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Anaïs de Senneville est depuis 2015, en charge de la programmation au sein de la Société des Amis du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Pour fidéliser les membres de l’association, distinguer cette dernière de ses nombreuses homologues parisiennes, et séduire les mécènes indispensables à son activité, il lui faut mettre en oeuvre une communication équilibrée.
Le diner annuel reste l’événement le plus visible des sociétés d’amis. Comment distinguer le diner du MAM des autres événements comparables à Paris et dans le monde ?
Anaïs de Senneville : Nous avons créé en 2008 notre premier dîner de gala pour soutenir le musée. Il se tient tous les ans, la veille du vernissage de la FIAC.
C’est un événement incontournable car il rassemble une grande partie des acteurs du monde de l’art, aussi bien français qu’internationaux, venus à Paris pour cette semaine. Je dirais, qu’il se distingue donc par son côté établi, business et très international.
Chaque année les bénéfices du dîner permettent d’offrir une œuvre importante au Musée. Pour n’en citer que quelques-unes, nous pouvons penser aux œuvres de Christopher Wool, Albert Oehlen, Tacita Dean, Peter Doig, Philippe Parreno, Loris Gréaud ou encore Emilio Vedova, qui entre dans notre collection cette année.
Quelles initiatives spécifiques, en termes de communication, avez-vous mises en œuvre pour fidéliser les membres de l’association et distinguer cette dernière de ses nombreuses concurrentes parisiennes ?
Anaïs de Senneville : Les Amis du Musée d’Art Moderne de Paris offrent une programmation très riche et des parcours en lien avec la société d’aujourd’hui ; c’est un outil formidable pour accueillir de nouveaux mécènes, mais également pour enrichir nos partenariats.
Le programme que nous proposons à nos Amis est un programme exclusif qui permet de découvrir dans des conditions exceptionnelles de nouvelles expositions, des ateliers d’artistes star ou en émergence, des centres d’art et des galeries, des collections privées ; à la fois à Paris, en France et à l’étranger.
L’initiative la plus récente concerne la refonte du site Internet des Amis du Musée, qui nous permettra de communiquer de façon plus personnalisée avec nos mécènes et de leur proposer des programmes en lien avec leurs centres d’intérêt.
En parallèle, nous avons commencé à développer un programme Petits Amis avec des activités spécifiques destinées aux 0-18 ans. Avec les plus jeunes, nous valorisons le programme Éveil, qui propose une visite ludique de certaines œuvres et des travaux pratiques leur permettant d’exprimer leur créativité.
Pour les adolescents, nous proposons un programme de visites enrichies d’une certaine pédagogie de l’art et des artistes. Ils ont le droit à un accompagnant de leur choix soit un membre de leur famille, soit leur nounou, un proche, un ami. L'idée est que l'enfant est celui qui invite au musée, ainsi la carte de membre est à son nom.
Je crois beaucoup en ce développement car nous souhaitons proposer à nos membres, pour beaucoup ayant des enfants et petits-enfants dans leur entourage, d'offrir un cadeau qui a du sens, qui est à la fois philanthrope, responsable et qui se partage. C'est aussi une façon de transmettre une passion, une culture et une éducation aux générations à venir.
Enfin, nous avons simplifié le nom de notre association. Nous sommes désormais la Société des Amis du MAM.
Les besoins financiers des musées semblent de plus en plus importants et la chasse aux mécènes est plus que jamais stratégique. Une société d’amis doit-elle communiquer de manière autonome afin d’assumer la fonction de fundraising ou au contraire en laisser la responsabilité exclusive à l’administration du musée ?
Anaïs de Senneville : Les Société d’Amis sont avant tout des structures qui œuvrent à soutenir les musées, aussi bien dans leur rayonnement local, national et international, que financièrement (acquisitions d’œuvres et rénovation du bâtiment au MAM).
Légalement ce sont des associations de loi 1901 à but non lucratif. Bien qu’elles soient au service du musée, elles sont indépendantes dans leurs fonctionnements et décisions.
Nous nous appuyons sur l’expertise des conservateurs, sur la vision du directeur, et sur le professionnalisme de tous les services du musée pour proposer à des particuliers de soutenir le musée en adhérant à notre programme et en profitant de nos contreparties. D'autre part, le musée a un service mécénat et privatisation qui lui est propre. Nos activités sont complémentaires.
Avec la baisse des fonds publics et l’accroissement des besoins des musées, les Sociétés d’Amis doivent faire preuve d’encore plus de réactivité et de créativité.
Une communication séparée de celle du musée me semble donc essentielle. Multiplier les canaux de communication pour être le plus visible possible ne peut à priori être que bénéfique au musée.
