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PIERRE LEMARQUIS, NEUROLOGUE "Le cerveau réclame d’être caressé, c’est la fonction de la musique et de l’art"
Arts
Daniel Bernard | 14.04.2020 | 18:52


Daniel Bernard
Journaliste
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L’empathie esthétique, autrement dit l’amour de l’art, répond à des mécanismes neurologiques. En cette période de confinement, malgré les mesures qui font barrière à l’expérience de l’œuvre, Pierre Lemarquis explique pourquoi et comment le cerveau doit continuer à recevoir son content de musique et d’œuvres.

 

En tant que neurologue, particulièrement intéressé par le lien entre le cerveau et la musique, quelle ordonnance artistique prescrivez-vous dans une période de confinement qui exige de revoir ses habitudes et qui peut menacer notre équilibre ?

Pierre Lemarquis : « Don’t stop me now », du groupe Queen, présenterait les caractéristiques idéales, d’un point de vue scientifique : tempo rapide, à 150, et paroles lénifiantes, en majeur. Mais on peut, avec le même bénéfice neurologique, choisir d’écouter les Beatles et Mozart.

On trouvera également réconfort et sécurité en admirant les œuvres de Vinci, Michel-Ange Van Gogh et tant d’autres. Ou en regardant la filmographie de Paolo Sorrentino, du film « la Grande Belleza » ou la série « the New Pope » qui mêlent avec talent esthétisme et comédie.

 

Les musées sont fermés, tout comme les cinémas et les salles de concert. Qu’est-ce qui nous manquerait à vivre sans musique et sans art ? 

Pierre Lemarquis : La recherche scientifique confirme l’intuition de Nietzsche, lorsqu’il affirme que "sans la musique la vie serait une erreur". Notre cerveau est double, avec une partie dédiée à Apollon et l’autre, à Dionysos.

La première, qui pourrait à la limite être remplacée par un ordinateur, nous aide à rester en vie en fonction des informations reçues et des souvenirs acquis.

L'autre partie, non moins essentielle, nous donne tout simplement envie de vivre. Ce cerveau du plaisir et de la récompense réclame d’être caressé —c’est la fonction de la musique et, plus généralement, de l'art.

 

Quelles sont les mécaniques neurologiques à l’œuvre, lorsque nous sommes confrontés à la musique ?

Pierre Lemarquis : Le lobe temporal, tout d’abord, décrypte les sons, puis aussitôt, c’est la partie antérieure du cerveau qui entre en jeu. La fonction de ce lobe dit frontal est d'agir sur le monde, en fonction des informations recueillies. Il est aussi responsable de la mémoire à court terme, essentielle pour la réception de la musique.

Pour ressentir du plaisir en écoutant de la musique, il faut se souvenir de la musique entendue et ainsi anticiper sur la suite du morceau. Si l’accord prévu survient, le cerveau produit une sensation de sécurité —avec toutefois un risque d’ennui à la longue.

A l’inverse, un accord imprévu éveille et stimule mais répété peut produire du stress. Les berceuses maternelles ou les chansons avec refrain/ couplets peuvent ainsi s’analyser par des cycles tension / résolution ou répétition / différence qui sont universels.

 

Selon vous, même si vous ne bougez pas, « votre cerveau chante et danse sur la musique entendue ». Que voulez-vous dire ?

Pierre Lemarquis : Le cerveau humain a une spécificité que l’on n’observe chez aucun autre être vivant : la musique met en route des circuits moteurs, nous sommes faits pour chanter et danser (en général).

Si les mouvements sont impossibles —pas question de se dandiner à Pleyel ou à l’Opéra— ou encore lorsque l’on se contente d’imaginer une musique en silence, des neurones parfois appelés « miroirs » s’activent et c’est notre cerveau qui chante et danse ! Et ce, sans traduction externe notable, si ce n’est par exemple le chantonnement incoercible de Glenn Gould au piano...

Ces neurones sont connectés aux circuits du plaisir et de la récompense qui sécrètent de la dopamine, neuromédiateur impliqué dans la joie de vivre et les mouvements, de la sérotonine anti-dépressive, des endorphines réduisant la douleur et à effet euphorisant de la morphine, de l’ocytocine impliquée dans l'attachement....

L’adrénaline tonifiante se trouve aussi augmentée par de la musique vive, forte et rapide, et diminuée si la musique douce. Ce système permet l’empathie esthétique, le ressenti de l’intérieur, l’incarnation de la musique (ou d’une œuvre d’art) dans notre cerveau.

 

Observez-vous les mêmes effets avec un tableau, un dessin, une sculpture ou une photo, dans un musée ou sur le mur de son salon ?

Pierre Lemarquis : Avec les arts visuels, l’activation initiale concerne la zone postérieure du cerveau (lobe occipital), qui décrypte les informations visuelles (forme, couleurs...). Ensuite, une zone proche qui détecte les informations "biologiques" s’active lorsqu’il s’agit d’art figuratif : dans le cas de la Joconde, notre cerveau réagit comme si nous rencontrions de Mona Lisa en chair et en os.

Pour l'art non figuratif, notre cerveau reproduit les gestes de l'artiste, les coups de cutter dans une toile de Fontana, par exemple. A mesure que nous revoyons une même œuvre, le phénomène évolue : accrochée sur le mur de notre salon, l’objet se charge d’une dimension d’intimité —  après le coup de foudre initial c’est l’attachement qui s’installe et vous devenez un peu l’œuvre avec laquelle vous vivez, qui vous transforme à son image (et vice-versa).

