Son exposition personnelle au Centre Matmut pour les arts, en Normandie, a temporairement fermé ses portes en raison de la pandémie. Qu’importe, l’artiste qui se joue de la photo entretient un lien de complicité avec ses followers, via son compte Instagram. Une visibilité autonome, construite avec méthode, qui lui servira pour trouver une galerie.
Votre premier post sur Instagram date du 30 octobre 2015. Comment avez-vous deviné l’importance de ce réseau social, dans le monde de l’art ?
Sabine Pigalle : Je n’ai rien deviné du tout ! A l’époque, j’alimentais ma page Facebook, ouverte en 2008 et je ne voyais pas l’intérêt de migrer vers un autre réseau social.
Avant d’en prendre conscience, j’ai observé, j’ai tâtonné. Mes premiers posts parlaient surtout de la Normandie où je vis, de mes amis et des artistes que j’aime, et montraient assez peu mes œuvres.
Je ne m’y suis intéressée vraiment qu’à la mi-2018 sur les fructueux conseils de François Blanc, le fondateur de Communic’Art. Les gros comptes étaient déjà en place, mais au vu de l’identité visuelle de mon travail, il m’a assurée que j’avais les moyens de me distinguer.
Pour une artiste, à quels besoins spécifiques Instagram peut-il répondre ?
Sabine Pigalle : Un artiste a besoin de visibilité. N’étant pas défendue par une grosse galerie, je devais faire connaitre mon travail aux professionnels du monde de l’art par un autre biais.
Je n’avais pas d’autre choix que d’être active dans l’espace où se retrouvent critiques d’art, curateurs, responsables d’institutions, galeristes et collectionneurs.
François Blanc et son équipe ont structuré pendant six mois mon expression sur Instagram, m’ont soutenue et encouragée avec une telle conviction que j’ai été capable de me lancer ensuite en solitaire.
Depuis, ce canal a occasionné pour moi de nombreuses opportunités, tant sur le plan des ventes que de la visibilité médiatique car mon travail a été relayé souvent par la presse, j’ai aussi décroché des expositions en galeries, centres d’arts et une autre dans un musée pour 2021. Tout cela grâce à la magie d’Instagram !
Faut-il taguer pour réussir et pour atteindre 30 000 abonnés ?
Sabine Pigalle : J’avais cette chance de partager la notion de temporalité qu’Instagram a empruntée à l’album de famille et qui est l’une des veines de son succès, et se trouve être le cœur de mon travail.
Comme je cherchais une visibilité, sans sacrifier ma légitimité, j’ai choisi de laisser les gens venir à moi. Les hashtags créent des liens, mais seules les convergences réciproques et sincères sont utiles. #womanartist, ça a du sens ; #vermeer, #botticelli, c’est plutôt « bateau », mais #gagosian ou #danieltemplon dans mon cas, c’est sans objet.
Pendant des années, certains magazines ont communiqué sur le nombre d’exemplaires vendus, alors que quantité d’abonnés n’ouvraient pas le film plastique. Sur Insta, c’est le taux d’engagement qui compte.
Comment définissez-vous l’esprit de votre compte et de vos followers ?
Sabine Pigalle : J’essaie de m’en tenir à une ligne éditoriale, en variant de temps en temps les thèmes de mes recherches. Mon univers est onirique, et j’utilise l’actualité avec une dose d’humour. Tout au long du premier confinement, j’ai publié un journal intitulé My Corona Diary.
L’engouement pour mes aller-retour entre la peinture ancienne et la pandémie s’est propagé jusqu’en Corée et aux Etats-Unis. J’ai été repérée par plusieurs Art Adviser, et une célèbre actrice américaine a acheté la série complète de Corona Diary !
A l’inverse des artistes contemporains qui apprécient le logos propre à leur monde, vous échangez volontiers clap-cap, smiley, petits coeurs et lapins de toutes les couleurs. Au risque de gadgétiser votre travail…
Sabine Pigalle : D’une part, je suis un outsider, c’est ainsi. Je suis autodidacte, et j’ai conscience que mes œuvres sont considérées comme des « belles images » dans un milieu qui dénigre l’art rétinien.
