non un rapport de stage.
 
L’ancienneté du Master ajouté au fait que 10% des professionnels intervenants sont des anciens élèves permet à nos étudiants de trouver rapidement une structure pour les accueillir. L’association du Master et son comité pédagogique sont également extrêmement actifs à ce niveau. Enfin, nous nous appuyons sur un réseau de structures culturelles dans la région Rhône-Alpes mais également à l’échelle européenne, voire internationale.
 
Quelles sont les statistiques d’employabilité des étudiants du Master ?
 
Une enquête menée par l’Université Lumière Lyon 2 ainsi que nos propres statistiques montrent que presque tous nos étudiants trouvent un emploi en moins de six mois à la sortie du Master. 45% trouvent immédiatement, 45% entre un et quatre mois et 10% trouvent un emploi entre quatre et six mois.
 
Précisions intéressantes : 1/3 des étudiants trouvent leur emploi dans la structure qui les a accueillis pour leur stage, 1/3 grâce au réseau du Master et le reste suite à des candidatures spontanées ou des réponses à des offres d’emploi.
 
Cependant, le contexte est compliqué et nous faisons tout pour maintenir ces bons résultats. Il faut par exemple réfléchir à des nouveaux métiers liés à des modèles économiques moins classiques comme l’entreprenariat culturel ou les structures à financement mixte public / privé.
 
Quels sont les secteurs dans lesquels se placent vos étudiants ?
 
Nos profils sont transdisciplinaires. Je distingue 4 grands secteurs : 
 
- les services culturels dans les collectivités territoriales (chargé de mission, agent de développement culturel)
- le secteur du patrimoine (attaché de conservation, employé des structures patrimoniales gérées par l’État, structures privées ou associatives)
- le secteur du spectacle vivant (administrateur, chargé de production, chargé de programmation, responsable du mécénat)
- enfin, les centres culturels à l’étranger (Alliances françaises, Instituts français)
 
Selon vous, quelles sont les mutations professionnelles à l’œuvre dans le secteur culturel ?
 
D’abord, le crowdfunding et la recherche de financement se développent fortement dans l’économie de la culture. Nous préparons nos étudiants à la recherche de tous les financements existants. Par conséquent, nous développons leurs compétences afin qu’ils soient capables de rechercher, en équipe, des systèmes de financement hybride (privé/public). Cette préoccupation recoupe celle de l’émergence de nouveaux intermédiaires qui accompagnent un artiste pour l’aider à repenser son statut et à financer son activité. 
 
Ensuite, le numérique bien sûr. Nous formons nos étudiants à comprendre les relations entre le numérique et la culture en termes de croyance, de discours, de pratique et de lieux. Nos étudiants doivent par exemple se sentir à l’aise dans un Fab Lab : nous leur apprenons à penser le sens des nouvelles pratiques et économies du numérique et à travailler avec ses acteurs.
 

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