Le groupe de promotion immobilière Emerige qui expose actuellement 11 jeunes artistes à Paris pour la 7ème édition de la bourse Révélation Emerige, a sanctuarisé son soutien en direction de la scène française et des publics jeunes. Directeur de la stratégie du groupe Emerige, président de l’association « 1 immeuble, 1 œuvre », Arthur Toscan du Plantier défend le sens d’un engagement social et esthétique au temps du coronavirus.
La 7ème édition de la bourse Révélation Emerige se tient presque comme d’habitude, avec onze artistes exposés à Paris. S’agit-il de démontrer qu’Emerige résiste, en dépit de la crise sanitaire et de son impact sur l’immobilier, tient ses engagements ?
Arthur Toscan du Plantier : Aux premiers jours du premier confinement, au mois de mars, il est apparu que les artistes allaient devoir reporter des projets ou y renoncer, tandis que les enfants en particulier défavorisés se retrouveraient cloitrés dans des appartements exigus.
Pour les uns comme pour les autres, Emerige a pris la décision de maintenir ses engagements, qui s’inscrivent dans le temps long.
Notre choix n’a pas été de communiquer sur notre générosité, mais de répondre à des besoins urgents et de rendre possible des projets devenus plus difficiles à monter dans un contexte de crise : qu’il s’agisse de la Résidence Croisée de Jérôme Grivel qui accueille des binômes d’artistes plasticiens et chorégraphes à Nice ou de la plateforme éditoriale digitale pilotée par Eric Mangion, Switch (on paper).
Cette année, dans des circonstances exceptionnelles, nous sommes très heureux que la 7ème édition de la Bourse révélations Emerige se tienne et que ce programme tremplin permette de mettre en valeur le travail de 11 artistes de la jeune scène française.
Seul le traditionnel vernissage a été rendu impossible à organiser. Pour le reste, la lauréate Louca Carlier aura bénéficié d’une aide équivalente à celle des artistes qui l’ont précédée, à savoir la mise à disposition d’un atelier pendant un an et une dotation de 15 000 € pour son exposition personnelle à venir au sein de la galerie d’Olivier Antoine Art : Concept.
1 immeuble = 1 œuvre, l’initiative de commande privée d’œuvres d’art contemporain pour l’espace public suffit-elle à distinguer Emerige des autres promoteurs immobilier ?
Arthur Toscan du Plantier : En décembre prochain, la publication d’un beau livre célébrera les 5 ans du programme « 1 immeuble, 1 œuvre ». Et collectivement, avec les 47 signataires de la Charte et le ministère de la culture, on peut être fier du chemin parcouru.
Plus de 300 œuvres ont été commandées à des artistes et installées dans des espaces de vie en commun, in situ ou ex situ. Depuis le début, et sous l’impulsion de Laurent Dumas, l’enjeu a été d’embarquer le plus grand nombre d’acteurs de l’immobilier pour ce programme d’intérêt clairement général puisqu’il s’agit à la fois de diffuser l’art au plus grand nombre et de soutenir la création et les artistes. Emerige ne cherche pas à s’approprier ce type d’opération, mais affirme ses valeurs, tout simplement.
Comme pour le « green washing » dans les années 2000, il est parfois tentant de communiquer sur ce que l’on prétend être. Pour éviter le « responsabilité washing », nous ne communiquons que sur le bilan de nos actions.
La vente aux enchères #protègetonsoignant, début avril 2020, initiée et soutenue par Emerige et son président Laurent Dumas, actionnaire de la maison de vente Piasa, a bénéficié d’une médiatisation intense !
Arthur Toscan du Plantier : Il faut rappeler le contexte : dans l’urgence, face à l’hécatombe qui s’annonçait, chacun voulait aider les soignants, la « première ligne », sans toujours savoir comment faire. Et à un instant T, il y a cette alchimie d’une rencontre entre une initiative et une volonté collective d’agir.
Cette vente caritative est une sorte de case study pour quiconque s’intéresse à la puissance que peut développer une communauté et le levier que sont les modes de communication en réseaux.
A partir de son répertoire de contacts, Laurent Dumas a mobilisé 1000 personnes via 4 boucles WhatsApp de 250 chacune. Artistes, collectionneurs, institutions et galeristes ont immédiatement répondu présents.
Et si la vente a rencontré un si grand succès (2,5 millions d’euros récoltés), c’est parce que la cause était juste et comprise, son initiateur identifié et légitime à agir et la générosité de cet écosystème prête à s’exprimer.
De manière plus générale, comment comptez-vous adapter le mécénat d’Emerige à la nouvelle donne économique et revoir la manière de le faire connaître ?
