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Depuis la double explosion du Port de Beyrouth, la rédaction de l’Orient-Le Jour, plus vieux quotidien libanais, est en pointe pour lutter contre les fake news. Son directeur exécutif explique aussi pourquoi, refusant de commenter simplement la carence de l’État tenu par les chefs de guerre, le journal francophone œuvre pour accélérer la réforme des institutions.
Le journal joue un rôle moteur dans l’appel « Ensemble, reconstruisons Beyrouth ». Quelle est l’ambition de cette initiative ?
Michel Helou : L’explosion du 4 août nous oblige à remettre en cause nos habitudes, parce qu’il intervient dans un contexte politique lui-même explosif sur fond de crise économique. Tout en assumant notre rôle de média, nous allons au-delà, parce qu’il n’y a pas d’autre voie que d’agir à la place de ceux qui ne sont pas en train d’agir.
En association avec une jeune ONG libanaise, Impact Lebanon, nous avons déjà levé plus de 100 000 dollars, à l’étranger et au Liban. Cet argent sera distribué à six ONG actives sur le terrain et contrôlées par une agence de vetting, 3QA.
Certaines agissent pour la reconstruction des habitations, d’autres pour apporter de la nourriture ou une aide médicale. L’ambition de l’Orient-Le Jour rejoint celle de la majorité des Libanais : reprendre le contrôle de nos vies, pour enfin rebâtir un pays, ensemble.
Immédiatement après les explosions du 4 août à Beyrouth, l’Orient-Le Jour s’est voulu au service des Libanais et de la vérité. Quel a été le rôle du journal face à l’urgence?
Michel Helou : Notre mission, c’est informer. Dans les heures qui ont suivi le choc, toute la rédaction a été mobilisée pour raconter et expliquer. Certains habitants étaient persuadés que l’explosion avaient eu lieu en bas de chez eux, d’autres avaient vu un avion israélien et affirmaient qu’il s’agissait d’une attaque.
Notre métier, sur le web aussi, consiste à dire ce qui est, ce qui n’est pas, ce que l’on sait et aussi ce qu’on ne sait pas. Face aux fake news, et malgré l’explosion vite réparée de notre serveur, nous avons drainé un trafic cinq fois plus important que la moyenne.
Et puisque la carence de l’État affecte aussi la communication, nous avons décidé de partager nos informations gratuitement. L’Orient-Le jour assume ainsi une mission de service public.
Comment l’écriture et la culture par l’Orient-Le Jour peuvent être utilisées comme armes de construction massive ?
Michel Helou : Le journalisme n’est pas notre seule arme de construction. Il s’agit aussi de s’appuyer sur le formidable élan culturel, si propre à Beyrouth et au monde libanais, pour faire revivre notre peuple, pour façonner son identité, son génie, et pour lui donner de l’espoir.
Il suffit de voir comment la création culturelle a foisonné durant ces dernières années – malgré l’absence totale de soutien public – et comment elle a porté l’élan populaire depuis octobre dernier, pour comprendre son importance politique.
Mais la Culture et les mots ne suffisent pas. Imagine-t-on quelle serait la situation politique sans journaliste, sans créateur ? Si l’information était inutile, les investigateurs ne feraient pas l’objet de menaces judiciaires et d’intimidation physiques...
Au-delà de la tragédie, du contexte politique et économique cauchemardesque, comment définissez-vous l’identité historique de l’Orient-Le Jour dans un pays fragmenté ?
Michel Helou : L’Orient-Le Jour, fusion de deux titres historiquement liés à la constitution du Liban, est un monument de l’Histoire libanaise. Depuis l’indépendance en 1946, il s’est affirmé comme un journal francophone qui défend l’intégrité de la nation libanaise.
Cette position qui se veut centrale, indépendante des appartenances communautaires et religieuses, a dicté notre ligne dans la période récente : remettre en cause un système politique qui ne tient que par la peur suscitée par les chefs de guerre accrochés à leurs intérêts privés.
Après l’explosion, comme avant, l’Orient-Le Jour est aux côtés des libanais qui réclament, à corps et à cri, une réforme profonde et transparente des institutions politiques.
C’est cette vérité qui nous manque aujourd’hui, dans l’enquête sur les explosions du 4 août comme dans de nombreux sujets sensibles. Par ailleurs, au-delà de l’information, l’opinion est un élément central de notre travail : qui peut concevoir l’écriture d’un nouveau pacte national sans débat d’idées ?
