Artiste en apesanteur, Jeanne Morel marie la danse au travail des scientifiques du Centre national d’études spatiales et du CNRS. Par les mouvements de son corps, expression d’émotions universelles, elle initie un dialogue : ses performances dansées sur son balcon pendant le confinement, filmées et diffusées sur les réseaux sociaux, ont trouvé un nouveau public.
Vous travaillez depuis 4 ans en apesanteur avec diverses agences spatiales. Qu’est ce qu’une danseuse apporte à un astronaute ?
Jeanne Morel : Avec des formations différentes, l’astronaute et l’artiste sont des explorateurs. Nous cherchons, sans savoir exactement ce que l’on va trouver ni quand on va trouver. En apesanteur, je dois apprendre à danser autrement. Apprendre à tout réapprendre, avec conscience et humilité.
Lauréats d’un appel d’offre ambitieux votre rôle qui consiste à danser en apesanteur a-t-il une finalité artistique propre ?
Jeanne Morel : Je travaille avec le CNES depuis 2016. Paul Marlier , mon complice et compagnon, et moi avons d’abord été lauréats d’un appel d’offre ambitieux, en lien avec notre travail en milieu extrême. Il s’agissait “d’envoyer un artiste en apesanteur”. Depuis, nous développons des projets art-science main dans la main avec des scientifiques, astronautes et ingénieurs issus des différentes agences européennes et dirigeons l’entreprise ART IN SPACE. Avec Paul, , nous créons en apesanteur, en haute altitude et en milieu sous-marin : je danse et nous sondons le corps et l’espace de ces nouveaux territoires, avec respect. Paul enregistre mes données biométriques pour en faire des œuvres génératives. Ces informations numérisées, générées par la danse, sont ensuite utilisées pour des œuvres numériques, performatives ou cinématographiques. Nous travaillons à lier l’espace et les Hommes avec le parrain de nos travaux, l’astronaute Jean-François Clervoy.
Vous vous définissez comme « hybride ». Quel est le sens de votre pratique artistique ?
Jeanne Morel : Je viens du cirque, c’est ma source, ma première formation avec le cirque Plume. Dans ma pratique de performance d’aujourd’hui, toutefois, on trouvera aussi bien l’empreinte de la danse classique que la science, ainsi que mes souvenirs des classes préparatoires littéraires. Ensuite j’utilise le corps comme un outil. Avec Paul, je le lie à la science et la technologie afin de créer des œuvres où l’homme et la machine ne seraient plus des ennemis. J’écris avec mon corps, la danse a toujours été mon langage, plus simple que les mots. Nos travaux nous mènent au-delà de la beauté du geste et nous communiquons l’émotion de l’instant à un public nécessairement éloigné.
Pendant le confinement à 20 heures, vos voisins parisiens ont découvert la drôle de danseuse que vous êtes, depuis votre balcon, et sur les réseaux sociaux. Et vous qu’avez-vous appris pendant ce confinement ?
Jeanne Morel : J’ai découvert que l’art est plus nécessaire que jamais. Il accompagne. J’ai admiré des œuvres généreuses, impressionnantes faites, souvent, par des artistes « non-professionnels ». J’ai surtout vu que lorsque ce système se met en pause, les humains osent créer. Nous sommes tous des artistes en puissance, nous avons tous été des enfants. J’ai commencé par envoyer des vidéos à mon père médecin dans l’Est, pour le soutenir dans ce moment difficile. Comme j’utilisais le garde corps du balcon du 35m2 où j’habite en guise de barre, mes voisins m’ont demandé de leur envoyer des images et c’est d’abord par images interposées, avec distance, que nous avons partagé nos arts. Puis je me suis lancée, un soir à 20 heures. D’abord et avant tout parce, avec ou sans scène, avec ou sans public, j’ai besoin de danser et parce que c’est le moyen dont je dispose pour accompagner les autres. Grâce à cette danse du confinement, j’ai redécouvert à quel point la danse m’est indispensable. Dépourvu de toute monétisation, de toute compétition, sans décor, nous retrouvons un art primaire. Nos gros projets s’arrêtent, pas notre besoin de créer. Qu’il faut trouver le moyen de partager, avec générosité.