La tentation est grande, pour des amis, de peser sur les achats et sur le programme des expositions. Selon vous, est-il judicieux de laisser parfois se confondre les messages du Musée et ceux des Amis ?
Anaïs de Senneville : Notre but est de soutenir le musée et nous tenons pour cela à créer un climat de confiance avec les conservateurs et le directeur du musée. C’est aussi pour cela que nous avons une communication spécifique.
Le soutien du secteur privé est essentiel aujourd’hui pour le développement des musées et je dirais même pour le maintien dans un bon état de ces derniers. Mais il ne faut jamais oublier que nous sommes un service support et que nous ne devons en aucun cas entraver l’indépendance et la vision du musée qui a la grande tâche de la conservation, de la valorisation et de la transmission des savoirs et de la culture. Cela demande donc de savoir doser et sans cesse de chercher le juste équilibre.
Notre rôle est pivot pour répondre aux souhaits et attentes de chaque partie (les mécènes et le musée) que nous essayons de faire se concilier au mieux, toujours en gardant en tête la vision et la perspective du musée.
Une communication séparée permet donc de bien identifier les particularités de chacun et de réfléchir ensemble aux intérêts et projets communs.
CLAUDIA FERRAZZI, FONDATRICE DE VIARTE
"Pour innover face à l’incertitude, les dirigeants ont besoin aussi d’émotions artistiques"
Claudia Ferrazzi, ex-conseillère chargée de la culture et des médias au cabinet d’Emmanuel Macron a créé Viarte pour sortir les managers d’un certain conformisme. Viarte, conseil, invite à s’inspirer de l’art pour diriger autrement.
A travers le mécénat, notamment, les entreprises ont pris l’habitude d’instrumentaliser l'art à des fins de communication. La proposition de Viarte se veut très différente. En quoi consiste- t-elle ?
Claudia Ferrazzi : Le problème est que nos modèles de formation, de recrutement, de carrière des dirigeants et d’organisation des entreprises se fondent essentiellement sur des compétences centrées sur la technicité.
Les entreprises savent que l’innovation accroît leur valeur réputationnelle et économique mais la réalité les contraint souvent à adopter une vision à court terme, ...
Lire la suite >>>Responsable du département de création contemporaine au Centre Pompidou, Christine Macel a participé aux efforts pour garder le contact avec le public confiné. Alors que le calendrier de réouverture est encore flou, elle explicite les impératifs sanitaires et financiers de la révision du programme d’expositions. Et livre cette intuition : « les expositions à chaud en réaction au coronavirus, je n’y crois pas ».
Quels outils de communication ont été efficaces pour prolonger virtuellement la vie des expositions en cours au Centre Pompidou?
Lire la suite >>>JEANNE MOREL, DANSEUSE EN MILIEU CONFINÉ
"Le spectacle est-il déplacé dans ces conditions dramatiques ?"
Artiste en apesanteur, Jeanne Morel marie la danse au travail des scientifiques du Centre national d’études spatiales et du CNRS. Par les mouvements de son corps, expression d’émotions universelles, elle initie un dialogue : ses performances dansées sur son balcon pendant le confinement, filmées et diffusées sur les réseaux sociaux, ont trouvé un nouveau public.
Vous travaillez depuis 4 ans en apesanteur avec diverses agences spatiales. Qu’est ce qu’une danseuse apporte à un astronaute ?
Jeanne Morel : Avec des formations différentes, l’astronaute et l’artiste sont des explorateurs. Nous cherchons, sans savoir exactement ce que l’on va trouver ni quand on va trouver. En apesanteur, je dois apprendre à danser autrement. Apprendre à tout réapprendre, avec conscience et humilité.
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MARIE-ANNE FERRY-FALL, DIRECTRICE DE L’ADAGP
"Il faut d’abord faire entendre la voix des auteurs !"© Caroline Bleux, Agence Big Shot
Parce qu’elle collecte et répartit les droits d’auteur depuis 1953, l’Adagp, Association de défense des auteurs dans les arts graphiques et plastiques, est en capacité d’observer en direct les effets économiques de la pandémie.
Face à une « crise à 360° », sa directrice a choisi une communication digitale offensive, en gardant l’espoir de renouer bientôt avec les échanges simples et directs.
D’un point de vue économique, la période est triplement éprouvante pour les artistes et les auteurs : projets chamboulés, vaches maigres annoncées… et déclaration fiscale à renseigner. À l’annonce du confinement, quel a été le message prioritaire de l’ADAGP et quel a été le moyen le plus efficace pour le communiquer ?
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
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