Quelle stratégie technologique et éditoriale avez-vous mise en œuvre pour augmenter audience et influence à l’heure du numérique et des réseaux sociaux ?
lLe site de l’Orient-Le Jour a été lancé en 1997, comme un outil essentiel pour toucher la diaspora libanaise, qui constitue une part essentielle de notre lectorat traditionnel. Le numérique est un défi permanent, parce que les supports évoluent sans cesse, et les pratiques aussi.
Nous avons d’emblée fait le choix du payant et cherchons en permanence comment monétiser l’audience de manière à protéger notre indépendance. Rien n’est jamais acquis, mais notre audience a été multipliée par 10, au bas mot, depuis les années 2 000, grâce à l’accès à la diaspora et aux lecteurs à l’étranger, qui constituent près de 80% de notre audience aujourd’hui.
Au cours des deux dernières années, le nombre d’abonnés payant a doublé, avec un appoint de jeunes lecteurs. Combien de journaux francophones peuvent en dire autant ?
Pour s’abonner à l’Orient-Le Jour
https://www.lorientlejour.com/boutique/
Pour s’engager
https://www.lorientlejour.com/article/1228364/-ensemble-reconstruisons-beyrouth-lorient-le-jour-sengage-aux-cotes-dimpact-lebanon.html
Pour donner
https://www.lorientlejour.com/boutique?action=impact_donate
Directeur de la communication et de la RSE au Palais de Tokyo
«Le Palais de Tokyo est une institution qui donne la parole aux artistes en les exposant»
Dès son arrivée en 2020 à la direction de la communication du Palais de Tokyo, Mathieu Boncour a élargi son périmètre d’action à la Responsabilité Sociétale des entreprises (RSE).
Sans langue de bois, il explique en quoi ce choix constitue un axe clef de la communication de l’institution, le travail accompli mais aussi les difficultés pour faire la pédagogie des actions concrètes accomplies au quotidien.
Quels étaient les principaux challenges en termes de communication à relever à votre arrivée au Palais de Tokyo, notamment dans le contexte de la réouverture après le premier confinement ?
Mathieu Boncour : Mon premier défi était assez évident. Je suis arrivé le 15 juin 2020. C'était le jour de la réouverture du Palais de Tokyo après le premier confinement.
Lire la suite >>>Fondateur de Communic'Art
Restitution des œuvres d’art : « Il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle »
Pour une gouvernance mondiale des œuvres d’art et dépasser le dilemme des restitutions, il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle.
Le débat sur la restitution des œuvres d’art, cristallisé par le rapport Sarr-Savoy en 2018, reste marqué par des positions extrêmes : d’un côté, la revendication de restitutions massives au nom des spoliations coloniales ; de l’autre, la défense rigide des collections occidentales comme trésors universels.
Face à cette impasse, il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle, fondée sur le partage et la coopération internationale.
Lire la suite >>>Directeur de l’ENSBA
"Les diplômés des beaux-arts sont utiles hors du champ de l’art… y compris dans les entreprises."
Pour renforcer l’attractivité de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts à Paris, le nouveau directeur encourage les enseignements non artistiques. Avec la participation financière d’entreprises privées, il a également intégré de nouveaux modules de formation centrés sur les questions de société les plus brulantes.
Après une succession de crises, l’Ecole Nationale des Beaux-Arts vit un certain calme. Comment mesurez-vous l’amélioration de l’image de l’école, auprès des étudiants et futurs étudiants ?
Jean de Loisy : Les étudiants, les enseignements et la pratique de l’atelier sont la priorité absolue de l’école. Il n’est plus un seul espace qui ne soit à leur disposition, y compris le musée et le centre d’art.
Lire la suite >>>Olfactive profiler
"Personnalité, identité... Le parfum communique des émotions"
Cette passionnée de parfum, qui a collaboré avec les plus grandes marques, présente à Paris chez PHILLIPS, le projet PROFILE BY : six œuvres olfactives créées par six artistes bien connus des collectionneurs, Adel Abdessemed, Daniel Firman, Ori Gersht, Hubert Le Gall, Pablo Reinoso et Joana Vasconcelos.
Diane Thalheimer-Krief analyse ici l’intérêt croissant pour l’odorat, un sens négligé dans la culture occidentale rationaliste.
Tout au long de votre parcours, vous avez marié parfum et communication. Quel lien faites-vous entre ces deux univers ?
Diane Thalheimer-Krief : Le parfum coule dans mes veines, une passion depuis mon adolescence… Au-delà de la chimie, j’y trouve une magie. « Styles de femmes, styles de parfums » a été mon sujet de fin d’études au CELSA.
Lire la suite >>>Par Véronique Richebois
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Par FRANÇOIS BLANC
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