Les réseaux sociaux au-delà d’être des zones de dénigrement et de mauvais esprit, sont donc des outils de communication utiles...
Jeanne Morel : Avec Paul Marlier, nous sommes au long court préoccupés de faire partager des expériences extrêmes, dans des espaces inspirants, à un public qui ne les partage pas « en vrai ». Sans le support de l’industrie de la Culture, je suis revenue à la création première, celle des enfants, celle que Peter Handke évoque dans le poème qui sert de trame aux Ailes du désir de Wim Wenders. Au 6ème étage à 20h, j’ai ressenti un trac énorme. Est-ce que ce spectacle était déplacé dans ces conditions dramatiques ? J’ai choisi d’offrir une parenthèse. Pas pour divertir, sans nier la peur de la mort, mais plutôt pour transmettre de l’espoir, avec une certaine gravité. J’ai reçu de nombreux messages de gens qui m’ont avoué qu’ils ne connaissaient ni le théâtre, ni l’opéra et m’ont dit : « Je croyais que je n’aimais pas la danse ». Nous expérimentons une forme de démocratisation de l’art. C’est ce qui se passe en temps de crise. Cet échange avec les gens à travers les réseaux sociaux, c’était le contraire de l’espionnite ou de la perversité. C’est un support d’échanges, un échange précieux lorsque beaucoup souffrent de solitude. Sans doute prennent-ils tout leur sens aujourd’hui.
Avez-vous au moins reçu des contacts pour d’éventuels spectacles ?
Jeanne Morel : Ce n’est pas mon but et j’ai beaucoup à faire avec mes projets. Pour la suite, il faudra reprendre en n’oubliant pas ces instants intenses, gratuits, sincères. Puis il faudra se battre pour nos droits, en tant qu’artiste, pour un new deal de la Culture, c’est essentiel et je ne l’oublie pas. La gratuité ici n’empêchera pas de se battre, dans un second temps.
http://www.cnes-observatoire.net/actualites/actu2/118_jeanne-morel/jeanne-morel-en-impesanteur.html
Avec sa mini-série « Merci de ne pas toucher », Arte sexualise les chefs d’œuvres de la peinture classique. Auteure et animatrice de ces programmes courts, la trentenaire Hortense Belhôte éveille le désir de Michel-Ange, Manet et Courbet pour faire avancer la cause des femmes, les droits des homosexuels et la connaissance des arts.
Un discours académique contrastant avec des images évoquant le sexe et l’homosexualité version queer, dans un format court, comment vous est venue l’idée de cette forme nouvelle pour un cours d’histoire de l’art ?
Hortense Belhôte : L’idée de la série est venue de mon parcours : j’ai étudié l’histoire de l’art à l’université en même temps que l’art dramatique dans un conservatoire, puis j’ai mené en parallèle une activité de prof et une activité de comédienne.
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Interview parue dans le Journal des Arts n° 560 du 05.02.21
Propos recueillis par Jean-Christophe Castelain
http://www.lejournaldesarts.fr
Quelle est la situation des institutions à l’égard des œuvres de Claude Lévêque qu’elles possèdent ou montrent ?
Sitôt parues les révélations du Monde, plusieurs journalistes se sont tournés vers les institutions qui détiennent des œuvres de Claude Lévêque en posant la question : qu’en est-il du devenir de ces œuvres ?
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Une trentaine d’artistes par an seront accompagnés afin de promouvoir à l’international la nouvelle scène artistique française.
Ce fonds, qui bénéficiera d’un soutien financier de 500 000 euros par an, initiera plusieurs actions pour financer, exposer et donner de la visibilité aux figures émergentes de l’art contemporain de demain.
Vous annoncez le lancement d’un fonds de dotation en soutien à la jeune création contemporaine et la diversité artistique. Dans votre parcours d’homme de communication et de collectionneur, comment avez-vous été confronté à cette urgence ? ...
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À quelques semaines de votre prise de fonction, comment abordez-vous l’animation combinée d’une école des beaux-arts, d’un centre d’art et d’un lieu d’exposition, les trois entités du MO.CO. à Montpellier ?
Numa Hambursin : Mon mandat débute le 1er juillet, mais je suis déjà au travail. Le MO.CO. est une jeune institution, fragilisée par la pandémie, comme toutes les institutions culturelles.
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