 

Le contact par écran interposé —ou dans le cas de la musique, via une enceinte ou un casque— est-il semblable, dans son effet, au contact direct ?

Pierre Lemarquis : En art, comme dans une relation humaine, beaucoup de messages peuvent être décodés sans nécessairement parvenir à la conscience. Ce qui circule entre vous et l'œuvre, voilà l’essentiel et cela constitue l'essence même de la vie. Dans cette période de confinement tout particulièrement, on aimerait que cet « entre » soit préservé par les écrans, mais ce n’est malheureusement pas le cas ! Le cerveau reçoit bien les informations, mais de manière atténuée comme dans une communication à distance (ou en cas de distanciation sociale !). Il faut alors compter sur votre imagination et vos souvenirs pour que de nouvelles histoires amoureuses éclosent, pour qu’un nouveau Décaméron surgisse du confinement, comme pendant la peste noire à Florence vers 1350.

 

A lire : L'empathie esthétique (2015),
Portrait du cerveau en artiste (2014),
Sérénade pour un cerveau musicien (2013).

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Comment concilier art et lumière ? Des artistes imaginent des lampes pour Philips.
Arts | Design | Institutions
GEORGES BAUR | 13 Novembre 2013 | 11:11

André, JonOne et ZEVS sont les trois artistes ayant collaborés avec Philips pour une série de luminaires.


GEORGES BAUR
Directeur artistique
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Inspirée par le monde du design, la collection Nick-Knack est née de la volonté de Philips d’offrir, à partir d’un luminaire à l’allure épurée, de multiples et surprenantes possibilités d’éclairage et d’esthétisme.

Les designers de Philips ont puisé leur inspiration de l’univers de la danse et de Mondrian, pour créer les luminaires haut de gamme Nick-Knack. Si l’artiste a marqué l’art abstrait par ses lignes droites et ses couleurs primaires, la série Nick-Knack vient s'inscrire dans un environnement résolument minimaliste, créatif et urbain, à la croisée de l’art et du design.

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Quelle stratégie pour le mécénat d'entreprise ? L’exemple des Galeries Lafayette.
Arts | Design | Mécénat
MÉLANIE MONFORTE | 08 Novembre 2013 | 11:11

Déjà mécène d'importantes manifestations culturelles, le groupe Galeries Lafayette a récemment annoncé la création d'un fondation à même d'accroitre encore son rayon d'action dans les arts et la culture.


MÉLANIE MONFORTE
Chargée de communication
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Acteur majeur du mécénat culturel en France, le groupe Galeries Lafayette s’engage régulièrement dans l’organisation et la promotion d’événement culturel de grande envergure.

La récente participation à la grande exposition « Dynamo : Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013 » tenue l’été dernier au Grand Palais, est un bon exemple de cet engagement en faveur de la création contemporaine dans les domaines de l’art, de la mode et du design. 

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Lady Gaga est-elle devenue la Vénus de l'art contemporain ?
Arts | Médias
MARIE DUFFOUR | 07 Novembre 2013 | 03:11

Fruit de l'imagination de Jeff Koons, la pochette de l'album ARTPOPde Lady Gaga ose le rapprochement avec Botticelli.


MARIE DUFFOUR
Chief of press office
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Après sa participation à des performances filmées dans le cadre d’une campagne visant à financer le projet de l’Institut Marina Abramovic, Lady Gaga confirme sa qualité de muse des plus grands artistes contemporains.

Celle que l’on surnomme Mother Monster a récemment annoncé, parallèlement à la sortie de son album ARTPOP, la tenue d’un événement intitulé « artRAVE », qui présentera les fruits d’une collaboration entre la chanteuse et les artistes Jeff Koons, Inez & Vinoodh, Robert Wilson et Abramovic à nouveau. Le 5 octobre dernier, Lady Gaga dévoila sur Twitter des images évoquant La Naissance de Vénus de Sandro Botticelli, montrant bien que l’obsession de Koons pour Vénus avait déteint sur elle.

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Qui sont donc les Paper Dolls ? La fondation Pierre Bergé – YSL lève le voile.
Design | Médias
PASCALE GUERRE | 05 Novembre 2013 | 05:11

Les Paper Dolls d'Yves Saint Laurent : Ivy et son ensemble de jour "Gallun", Vera et son manteau de cocktail "Pierre de Lune" et Suzy et sa robe du soir "Lise" dans la "Maison de Couture" des archives du site de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.


PASCALE GUERRE
Directrice d’édition
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C'est avec la volonté de partager avec le plus grand nombre l'oeuvre d'Yves Saint Laurent que la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent a décidé de rendre accessible ses archives sur son site au fur et à mesure de leur numérisation.

Depuis le 17 juin dernier, il est possible d’apprécier le thème Paper Doll, qui ne compte pas moins de onze poupées de papier dont certaines à l'effigie des mannequins de l'époque et leur propre garde-robe. 443 vêtements  et 105 accessoires ainsi que sept patrons et programmes de collections réalisés par Yves Saint Laurent, avant ses débuts chez Christian Dior, entre 1953 et 1955. 

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