© Blandine Soulage
© Blandine Soulage
Danseuse et chorégraphe, Dominique Hervieu fait corps, avec la même passion, avec ses fonctions de directrice de la maison de la Danse. Jusqu’au détail des questions de billeterie, rien ne lui échappe. La communication n’est pas un gros mot pour celle qui s’est fixé le défi de faire découvrir toutes les danses à tous les publics.
En prenant à Lyon les commandes de la Maison de la Danse, en 2011, vous affichiez l’ambition de désenclaver cette discipline, à tous les sens du terme. Quels critères permettent de mesurer les progrès accomplis ?
Dominique Hervieu : Pour une institution culturelle soumise à une éthique de service public, comme pour un artiste qui souhaite partager sa sensibilité, mieux vaut savoir à qui l’on s’adresse.
Compte tenu de notre implantation dans un quartier parmi les plus pauvres de l’agglomération lyonnaise, nous voulions nous ouvrir sur le monde sans négliger l’ancrage local. Avec 19 pays représentés en 2018, démonstration est faite qu’il n’y a pas de blocage pour venir du bout du monde danser dans le quartier Mermoz.
Quant à la jeunesse du 8ème arrondissement, nous faisons tout pour que la maison de toute les danses soit précisément celle de tous les publics.
Comment toucher des jeunes qui s’informent sans la presse et se promènent dans la ville avec les yeux sur l’écran de leur portable plutôt qu’à l’affut des affiches ?
Dominique Hervieu : Il a fallu trouver un substitut à la communication d’avant, qui passait par l’école, l’affichage ou la presse régionale. Vulgariser n’est pas un gros mot. Et la mobilisation des moyens d’aujourd’hui permet de susciter le désir en présentant des contenus sur l’art chorégraphique de manière qualitative avec une dimension ludique, conviviale.
Pour aller chercher le public où il est, nous avons engagé dès 2011 un travail numérique de long terme. Réalisateur de films de danse, Charles Picq a créé, avec numéridanse.tv, un « YouTube » de la danse. Gratuit et éditorialisé, il fédère les productions de la maison de la Danse, mais aussi celles d’institutions comme Montpellier Danse et Chaillot et de chorégraphes comme Carolyn Carlson.
La troisième version, avec moteur de recherche par lieu, date, thème, ainsi que des playslists et des parcours pédagogiques en fait un outil consulté, non seulement par les professeurs, mais aussi par les 500 000 personnes qui consultent le site en moyenne 5 minutes par visite
Autre format vidéo : La Minute du spectateur, que je présente comme le faisait Frédéric Taddéï dans D’art D’art !, est à la disposition de chaque spectateur sur son smartphone. Il en existe aujourd’hui 130 programmes de ce format court, consultables sur notre site, mais également à la disposition des instituts français, des festivals...
Pour cibler les différents publics, vous ne vous contentez pas d’alimenter les réseaux sociaux. En pratique, comment entretenez-vous le lien entre la Maison de la Danse et ses fidèles ?
Dominique Hervieu : Est-ce parce que nous sommes une institution culturelle publique, avec un taux de remplissage de 92%, que nous devrions négliger les outils CRM ? Pour optimiser notre relation avec les clients, nous utilisons SecuTix, la Rolls Royce de la billetterie ainsi que les réseaux sociaux qui nous permettent d’adapter notre communication en fonction des publics et de leur profil.
Nouveaux venus ou habitués, jeunes ou séniors, seuls ou en famille : ces informations nous permettent de cibler, avec l’objectif constant de renouveler notre public. La diminution volontaire de la part d’abonnés, de 80 à 50%, exige un travail continu, mais c’est le signe positif d’un renouvellement !
A ce chapitre, la politique de tarification est essentielle : la proposition d’abonnement pour les moins de 30 ans (à 48 € pour 4 pièces), aide beaucoup. Tout comme les offres famille ou parents/enfants, qui permettent d’accueillir chaque année 33 000 jeunes spectateurs (de 6 à 13 euros).
