
Actif online depuis presque 10 ans, Christie’s a accéléré la digitalisation de ses ventes et de sa communication. La crise, explique Cécile Verdier, permet d’installer sans délai, en accéléré, les outils pertinents qui seront les standards de demain, et toucher ainsi de nouveaux publics.
L’implantation mondiale de Christie’s a-t-elle aidé Christie’s France à prendre la mesure de l’épidémie, puis, lorsque le confinement a été imposé, à communiquer en interne et en externe ?
Cécile Verdier : Le fait d’être une maison de taille internationale, présente en Asie, nous a permis d’avoir une vision très en amont de la situation et de pouvoir utiliser en France des méthodes déjà mises en place par nos collègues dans nos bureaux en Chine et à Hong Kong.
Cette taille nous donne aussi les infrastructures nécessaires pour organiser en concertation avec nos équipes, de façon efficace et très rapide, le travail de chacun depuis son domicile, malgré la fermeture de nos bureaux.
Nous étions prêts avant l’annonce du confinement en France. La communication interne et externe a été à la fois coordonnée de façon globale et très décentralisée, vers nos clients comme vers nos collaborateurs.
Une maison de vente communique généralement sur ses ventes publiques. Lorsqu’elles ont été annulées, pourquoi et comment avez-vous décidé de maintenir le lien entre Christie’s France et ses clients vendeurs et acheteurs ?
Cécile Verdier : Il était fondamental pour nous de garder le contact avec nos clients, vendeurs et acheteurs, pour les informer du report des ventes, mais aussi pour tout simplement prendre de leurs nouvelles. Notre métier repose en grande partie sur les relations nouées entre nos spécialistes et nos clients.
De façon plus globale, de nombreuses newsletters ont été envoyées, tous les réseaux sociaux utilisés, avec des messages personnalisés à l’attention des clients les plus importants, divers communiqués en direction de la presse. Enfin, tous nos magazines (Christie’s Magazine, Enchères) ont été envoyés, cette fois en version numérique.
Avant la crise, la cible des ventes en ligne était-elle exactement la même que celle des ventes physiques ? Constatez-vous déjà le report des acheteurs vers le online sur certains marchés davantage que sur d’autres ?
Cécile Verdier : Les ventes en ligne existent depuis 2011 chez Christie’s et nous avons été les premiers à les proposer. Elles étaient conçues à l’origine comme une offre complémentaire à nos ventes aux enchères classiques, pour permettre à nos clients d’enchérir sans contrainte horaire de vente.
Il s’agissait aussi de démocratiser l’accès à notre maison avec une offre moins chère, propre à élargir notre base de clients. En 2019, 41 % des nouveaux acheteurs chez Christie’s sont venus à nous grâce aux ventes en ligne.
La crise actuelle apparaît comme un accélérateur : des ventes classiques ont été basculées en ligne et des ventes additionnelles, conçues en ligne, ont été ajoutées à nos calendriers internationaux et parisien.
Lors de la reprise des ventes live, nous verrons comment se comportent nos acheteurs, mais je pressens que la poursuite des recommandations de télétravail devrait maintenir les enchères online à un niveau important, y compris dans les ventes live.
Tout nous démontre que cette crise agit comme un accélérateur de mouvements qui étaient déjà en germe (64 % de nos clients internationaux ont enchéri ou acquis une œuvre en ligne en 2019).
Vous aviez anticipé la dématérialisation des catalogues de ventes. Comptez-vous accélérer ce mouvement, quel que soit le secteur ?
Cécile Verdier : Nos catalogues sont intégralement disponibles sur notre site. Nous avons annoncé en janvier que nous réduirions cette année de 50 % l’impression des catalogues, tant pour des raisons écologiques que de logistique : plus de 50 % des œuvres vendues chez nous le sont à des collectionneurs qui n’ont pas reçu le catalogue de la vente concernée.
La crise accentue ce mouvement dans la mesure où, du fait de la fermeture, certains catalogues n’ont pu être envoyés ou achevés à temps. Certaines ventes se feront sans catalogue imprimé.
L’ensemble de ces mesures nous permet de réinvestir dans notre offre digitale.
À travers quelques exemples, quels sont les biens qui n’ont pas encore trouvé les moyens technologiques et/ou les dispositifs éditoriaux permettant leur mise en vente en ligne ?
Cécile Verdier : Aucun ! Toutes les spécialités vendent en ligne aujourd'hui.
