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Fabien Simode, Rédacteur en chef du magazine L'Œil
Fabien Simode, Rédacteur en chef du magazine L'Œil
Le Blog 360° est allé à la rencontre de Fabien Simode, rédacteur en chef, depuis dix ans, du magazine L'Œil. Esprit véloce, qui a en grande partie contribué au succès d’estime de ce magazine historique, Fabien Simode nous parle de son métier. Passion et discernement font son quotidien professionnel.
Vous sortez tout juste d'une exposition Fabien Simode, quel y était votre rôle ?
Je suis allé voir l'exposition des nommés du prix Artagon qui met en compétition les plus importantes écoles d'art en France, en Belgique, à Monaco et en Suisse, afin de récompenser la jeune création au plus tôt. Mon rôle ? Comprendre ce qui se passe, sentir les tendances, échanger avec les artistes et les acteurs de l'art, bref, être en état de veille permanent afin de pouvoir traduire le monde de l'art dans L'Œil.
Il est important d'être sur le terrain, de mouiller la chemise, même si mon travail de rédaction en chef demande beaucoup de présence à la rédaction, au bureau, auprès de mes collaborateurs. Je dois être partout en même temps, tout en ayant le temps d'être nulle part. Heureusement, je suis bien entouré.
D’expérience, comment définissez-vous votre métier en tant que journaliste et critique d’art ?
Je fais la distinction entre la critique d'art et le journalisme. Le critique d'art est un médiateur qui produit un discours sur une œuvre ou sur une production, à laquelle il doit donner une épaisseur. Pour cela, il est le témoin privilégié de la création ; un compagnon de route des artistes, dont il fréquente les ateliers.
Le journaliste se situe davantage dans la distance ; il analyse, met en perspective, son écriture est plus froide. Mon rôle est d'orchestrer ces deux approches au sein du magazine, de trouver le bon équilibre entre la critique d'art et l'information, par le choix des auteurs, des sujets, des angles.
L'Œil #689 du mois d'Avril 2016
Quelle évolution avez-vous noté, suivi et accompagné depuis votre arrivée il y a dix ans à L’Œil, d’abord en tant que rédacteur en chef adjoint, puis rédacteur en chef ?
En dix ans, le statut de L'Œil a changé, qui est passé d'une revue à un magazine d'art. L'Œil a été créé en 1955 par un couple de journalistes passionnés d'art : Georges et Rosamond Bernier. Dès le premier numéro, la revue a été voulue généraliste. Sa première couverture, à la tonalité bleue, était consacrée à Fernand Léger, qui était alors encore vivant.
En fait, ce bleu, je l’ai compris plus tard, c’était celui de Monory qui détournait ainsi une œuvre de Léger. En 1955, L'Œil était donc déjà en prise avec la création contemporaine.
Le premier numéro couvrait par ailleurs le voyage de sa co-fondatrice Rosamond Bernier partie en Espagne, à la rencontre de la famille de Picasso – qui est un peu le parrain de L'Œil. C’était donc déjà une revue contemporaine avec un positionnement éditorial original : publier un titre à destination de tous les passionnés d'art qui pouvait être lu dans le métro !
Depuis 1955, le monde de l'art a changé, mais pas l'ambition de L'Œil. Si le magazine a su s'adapter à son temps, il continue de s'adresser à tout le monde. Car nous ne réalisons pas un magazine pour le seul milieu restreint des professionnels, mais pour le grand public de l'art. Comme je m'interdis d'inscrire au sommaire des sujets qui n'apportent rien à la lecture contemporaine de notre temps. L'Œil n'est pas un magazine d'art contemporain, mais un magazine contemporain sur l'art.
Vous vous adressez à tout le monde, pas simplement au seul milieu restreint des professionnels de l'art. Donnez-nous un exemple dans l’actualité ?
Le prochain numéro de L'Œil traitera de la double actualité de Picasso, l'exposition “Picasso sculptures” au musée National Picasso à Paris et “Picasso et les arts et traditions populaires” au Mucem de Marseille.
Je ne veux pas traiter de ces deux expositions en tant que telles, mais comprendre pourquoi et comment ces deux expositions parlent chacune à leur manière de Picasso en ce même printemps 2016.
Deux grandes expositions Picasso au printemps 2016, quel sens donnez-vous à cette conjonction ?
Nous changeons d'époque. Pierre Daix est décédé en 2014, et les gens qui ont connu Picasso passent progressivement la main. Un regard neuf se construit avec de jeunes conservateurs et historiens qui veulent apporter leur pierre à l'édifice.
Des musées d'un nouveau type sont également apparus. Le Mucem n'est pas un musée des beaux-arts classique et, en même temps, il est bien plus qu'un musée d'art et de traditions populaires.
Ces institutions neuves, à l'instar du Musée Picasso qui a rouvert en 2015, permettent de dépoussiérer le regard que l'on porte sur Picasso. Pourquoi la céramique de Picasso, qui a pourtant été un travail suivi par l'artiste, a-t-elle attendue l’année 2013 pour être exposée dans un musée national, à Sèvres ?
Avant cette exposition, on ne considérait donc pas, ou peu, sa céramique. Or, trois ans plus tard, en 2016, est programmée à Paris la grande exposition “Ceramix”, qui défend l'idée que la céramique n'est pas seulement un art décoratif, mais une production d'artistes qui vont de Gauguin à Schütte, en passant par… Picasso ! Comprendre ce changement d'époque m'intéresse, il éclaire sur le fonctionnement du monde de l'art, sur son moteur...
