
Anne Chepeau, Radio France / © Christophe Abramowitz
Anne Chepeau, Radio France / © Christophe Abramowitz
Depuis près de 30 ans, Anne Chepeau est à l’antenne de France info. Férue de culture, elle tente de concilier ses goûts personnels avec la mission de service publique d’une radio qui touche 4,5 millions d’auditeurs. S’il lui arrive de garder pour elle certains de ses coups de cœur, notamment dans le domaine de l’art contemporain, c’est que le travail de médiation est souvent négligé par les communicants.
Au sein de la rédaction d’une grande radio, vous avez la responsabilité de rendre compte d’événements qui se donnent à voir. Est-ce une sinécure ou une punition ?
Anne Chépeau : Depuis que je suis entrée à France info en avril 1989, comme présentatrice et reporter, j’ai toujours cherché à transmettre mon goût pour l’art. J’ai d’abord tenu une chronique musicale, sur le jazz. Parler musique, à la radio, je vous accorde que c’est plus évident ! Mais, très vite, j’ai aussi eu envie de traiter du spectacle vivant et du patrimoine. Puis, petit à petit, des arts visuels, y compris l’art contemporain.
Depuis 2014, je rends compte de l’actualité culturelle au sens large, avec le double objectif de faire comprendre et de donner envie. L’absence d’images, en soi, n’est pas un problème. En revanche, dans un média d’information continue, la politique ou l’économie prennent souvent le pas sur l’actualité culturelle.
Pour traiter d’un sujet à l’antenne, je dois justifier de son intérêt et proposer d’emblée une manière d’éveiller la curiosité des auditeurs pour les inciter à aller voir ce que je leur donne à entendre. La chance de France info, c’est d’être un média de masse. La principale difficulté de notre tâche, c’est aussi d’être un média de masse.
Le zapping en radio est moins systématique qu’en télé et, a priori, l’auditeur de France info comme de toute radio est captif. Quand vous choisissez vos sujets, à quel public pensez-vous ?
Anne Chépeau : Un média généraliste comme France info a l’obligation permanente, systématique, d’être accessible à tous. Nous touchons 4,5 millions d’auditeurs ! Je m’adresse donc, a priori, à des personnes qui ne savent rien des lieux ou des œuvres que je veux leur faire découvrir et apprécier. Avec la difficulté particulière de débouler sans prévenir, dans un flux, juste après une information sur un conflit lointain et avant la météo.
Dans le laps de temps imparti à la culture, il faut d’abord capter l’attention, puis rendre le sujet assez intelligible pour donner envie d’aller voir. Même si notre auditoire est urbain et spontanément attentif aux choses de la culture, il faut trouver les mots justes. Il en va de notre mission de service public.
Compte tenu de cette politique éditoriale, l’art contemporain est presqu’un intrus, condamnée à la portion congrue...
Anne Chépeau : Lorsque le Petit palais annonce une exposition sur les impressionnistes à Londres, la couverture par France info ne pose pas de question de principe.
Pour la programmation du Palais de Tokyo, en revanche, j’ai besoin de pouvoir mettre en avant une personnalité. J’ai ainsi couvert la performance d’Abraham Poincheval s’enfermant pour couver des œufs, mais pas l’exposition de Camille Henrot, malgré l’engouement du monde de l’art pour cette artiste qui assume son élitisme.
Mon métier, c’est de faire des choix. Aux rencontres photographiques d’Arles, cet été, après deux journée de visite, j’ai retenu l’expo Depardon, celle de Matthieu Ricard accrochée dans une immense halle en bambous, celle sur la scène turque contemporaine et le projet de Christophe Loiseau avec des détenus de la maison centrale d’Arles.
Ces choix sont liés au positionnement éditorial de France Info qui privilégie notamment les sujets pouvant être reliés à l’actualité, c’était le cas par exemple cet été pour la Turquie.
Est-ce qu’un mail bien rédigé ou un dossier de presse bien ficelé peut vous aider à « vendre » à la conférence de rédaction une expo a priori hors format pour France info ?
Anne Chépeau : Le communicant, lorsqu’il maitrise son sujet, joue un rôle utile d’alerte. Pour sélectionner les manifestations qui peuvent m’intéresser, je lis les mails, j’ouvre les dossiers de presse. La relance peut jouer aussi, mais à la marge. Ce qui prime, toutefois, c’est l’accessibilité des œuvres. A tous les sens du terme.
Accessibilité géographique et intellectuelle ?
Anne Chépeau : Dans le champ artistique, en particulier, le risque est grand de partir très vite, très loin et de s’éloigner du public. En effet, même s’il y a sans doute des collectionneurs parmi nos auditeurs, prêts à sauter dans un avion pour découvrir une œuvre digne d’intérêt, je ne dois pas oublier tous les autres, en quête de culture de proximité.