Toutes les crises sont des accélérateurs d’innovation en même temps que des épreuves. Comment Christie’s France peut-elle en sortir grandie ?
Cécile Verdier : La promotion de nos ventes via les canaux digitaux explose en multipliant les formats : les viewing rooms, les zoom dans les œuvres, la façon même de nous adresser à nos clients… Le confinement nous a permis de finaliser beaucoup plus rapidement des projets en cours, poussés par la nécessité de trouver des solutions rapides.
Pas une semaine sans qu’un nouvel outil ne nous soit fourni pour nous aider à promouvoir les ventes, qu’elles soient online ou maintenues dans des formats classiques live. L’innovation sur les ventes en ligne sert les ventes en direct.
Notre site internet a été repensé et le contenu renforcé. Il présente aussi une sélection de ventes de gré à gré accessibles directement depuis le site : trois œuvres ont été vendues dans les semaines récentes à des clients qui ont vu l’œuvre sur notre site.
Mais les spécialistes, garants de notre crédibilité, restent le cœur de notre action pour promouvoir nos ventes.
Photo : Francesca montovani /Christie's
FONDATRICE DE L’ASSOCIATION GENIUS LOCI, ET COMMISSAIRE D’EXPOSITION
"Genius Loci, invente des moments exclusifs d'art et d'architecture"© Damian Noszkowicz
Marion Vignal s’attache, depuis 2021, avec son association Genius Loci, à faire vivre l’architecture comme une œuvre d’art sous forme de déambulations immersives et émotionnelles à travers le prisme de la création contemporaine.
Vous avez fondé l’association Genius Loci en 2021. Quelle était votre ambition ?
J’ai créé Genius Loci, association loi de 1901 à but non lucratif, avec l'ambition de présenter l’architecture comme une œuvre d’art et de la faire dialoguer, vivre, par le biais d’une exposition immersive et animée d’œuvres ayant toutes une résonance avec ce que j’appelle « l’esprit du lieu », le « Genius Loci » en latin.
Lire la suite >>>Responsable de la communication du Musée d’art et d’histoire du judaïsme
"Notre rôle n'est pas de montrer une histoire tragique, mais la permanence de la culture juive à travers les millénaires."
Depuis janvier 2020, Muriel Sassen est la responsable de la communication et des publics du musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ).
Dans un contexte géopolitique très sensible, elle décrit la manière dont elle a choisi de communiquer sur l’Histoire et la culture du Judaïsme, sans empiéter sur le territoire du Mémorial de la Shoah.
Lorsque vous êtes arrivée fin 2019 au mahJ, vous êtes-vous heurtée à beaucoup de difficultés pour, au moment du déconfinement, faire revenir les visiteurs ?
Nous avons eu la chance d’avoir une très belle exposition sur l’École de Paris, avec Chagall, Modigliani… sur laquelle nous avions travaillé durant tout le confinement et qui a attiré près de 60.000 visiteurs, malgré les restrictions imposées de jauge.
Nous étions donc prêts dès que les portes se sont ...
Directeur de la communication et de la RSE au Palais de Tokyo
«Le Palais de Tokyo est une institution qui donne la parole aux artistes en les exposant»
Dès son arrivée en 2020 à la direction de la communication du Palais de Tokyo, Mathieu Boncour a élargi son périmètre d’action à la Responsabilité Sociétale des entreprises (RSE).
Sans langue de bois, il explique en quoi ce choix constitue un axe clef de la communication de l’institution, le travail accompli mais aussi les difficultés pour faire la pédagogie des actions concrètes accomplies au quotidien.
Quels étaient les principaux challenges en termes de communication à relever à votre arrivée au Palais de Tokyo, notamment dans le contexte de la réouverture après le premier confinement ?
Mathieu Boncour : Mon premier défi était assez évident. Je suis arrivé le 15 juin ...
Lire la suite >>>Fondateur de Communic'Art
Restitution des œuvres d’art : « Il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle »
Pour une gouvernance mondiale des œuvres d’art et dépasser le dilemme des restitutions, il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle.
Le débat sur la restitution des œuvres d’art, cristallisé par le rapport Sarr-Savoy en 2018, reste marqué par des positions extrêmes : d’un côté, la revendication de restitutions massives au nom des spoliations coloniales ; de l’autre, la défense rigide des collections occidentales comme trésors universels.
Face à cette impasse, il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle, fondée sur le partage et la coopération internationale.
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par FRANÇOIS BLANC
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