Appliqué à la danse, nouer le lien social, c’est inciter à migrer du ballet au hip-hop, ou initier un aficionado du flamenco à l’esthétique du répertoire. Ce rêve est-il possible ?
Dominique Hervieu : Le ballet fait partie de l’histoire de notre art. Il doit être accessible, à Lyon comme à Paris, car c’est en admirant la maîtrise technique des russes sur le Lac des cygnes que l’on peut saisir l’art de notre temps. Pour un spectacle de tango ou pour une œuvre de Dimitris Papaioannou, le seul critère, c’est la qualité des œuvres.
L’éventail est ouvert, pas d’exclusion esthétique ! En revanche, pour les danses du monde, la création contemporaine ou des spectacles dits populaires, il faut juger de la dramaturgie, de la force du langage et son inscription dans l’histoire de la danse, par l’intérêt d’un travail conceptuel par rapport aux enjeux actuels de la création.
Entre une œuvre contemporaine qui manque de cohérence artistique et une œuvre populaire inventive dans sa composition, je n’hésite pas, car la porosité des publics se conçoit dans les deux sens. Si l’on invite le public à progresser dans le discernement artistique, il ira de lui-même de Gisèle à Dave Saint-Pierre.
http://www.maisondeladanse.com
Claudia Ferrazzi, ex-conseillère chargée de la culture et des médias au cabinet d’Emmanuel Macron a créé Viarte pour sortir les managers d’un certain conformisme. Viarte, conseil, invite à s’inspirer de l’art pour diriger autrement.
A travers le mécénat, notamment, les entreprises ont pris l’habitude d’instrumentaliser l'art à des fins de communication. La proposition de Viarte se veut très différente. En quoi consiste- t-elle ?
Claudia Ferrazzi : Le problème est que nos modèles de formation, de recrutement, de carrière des dirigeants et d’organisation des entreprises se fondent essentiellement sur des compétences centrées sur la technicité.
Les entreprises savent que l’innovation accroît leur valeur réputationnelle et économique mais la réalité les contraint souvent à adopter une vision à court terme, ...
Lire la suite >>>Responsable du département de création contemporaine au Centre Pompidou, Christine Macel a participé aux efforts pour garder le contact avec le public confiné. Alors que le calendrier de réouverture est encore flou, elle explicite les impératifs sanitaires et financiers de la révision du programme d’expositions. Et livre cette intuition : « les expositions à chaud en réaction au coronavirus, je n’y crois pas ».
Quels outils de communication ont été efficaces pour prolonger virtuellement la vie des expositions en cours au Centre Pompidou?
Lire la suite >>>Artiste en apesanteur, Jeanne Morel marie la danse au travail des scientifiques du Centre national d’études spatiales et du CNRS. Par les mouvements de son corps, expression d’émotions universelles, elle initie un dialogue : ses performances dansées sur son balcon pendant le confinement, filmées et diffusées sur les réseaux sociaux, ont trouvé un nouveau public.
Vous travaillez depuis 4 ans en apesanteur avec diverses agences spatiales. Qu’est ce qu’une danseuse apporte à un astronaute ?
Jeanne Morel : Avec des formations différentes, l’astronaute et l’artiste sont des explorateurs. Nous cherchons, sans savoir exactement ce que l’on va trouver ni quand on va trouver. En apesanteur, je dois apprendre à danser autrement. Apprendre à tout réapprendre, avec conscience et humilité.
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Parce qu’elle collecte et répartit les droits d’auteur depuis 1953, l’Adagp, Association de défense des auteurs dans les arts graphiques et plastiques, est en capacité d’observer en direct les effets économiques de la pandémie.
Face à une « crise à 360° », sa directrice a choisi une communication digitale offensive, en gardant l’espoir de renouer bientôt avec les échanges simples et directs.
D’un point de vue économique, la période est triplement éprouvante pour les artistes et les auteurs : projets chamboulés, vaches maigres annoncées… et déclaration fiscale à renseigner. À l’annonce du confinement, quel a été le message prioritaire de l’ADAGP et quel a été le moyen le plus efficace pour le communiquer ?
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
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