Arthur Toscan du Plantier : Le mécénat est un partage de la richesse créée par les entreprises. A moyen terme, eu égard à la situation, le Groupe sera nécessairement amené à avoir une approche plus sélective des demandes nouvelles et des sollicitations ponctuelles.
La raison principale est que nous avons annoncé que nos actions pluriannuelles de mécénat étaient sanctuarisées, en particulier celles qui ont trait à l’éducation artistique et culturelle et qui visent des jeunes issus de milieux défavorisés.
La crise oblige aussi à nous réinventer et à nous adapter. Alors que chaque année, nous emmenons plus de 5000 enfants pour « Une journée de vacances à Versailles », l’été dernier, le programme a dû être repensé et adapté aux contraintes sanitaires. Ce sont les médiateurs du Château de Versailles qui sont allés à la rencontre de plus de 2 000 enfants dans les centres de loisirs de plus 30 villes du Grand Paris.
Aux côtés du Château de Versailles, notre soutien aux actions d’éducation artistique et culturelle développées avec le Festival d’Automne, la Source de Gérard Garouste et le Collège de France, la politique de mécénat d’Emerige est structurée autour de l’engagement de « rassembler par la culture », ce qui la rend lisible et efficace auprès de nos parties-prenantes.
Hors du milieu de la culture, Le lien fort entre Emerige et l’art contemporain est-il toujours bien compris et bien accepté ?
Arthur Toscan du Plantier : Tout d’abord, notre engagement est inscrit dans la durée. Ensuite, il est partagé avec l’ensemble des 200 collaborateurs du Groupe au travers d’un programme intitulé « Tous à l’œuvre » construit autour de visites d’expositions et de rencontres avec les artistes.
Au-delà, nous nous distinguons par le soin que nous apportons à nos projets immobiliers, qu’il s’agisse de bureaux ou de logements et qui tous comportent une dimension artistique. En tant que fabricant de la ville, la création est au cœur du métier d’Emerige et se vit au quotidien avec les architectes, designers et artisans de talent auxquels nous faisons appel.
Après 5 ans passés chez le promoteur immobilier Emerige à développer les projets artistiques aux cotés de Laurent Dumas, Angélique Aubert rejoint le cabinet de conseil en recrutement m-O conseil, afin de développer un département dédié au recrutement dans le monde de la culture et lance une activité de conseil en projets culturels. Questions sur un parcours passion...
Longtemps vous avez mené des projets au sein de grandes entreprises. Quelle envie vous pousse à proposer aujourd’hui deux offres, l’une de recrutement culturel, l’autre de conseil pour collectionneur, mais à votre compte ?
Angélique Aubert : Mon fil rouge, c’est la diffusion de l’art. Aujourd’hui, un amateur d’art qui a envie d’acquérir quelques œuvres ne sait pas forcément comment s’y prendre. Pour entrer dans l’univers des galeries et des artistes contemporains, il faut un passeur.
Lire la suite >>>François Blanc fondateur de Communic'Art – devant "Marcel et Salvador", 2006, Jean-Michel Alberola
Journaliste art au Monde, Harry Bellet décrit d’une plume ironique et tendre le milieu de l’art contemporain. Il nous livre içi son expérience des rapports entre journaliste et communicants. Instructif autant qu’avisé.
Pour Art 360 by Communic’Art, le journaliste et écrivain explique comment la presse en général et le Monde en particulier tentent de rendre compte de la mondialisation du marché, en faisant bon usage des ressources de la communication.
A la différence de beaucoup de journalistes, vous n’affichez pas de mépris pour les gens de communication. Pourquoi cette mansuétude ?
Harry Bellet : D’abord parce que c’est un métier ingrat, il faut avoir vécu un voyage de presse pour s’en rendre compte. Balader des touristes, ce n’est pas drôle, des touristes français encore moins, et si c ...
Lire la suite >>>Sebastian Sachetti, chef du projet Pass Culture
Le processus d’élaboration du Pass Culture s’est voulu collaboratif sur un mode Start up d’Etat. Sébastian Sachetti, qui a conçu et organisé cette co-production, explique comment l’Etat a su mobiliser les futurs jeunes bénéficiaires et les professionnels de la culture. Et inventer les formes d’un nouveau service accessible pour 800 000 jeunes à partir de leurs 18 ans.
Au terme de quel parcours avez-vous été désigné pour imaginer les contours du Pass Culture ?
Sebastian Sachetti : Depuis la sortie de l’ENA, où j’étais inscrit comme élève étranger, j’ai alterné des postes dans le public et le privé, toujours dans le domaine culturel et avec une approche financière. Dans l'audiovisuel, notamment, au Brésil et en France, j’ai mené des négociations pour la production et la distribution de films. ...
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
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