Collectionneur depuis 35 ans, Claude Bonnin a pris cette année la présidence de l'Association pour la diffusion internationale de l'art français (ADIAF). Pour cet ancien responsable de Saint-Gobain, éclectique dans ses goûts, l’animation d’une communauté d’adhérents engagés permettra d’amplifier l’impact du prix Marcel-Duchamp.
Votre accession à la direction de l’ADIAF marque une étape importante dans votre parcours de collectionneur. Vous-même, comment envisagez-vous le nouveau chapitre qui s’ouvre pour l’ADIAF sans Gilles Fuchs, son fondateur ?
Claude Bonnin : Le projet de l’ADIAF, fondé en 1994, demeure pertinent : faire connaître et apprécier les artistes français à l’international.
Le prix Marcel-Duchamp, qui fête ses 20 ans, est bien connu par toute une génération de collectionneurs, de marchands et d’institutions qui, dans le monde entier, s’intéressent à la scène française.
À ce jour, nous avons mis en lumière par leur nomination suivie d’expositions dans le monde, plus de 90 artistes contemporains de notre scène hexagonale, qu’il s’agisse d’artistes français ou d’artistes étrangers travaillant en France.
Ceci étant dit, de la même façon que j’ai voulu à titre personnel élargir toujours le champ de mes connaissances et de ma modeste collection, je souhaite que nous suivions de près la génération montante des jeunes artistes, qui seront potentiellement nominés des futurs prix Marcel-Duchamp.
À nous de les toucher avec les outils de communication d’aujourd’hui. C’est ce que fait ADIAF Emergence, programme dédié à la scène émergente créé et animé avec talent par un collectionneur motivé, Ronan Grossiat. C’est un exemple à suivre.
L’ADIAF a revu son site internet et initié une présence sur Instagram. Comment mesurez-vous l’impact de ces outils ?
Claude Bonnin : L’ADIAF est sur la bonne voie. Notre nouveau site est plus convivial, plus proche de nos membres avec la création d’un espace dédié, et aussi plus international puisque bilingue.
Dans la période que nous vivons, c’est important, mais l’annulation des foires, les expositions reportées ou inaccessibles se prêtent mal aux échanges et aux rencontres ! Or, c’est au hasard des voyages que nous recrutions les nouveaux membres, qui ne sont pas insensibles aux contreparties que nous offrons.
Pour marquer notre dynamisme, nous avons multiplié les visites virtuelles d’atelier d’artistes et de collectifs, à raison de deux par semaine environ. Via Instagram, nous faisons vivre aussi notre communauté. Mais je suis conscient qu’avec 6 500 abonnés et un flux d’information restreint, notre association a un potentiel de progression.
Vos moyens sont limités, alors comment pensez-vous atteindre vos cibles ?
Claude Bonnin : Nous maintenons un haut niveau d’exigence éthique pour le choix des adhérents, qui doivent signer notre code déontologique, comme des mécènes, et nous voulons développer un dialogue continu avec les personnes qui influencent les mouvements de la scène artistique.
À nous de faire connaître les grands noms et les talents émergents qui ne manquent pas. Puisque nous n’avons pas la puissance de Ricard ou d’Emerige, nous devons travailler notre expertise.
En tant que collectionneur, j’ai approfondi mes connaissances grâce à certains galeristes. En tant qu’association de collectionneurs, nous devons donner envie de connaître et de suivre la création française. Les moyens viendront d’autant plus facilement que nous formulons des projets, avec un choix de médias adaptés à notre ambition d’influence et de rajeunissement.
Je regrette par exemple que nous n’ayons pas réussi à partager plus largement le succès de l’exposition Haute tension, organisée par l’ADIAF au Red Brick Art Museum de Pékin.
Parmi nos 380 membres, beaucoup utilisent les différents supports de communication numérique dans leur activité professionnelle ; à moi de capter leurs idées au profit de l’ADIAF et de les mettre en œuvre.
Des accusations publiques récentes de sexisme et même de racisme ont terni l’image de l’ADIAF, qui n’était pas forcément armée pour gérer une communication de crise. Votre nouveau code déontologique vous protège-t-il contre des répliques ?