Ni académique, ni branchée, j’ai fini par le revendiquer. Oscar Wilde disait : « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris». Je ne vais pas me fâcher si les gens s’exclament « c’est beau, c’est beau, c’est beau ».
D’autre part, chaque média a son langage qui lui est propre, on s’exprime sur Instagram avec un jargon qui n’est pas celui des galeries ou des livres. Un exemple parmi tant d’autres : Le compte de Laurent Grasso, un artiste très respecté dont j’adore le travail, est lui aussi rempli de commentaires qui prennent la forme de flamèches, d’explosions, de clap-clap etc … Les emoticons sont un matériau d’expression comme un autre, point n’est besoin d’être snob envers ce nouveau langage.
Je prends donc la peine de répondre aux commentaires sur le même ton, et parfois le dialogue qui se noue me permet d’expliquer que, derrière l’esthétique de mes œuvres, il y un propos sur la désacralisation du passé et des formes de l’art ancien.
De surcroït, quand je rédige des post trop sérieux, je perds une partie de ma complicité avec le public. Je cherche un juste milieu entre la légèreté d’un magazine et l’ambition d’une exposition.
Le temps que vous consacrez à Instagram vous permet-il vraiment de vendre ?
Sabine Pigalle : C’est très rentable ! A raison d’un post par jour, plus les échanges, la facturation et la logistique liée aux ventes et aux expéditions, j’estime que ma communication me mobilise le temps d’un à deux jours par semaine. Pendant le confinement, en participant à l’initiative solidaire #artistesupportpledge, j’ai vendu des centaines d’œuvres, et utilisé une partie des revenus pour acheter à mon tour à d’autres artistes qui avaient besoin de soutien.
Aujourd’hui Instagram est considéré comme un outil de vente de premier ordre, et j’en fais chaque jour l’expérience.
Même si je suis parfaitement autonome, cela ne m’empêche pas de rechercher une galerie qui comprenne, aime et défende mon travail. J’ai eu une bonne expérience avec la Galerie RX, jusqu’à ce qu’elle privilégie les artistes internationaux. Je conçois ma visibilité sur Instagram comme une amorce, qui me sert pour toucher, outre le grand public, des collectionneurs et des spécialistes du monde de l’art.
@sabinnepigalle
Avec sa mini-série « Merci de ne pas toucher », Arte sexualise les chefs d’œuvres de la peinture classique. Auteure et animatrice de ces programmes courts, la trentenaire Hortense Belhôte éveille le désir de Michel-Ange, Manet et Courbet pour faire avancer la cause des femmes, les droits des homosexuels et la connaissance des arts.
Un discours académique contrastant avec des images évoquant le sexe et l’homosexualité version queer, dans un format court, comment vous est venue l’idée de cette forme nouvelle pour un cours d’histoire de l’art ?
Hortense Belhôte : L’idée de la série est venue de mon parcours : j’ai étudié l’histoire de l’art à l’université en même temps que l’art dramatique dans un conservatoire, puis j’ai mené en parallèle une activité de prof et une activité de comédienne.
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Interview parue dans le Journal des Arts n° 560 du 05.02.21
Propos recueillis par Jean-Christophe Castelain
http://www.lejournaldesarts.fr
Quelle est la situation des institutions à l’égard des œuvres de Claude Lévêque qu’elles possèdent ou montrent ?
Sitôt parues les révélations du Monde, plusieurs journalistes se sont tournés vers les institutions qui détiennent des œuvres de Claude Lévêque en posant la question : qu’en est-il du devenir de ces œuvres ?
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Ce fonds, qui bénéficiera d’un soutien financier de 500 000 euros par an, initiera plusieurs actions pour financer, exposer et donner de la visibilité aux figures émergentes de l’art contemporain de demain.
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