L’ouverture du 73è Festival d’Avignon, le 4 juillet 2019, sera l’aboutissement de douze mois de labeur où tension artistique et communication efficace sont indissociables. La directrice de la communication et des relations avec le public démonte la mécanique d’horlogerie qui accompagne le plus important rendez-vous théâtral au monde.
140 000 spectateurs payants et gratuits, 600 journalistes accrédités, 23 % en presse étrangères, le Festival d’Avignon est le plus grand rendez-vous théâtral au monde. Comment s’organise la communication d’un tel événement concentré sur 20 jours dans l’année ?
Virginie de Crozé : La structure de base, pour la communication du Festival d’Avignon, c’est deux permanents à plein temps, un à mi-temps ! A partir du mois de mars, cependant, la préparation de la conférence de presse justifie le renfort de deux CDD et de quelques stagiaires.
Au-delà, nous faisons appel à un bureau de presse, pour nous renforcer. Sans oublier, bien sûr, les rédacteurs et les photographes, qui fournissent un contenu de qualité à notre site, le renfort des graphistes, ainsi le travail de captation vidéo de la compagnie des Indes.
Le Festival est une mécanique d’horlogerie et, lorsque je suis arrivée du théâtre de l’Odéon avec Olivier Py, nous avons décidé de maintenir l’architecture qui avait fait ses preuves. Ce qui ne nous empêche pas d’innover, bien sûr !
Comment articulez-vous la communication du Festival et celle des compagnies qui y participent ?
Virginie de Crozé : Pour les artistes et les compagnies qui se produisent au Festival d’Avignon, quelle que soit leur notoriété, se produire au Festival est une vitrine, un tremplin, une consécration, forcément un grand moment.
En confiance, ils acceptent donc d’harmoniser leur communication avec celle du Festival. Leur participation, par exemple, doit rester confidentielle jusqu’à la présentation officielle du programme.
Nous respectons un principe d’équité et d’égalité, avec une même surface de narration et de visibilité pour chaque artiste. La présentation est chronologique et chaque artiste bénéficie d’une page, qu’il s’agisse d’une troupe de 50 personnes ou d’une petite compagnie. Idem sur le site. Ensuite, pour les intégrer dans un fil rouge thématique et une cohérence de communication, nous les accompagnons sur les réseaux sociaux, les plate-formes et sur leur site propre.
Choisir les bons hashtags, veiller à la bonne rédaction de la fiche wikipédia qui sera consultée par les journalistes, offrir des images libres de droits qui les mettent en valeur, mieux vaut préparer tout cela en concertation.
Sans oublier de collaborer au site du Théâtre contemporain notamment pour mettre en valeur toutes les tournées suite à leur venue au Festival, c’est tellement important.
L’une des innovations de l’édition 2019, en matière de communication, c’est la suppression du guide du spectateur ! Ou plutôt son remplacement par une application...
Virginie de Crozé : Dès lors que nous développions une application dédiée au Festival, nous avons décidé de ne pas imprimer le guide papier, jusque-là édité à 30 000 exemplaires, dont les visiteurs s’emparaient un peu convulsivement. En revanche, le programme qui est notre bible est, comme par le passé, édité à 80 000 exemplaires. Il s’agit de l’une des traductions de notre engagement pour une communication durable et nous veillerons à en mesurer l’utilité pour le public.
A la différence du festival de Cannes, qui privilégie Instagram, vous n’en avez pas fait de ce réseau une priorité. Pourquoi ?
Virginie de Crozé : Pour ne pas verser dans le défilé de mode, l’image doit être associée à un contenu ce qui n’est pas le propre d’Instagram.
Nous voudrions développer notre capacité à générer plus de vidéos, avec un système de montage en temps réel, mais avec une ligne éditoriale : montrer que le Festival se prépare de longue main, par toute une ingénierie et avec les emplois à la clé, et qu’il se prolonge pour les troupes bien au-delà des 3 semaines et dans le monde entier à travers les tournées. Et aussi en souligner la convivialité.
Dans le cadre de la mission sociale et sociétale qu’il s’est fixé, comment le Festival communique-t-il à destination des plus défavorisés, des jeunes et des détenus ?