Claude Bonnin : Certains de nos membres ne respectaient pas l’éthique qui faisait l’objet d’un engagement tacite minimal. Ils ont été écartés et, désormais, le respect d’un code déontologique s’impose à chacun de nous, proscrivant explicitement les comportements déplacés et les conflits d’intérêt.
Reste à gérer la question des réseaux sociaux. L’ADIAF veut rester ouverte et encourage le débat libre entre ses adhérents. Pour chacun, il faut rappeler l’importance d’être responsable et mesuré dans ses prises de parole.
Et si certaines opinions contredisent nos valeurs, il n’est pas question d’attendre leur médiatisation pour engager des procédures d’exclusion. Liberté et responsabilité : ce n’est peut-être pas très moderne, mais qu’a-t-on inventé de mieux pour partager notre passion de l’art ?
Les lunettes intelligentes Google Glass vont s’inviter dans la visite « augmentée » des musées.
Le projet Google Glass est un programme de recherche et développement lancé en 2014 par Google. Les Google Glass sont des lunettes affichant des informations issues d’Internet en surimpression de la vue classique (principe de la réalité augmentée).
Il n’en fallait pas plus pour que le monde des musées s’intéresse à ce projet alors même que la technologie des Google Glass est toujours en phase d’expérimentation.
Selon l’entreprise GuidiGo spécialisée dans les audio-guides et applications touristiques et muséales, ces lunettes d’un nouveau genre permettraient aux visiteurs d’avoir accès à plus de contenu en étant face à une œuvre.
Il serait dès lors possible de voir des détails que nous n’aurions pas remarqués ou tout simplement de zoomer sur l’œuvre pour en découvrir les moindres ...
Dire sans être vu : quand la communication révolutionne le monde de l’art.
Un article publié sur le site Gallerist du New York Observer il y a quelque temps avait attiré notre attention. Celui-ci souligne l'importance grandissante des relations presse dans le monde de l'art.
Il fut un temps où l'on n'y pensait pas. Puis où l'on osait pas. Maintenant, la question ne concerne plus la nécessité mais le choix de la stratégie de relations presse à adopter. La bonne communication n’est pas aussi visible qu’on le penserait, c’est une arme furtive. Elle est partout et nulle part à la fois. Elle doit s’immiscer dans les moindres recoins, être omniprésente tout en sachant se faire discrète.
Lire la suite >>>Groupon propose aux musées d'avoir recours au Yield management
Groupon.fr est un site de e-commerce basé sur le concept d'achat groupé. En d'autres termes, des personnes font groupe pour obtenir une remise substantielle sur un produit. Faire appel à ce site assure pour les annonceurs, ici les musées, un trafic important vers leurs produits et services.
C’est le cas du Museum Kunstpalast de Düsseldorf qui a eu recours à Groupon.fr pour augmenter la fréquentation de son établissement, en offrant un rabais important sur les prix d’entrée pendant les heures creuses.
D’après un sondage mentionné dans un article de l’Association of Science-Technology Centers (ASTC), les visiteurs attirés par l’offre de Groupon sont des personnes qui n’ont pas visité de musée depuis trois ans. Cette méthode réussi à élargir la clientèle en éliminant une barrière pour les non-initiés. Le public qui ne fréquente pas ou ...
Lire la suite >>>Les Trois Grâces de Lucas Chranach.
Le financement participatif (crowdfunding) est un outil marketing d’un nouveau genre. Ce mécanisme permet de récolter des fonds, généralement des petits montants, auprès d’un large public en vue de financer un projet créatif (musique, édition, film, etc.) ou entrepreneurial. En soumettant son idée sur une plateforme spécialisée, l’entrepreneur teste son projet: constitution d’une communauté de prescripteurs, tendances…
Le Louvre a créé une plateforme de financement participatif : « Tous mécènes. » Désireux de sensibiliser le grand public au don en ligne, le plus grand musée du monde s’est fixé comme objectif la levée d’un million d’euros en trois mois pour l’acquisition des « Trois Grâces » du peintre Lucas Chranach.
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
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Par RAPHAËL TURCAT
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