Récemment, en dehors de l’hexagone, j’ai exceptionnellement chroniqué une rétrospective Soulages à la fondation Gianadda parce que la Suisse est frontalière ou encore l’inauguration du Louvre Abu Dhabi, évènement culturel incontournable, mais on ne couvre pas une foire à Shanghai ou une exposition à New York.
Je porte la même attention à l’intelligibilité des œuvres. Par exemple, à la Fiac, je m’oriente vers les œuvres les plus visuelles, qui me semblent les plus parlantes. Pour aller vers l’abstrait, je dois pouvoir m’appuyer sur des artistes ou des commissaires d’exposition qui assument le rôle de médiateur. Hélas, sans caricaturer, je constate que tous ne sont pas prêts à sortir de leur monde.
Le monde de l’art contemporain se distingue encore par son élitisme ?
Anne Chépeau : Au risque de généraliser, il arrive qu’au micro, mes interlocuteurs tiennent des discours plus abscons encore que les cartels.
A mon sens, les communicants devraient commencer par aider les professionnels de la culture à s’adresser aux visiteurs. Lorsque ce travail pédagogique est réalisé en amont, la communication est grandement simplifiée, pour un média de masse comme France info !
Les lunettes intelligentes Google Glass vont s’inviter dans la visite « augmentée » des musées.
Le projet Google Glass est un programme de recherche et développement lancé en 2014 par Google. Les Google Glass sont des lunettes affichant des informations issues d’Internet en surimpression de la vue classique (principe de la réalité augmentée).
Il n’en fallait pas plus pour que le monde des musées s’intéresse à ce projet alors même que la technologie des Google Glass est toujours en phase d’expérimentation.
Selon l’entreprise GuidiGo spécialisée dans les audio-guides et applications touristiques et muséales, ces lunettes d’un nouveau genre permettraient aux visiteurs d’avoir accès à plus de contenu en étant face à une œuvre.
Il serait dès lors possible de voir des détails que nous n’aurions pas remarqués ou tout simplement de zoomer sur l’œuvre pour en découvrir les moindres ...
Dire sans être vu : quand la communication révolutionne le monde de l’art.
Un article publié sur le site Gallerist du New York Observer il y a quelque temps avait attiré notre attention. Celui-ci souligne l'importance grandissante des relations presse dans le monde de l'art.
Il fut un temps où l'on n'y pensait pas. Puis où l'on osait pas. Maintenant, la question ne concerne plus la nécessité mais le choix de la stratégie de relations presse à adopter. La bonne communication n’est pas aussi visible qu’on le penserait, c’est une arme furtive. Elle est partout et nulle part à la fois. Elle doit s’immiscer dans les moindres recoins, être omniprésente tout en sachant se faire discrète.
Lire la suite >>>Groupon propose aux musées d'avoir recours au Yield management
Groupon.fr est un site de e-commerce basé sur le concept d'achat groupé. En d'autres termes, des personnes font groupe pour obtenir une remise substantielle sur un produit. Faire appel à ce site assure pour les annonceurs, ici les musées, un trafic important vers leurs produits et services.
C’est le cas du Museum Kunstpalast de Düsseldorf qui a eu recours à Groupon.fr pour augmenter la fréquentation de son établissement, en offrant un rabais important sur les prix d’entrée pendant les heures creuses.
D’après un sondage mentionné dans un article de l’Association of Science-Technology Centers (ASTC), les visiteurs attirés par l’offre de Groupon sont des personnes qui n’ont pas visité de musée depuis trois ans. Cette méthode réussi à élargir la clientèle en éliminant une barrière pour les non-initiés. Le public qui ne fréquente pas ou ...
Lire la suite >>>Les Trois Grâces de Lucas Chranach.
Le financement participatif (crowdfunding) est un outil marketing d’un nouveau genre. Ce mécanisme permet de récolter des fonds, généralement des petits montants, auprès d’un large public en vue de financer un projet créatif (musique, édition, film, etc.) ou entrepreneurial. En soumettant son idée sur une plateforme spécialisée, l’entrepreneur teste son projet: constitution d’une communauté de prescripteurs, tendances…
Le Louvre a créé une plateforme de financement participatif : « Tous mécènes. » Désireux de sensibiliser le grand public au don en ligne, le plus grand musée du monde s’est fixé comme objectif la levée d’un million d’euros en trois mois pour l’acquisition des « Trois Grâces » du peintre Lucas Chranach.
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
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Par FRANÇOIS BLANC
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