Virginie de Crozé : Dans les quartiers comme en prison, la meilleure des communications serait vaine si elle ne s’appuyait pas sur un travail de médiation. En l’espèce, c’est par l’éducation artistique et culturelle, par les associations ancrées dans les quartiers, que les jeunes et les moins jeunes découvrent qu’un texte peut bouleverser une vie.
Ainsi serait inutile de faire appel à un prestataire spécialisé et agréé pour filmer les représentations pour des détenus, par exemple, si la diffusion des vidéos sur le canal télé interne de la prison n’était pas articulée avec la présence physique d’Olivier Py.
Une belle vidéo partagée sur les réseaux sociaux peut donner l’idée de découvrir le théâtre, mais ne suffit pas à sauter le pas. Il faut qu’un humain prenne un autre humain par la main pour décomplexer la sortie de manière collective, d’abord, puis individuelle.
Festival d'Avignon 2019
Du jeudi 4 juillet
Au mardi 23 juillet
En pleine préparation de l’édition 2021, qui se tiendra du 8 au 11 avril, le directeur d’Art Paris se réjouit d’accueillir plusieurs galeries internationales d’importance. Profitant de l’attraction nouvelle de Paris, Guillaume Piens fait subtilement évoluer le positionnement de l’événement, en valorisant l’image de « foire régionale » tout en renouant avec la pointe avancée de l’art contemporain.
Selon vous, pourquoi Art Paris enregistre-t-elle l’inscription de galeries prestigieuses, qui snobaient votre foire ?
Guillaume Piens : Il y a eu tout d’abord le succès de l’édition de septembre 2020, qualifié d’«insolent » par le Journal des Arts. Nous avons montré qu’il était possible d’organiser une grande foire par temps de pandémie, en tenant contre vents et marées. Nous récoltons les fruits de cette ténacité et ...
Lire la suite >>>Son exposition personnelle au Centre Matmut pour les arts, en Normandie, a temporairement fermé ses portes en raison de la pandémie. Qu’importe, l’artiste qui se joue de la photo entretient un lien de complicité avec ses followers, via son compte Instagram. Une visibilité autonome, construite avec méthode, qui lui servira pour trouver une galerie.
Votre premier post sur Instagram date du 30 octobre 2015. Comment avez-vous deviné l’importance de ce réseau social, dans le monde de l’art ?
Sabine Pigalle : Je n’ai rien deviné du tout ! A l’époque, j’alimentais ma page Facebook, ouverte en 2008 et je ne voyais pas l’intérêt de migrer vers un autre réseau social.
Avant d’en prendre conscience, j’ai observé, j’ai tâtonné. Mes premiers posts parlaient surtout de la Normandie où je vis, de mes amis et des ...
Lire la suite >>>Pour sa première action de mécénat, la collectionneuse Sophie Javary a choisi une œuvre d’Agnès Thurnauer. En permettant l’installation des "Matrices/Chromatiques" au musée de l’Orangerie, pour dix ans, elle offre une visibilité à une femme artiste et, au public, une réflexion contemporaine sur le langage.
En pleine crise sanitaire et économique, vous venez de financer une importante pièce d’Agnès Thurnauer pour le musée de l’Orangerie. Quel déclic a fait, de la collectionneuse que vous étiez, une mécène ?
Sophie Javary : Le goût de l’art contemporain m’est venue, adolescente, lors de stages de poterie au chateau de Ratilly. Grâce aux époux Pierlot, qui organisaient des expositions dans ce château bourguignon du 13ème siècle, j’ai découvert Genevieve Asse, Viera da silva. Calder. Arpad Szenes.
Lire la suite >>>Depuis 20 ans, les œuvres de Philippe Pastor affichent, comme une obsession, la responsabilité individuelle de chaque homme dans la destruction de la nature. Série après série, ses toiles, sculptures et installations empruntent au vivant pour appeler à la prise de conscience.
Son esthétique est un outil au service d’une cause universelle. Paradoxalement, le sentiment d’intemporalité créé par l’artiste monégasque est un signal d’urgence, un appel à l’action.
Vous êtes autodidacte et avez commencé votre pratique artistique sur le tard. Quel est l’élément marquant qui vous a poussé à peindre ?
PHILIPPE PASTOR : Un jour, j’ai décidé de changer mes habitudes et mes fréquentations, de vivre dans d’autres lieux pour mener une autre vie. Alors la peinture est venue, d’elle-même.
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
Toutes ses contributions >>>