Art Paris Art Fair, vient de se tenir… Qu’en tirez-vous comme réflexions, quelles tendances vous sont-elles apparues ?
Je dirais un retour à la peinture et à l'abstraction, et le recul de l'art minimal et conceptuel.
Art Paris, comme toutes les foires, est un miroir du goût à un moment donné, comme le miroir d'un marché. Ne devraient y accéder que des collectionneurs, pourtant on assiste à un engouement considérable du public pour les foires. L’une des problématiques de la Fiac, par exemple, n'est ainsi plus de faire venir les collectionneurs, mais de gérer l'affluence des visiteurs.
L'histoire de l'art, c'est d'abord l'histoire du goût. Qu'est ce qui fait que l'on regarde différemment une œuvre à deux époques différentes, qu'un artiste disparaît parfois pendant un siècle pour revenir le siècle suivant ? La Joconde n'a pas changé, pourtant elle n'a pas toujours été exposée derrière une vitre.
Pourquoi le corpus de Caravage a-t-il autant évolué au XXe siècle ? Pourquoi créons-nous aujourd'hui des groupes de recherches autour de Rembrandt ou de Bosch...
Toutes ces questions me passionnent. Elles se retrouvent dans L'Œil.
Dans L'Œil #689 du mois d'avril 2016, retrouvez :
DOMINIQUE ROLAND, DIRECTEUR DU CENTRE DES ARTS D’ENGHIEN
"La culture représente un des enjeux sociétaux majeurs en cette période."
AU TEMPS DU CORONAVIRUS, COMMUNIC'ART DONNE LA PAROLE À SES CLIENTS.
En cette période de confinement, quelles sont les actions du Centre des arts d’Enghien menées par vous et votre équipe pour poursuivre vos activités ?
Dominique Roland : Conscients du temps inédit que nous sommes amenés à vivre et qui influera inéluctablement sur “l’après”, nous nous devons de réinterroger ce qui composait nos fondamentaux.
Dès le premier jour, nous nous sommes organisés. Le télétravail a naturellement donné lieu à un nouvel environnement professionnel permettant de maintenir coopération et concertation. Il s’agit de travailler à une nouvelle manière de penser et d’agir ensemble. À ce titre, nous avons estimé qu’il était nécessaire d’opérer une nouvelle étude des publics.
Le numérique, au cœur ...
Lire la suite >>>PIERRE LEMARQUIS, NEUROLOGUE
"Le cerveau réclame d’être caressé, c’est la fonction de la musique et de l’art"
L’empathie esthétique, autrement dit l’amour de l’art, répond à des mécanismes neurologiques. En cette période de confinement, malgré les mesures qui font barrière à l’expérience de l’œuvre, Pierre Lemarquis explique pourquoi et comment le cerveau doit continuer à recevoir son content de musique et d’œuvres.
En tant que neurologue, particulièrement intéressé par le lien entre le cerveau et la musique, quelle ordonnance artistique prescrivez-vous dans une période de confinement qui exige de revoir ses habitudes et qui peut menacer notre équilibre ?
Pierre Lemarquis : « Don’t stop me now », du groupe Queen, présenterait les caractéristiques idéales, d’un point de vue scientifique : tempo rapide, à 150, et paroles lénifiantes, en majeur. Mais on peut, avec le même bénéfice neurologique, choisir d’écouter les ...
Lire la suite >>>Comment la Galerie Templon s’est-elle adaptée à cette période de confinement ?
Daniel Templon : Nous avons dû fermer nos espaces au public mais notre équipe est toujours mobilisée et l’activité de la galerie se maintient, essentiellement grâce au télétravail, à la fois à Paris et à Bruxelles. Pour contrer la fermeture précoce de nos expositions, nous avons lancé un site de visite virtuelle sur internet. Le public peut ainsi découvrir nos expositions de Norbert Bisky, Billie Zangewa et Jim Dine dans des conditions radicalement différentes, presque immersives, avec des images de très bonnes qualité, des vues de l’espace et des vidéos. Il suffit d’un clic pour découvrir tous les détails d’un tableau.
Quelle a été la réaction des collectionneurs et des amis de la Galerie Templon ?
Lire la suite >>>
AU TEMPS DU CORONAVIRUS, COMMUNIC'ART DONNE LA PAROLE À SES CLIENTS.
En cette période de confinement, quelles sont les actions que vous menez avec votre équipe pour poursuivre vos activités ?
Christian Berst : Nous travaillons à l’après, car il est vital de se projeter, d’anticiper. C’est l’occasion de préparer certaines actions de promotion de nos artistes que nous nous promettions de développer depuis trop longtemps. Cela passe aussi par la mise en ligne d’un nouveau site web, la refonte de notre identité et de nos publications…
En quoi est-ce important pour la Galerie Christian Berst de maintenir le lien avec votre communauté de collectionneurs d’Art brut et vos publics ?
CB : Comme les vestales, nous devons entretenir la flamme. Ce qui avait du sens dans nos interactions sociales ...
Lire la suite >>>Par Véronique Richebois
Toutes ses contributions >>>
Par FRANÇOIS BLANC
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Par FRANÇOIS BLANC
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