Cettre tribune est parue dans Le Monde le 28 septembre 2024.
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Pour une gouvernance mondiale des œuvres d’art et dépasser le dilemme des restitutions
Le débat sur la restitution des œuvres d’art, cristallisé par le rapport Sarr-Savoy en 2018, reste marqué par des positions extrêmes : d’un côté, la revendication de restitutions massives au nom des spoliations coloniales ; de l’autre, la défense rigide des collections occidentales comme trésors universels. Face à cette impasse, il est urgent de réinventer une nouvelle forme de gouvernance culturelle, fondée sur le partage et la coopération internationale.
Le dilemme est complexe. D’un côté, la demande de restitution repose sur des arguments éthiques et historiques indéniables. Les objets d’art pillés ou acquis dans des conditions douteuses sont les témoins d’un passé de domination coloniale qui, pour beaucoup de pays, représente encore une plaie ouverte. Cela a conduit à la restitution, en 2020, de vingt-six objets d’art au Bénin et d’un sabre historique au Sénégal, première étape d’un mouvement plus large.
Mais, d’un autre côté, le maintien de certaines œuvres dans les grandes institutions occidentales a permis une mise en lumière de cultures souvent méconnues. Les musées occidentaux, comme le British Museum, à Londres, ou le Musée du quai Branly, à Paris, ont offert à ces objets une visibilité mondiale, permettant ainsi de tisser des liens entre les cultures et de sensibiliser des millions de visiteurs à l’héritage culturel des peuples colonisés.
Face à ce dilemme, faut-il choisir entre restituer toutes les œuvres ou les conserver au nom de l’universalité de l’art ? Nous croyons qu’une solution alternative existe : celle de musées devenant des ambassadeurs du patrimoine mondial.
Une gouvernance mondiale pour dépasser les tensions coloniales
Plutôt que de déplacer les objets, l’idée serait de mondialiser la gouvernance des musées qui les abritent. Sous l’égide d’organisations comme l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), une gestion internationale des œuvres d’art pourrait voir le jour, impliquant les pays d’origine dans les décisions concernant ces trésors culturels. Les musées deviendraient ainsi des ambassadeurs non plus d’un patrimoine national, mais d’un patrimoine mondial partagé par tous.
Cette idée n’est pas totalement nouvelle. Depuis 1972, la notion de « patrimoine mondial de l’humanité » a été consacrée par l’Unesco, qui gère un vaste réseau de biens culturels et naturels inscrits au Patrimoine mondial. L’enjeu, aujourd’hui, serait d’étendre cette gouvernance à des objets d’art conservés dans des collections publiques internationales.
Un héritage complexe et un débat ancien
Le débat sur les spoliations n’est pas nouveau. Dès l’Antiquité, les pillages de biens culturels étaient courants, des Wisigoths aux Romains en passant par Napoléon, qui s’appropria de nombreuses œuvres d’art lors de ses conquêtes. Plus récemment, l’ambition démesurée d’Adolf Hitler de créer un musée à sa botte fit de l’Europe un terrain de chasse aux œuvres d’art. Ce débat ne se limite donc pas aux seules spoliations coloniales, mais s’inscrit dans une longue histoire de transferts forcés de patrimoine.
Pourtant, toutes les revendications ne sont pas égales. Faut-il restituer chaque œuvre réclamée ? Quid des pays autrefois colonisés par l’Empire ottoman ou l’Empire chinois ? Une approche radicale de la restitution risquerait de fragmenter les collections mondiales et de limiter l’accès à des trésors universels qui appartiennent à l’humanité dans son ensemble.
Le danger est de réduire les musées à des vitrines nationales, où ne seraient exposées que des œuvres strictement locales, excluant toute vision d’universalité.
Des musées pour l’humanité entière
Face à ces questions complexes, il est possible de trouver une voie médiane. Les musées, au lieu de devenir des champs de bataille idéologiques, pourraient devenir des espaces de partage et de coopération internationale. Une gouvernance partagée permettrait de sanctuariser les collections, en reconnaissant leur importance culturelle pour les pays d’origine tout en les inscrivant dans un réseau mondial.
Les musées seraient ainsi dirigés par des équipes internationales, en collaboration avec les pays d’origine, et gérés comme un patrimoine commun. Ils pourraient prêter régulièrement des œuvres aux pays demandeurs pour des expositions temporaires, ou encore organiser des résidences artistiques, des programmes éducatifs et des échanges culturels autour de ces objets.
Cette approche permettrait de préserver l’intégrité des collections tout en répondant aux revendications légitimes de réappropriation culturelle. Ainsi, les musées seraient non plus des vitrines d’un passé colonial, mais des acteurs d’un dialogue global et d’un humanisme partagé.
L’urgence d’une nouvelle diplomatie culturelle
Dans un monde de plus en plus polarisé, il est impératif de bâtir des ponts plutôt que des murs. La restitution ne doit pas être vue comme un geste de réparation ponctuel, mais comme une opportunité d’inventer un nouveau modèle de coopération internationale. Les trésors culturels du monde entier doivent être protégés, partagés et célébrés non seulement pour leur valeur artistique, mais pour ce qu’ils représentent dans la construction d’une humanité unie dans sa diversité.
Les musées, en tant qu’ambassadeurs de ce patrimoine mondial, ont un rôle crucial à jouer. En adoptant ce modèle, nous pourrions enfin dépasser le dilemme des restitutions et construire une véritable diplomatie culturelle, axée sur l’unité et la solidarité.
L’heure est venue de repenser le rôle des musées et des institutions culturelles dans notre monde globalisé. En transformant ces lieux de conservation en acteurs d’un dialogue mondial, nous pourrons surmonter les divisions du passé et construire un avenir fondé sur le partage et la coopération.
Il est encore temps d’agir pour que ce patrimoine, qui appartient à toute l’humanité, continue à être une source de dialogue et d’inspiration pour les générations futures.
Actif online depuis presque 10 ans, Christie’s a accéléré la digitalisation de ses ventes et de sa communication. La crise, explique Cécile Verdier, permet d’installer sans délai, en accéléré, les outils pertinents qui seront les standards de demain, et toucher ainsi de nouveaux publics.
L’implantation mondiale de Christie’s a-t-elle aidé Christie’s France à prendre la mesure de l’épidémie, puis, lorsque le confinement a été imposé, à communiquer en interne et en externe ?
Cécile Verdier : Le fait d’être une maison de taille internationale, présente en Asie, nous a permis d’avoir une vision très en amont de la situation et de pouvoir utiliser en France des méthodes déjà mises en place par nos collègues dans nos bureaux en Chine et à Hong Kong.
Lire la suite >>>AU TEMPS DU CORONAVIRUS, COMMUNIC'ART DONNE LA PAROLE À SES CLIENTS.
En cette période de confinement, quelles sont les actions menées par la Fondation Henri Cartier-Bresson par vous et votre équipe pour poursuivre vos activités ?
François Hébel : Une légère présence sur les réseaux sociaux, sans submerger les lecteurs. Nous utilisons les « Perles des archives » et quelques documents intéressants pour mieux faire connaître Henri Cartier-Bresson avec des textes courts.
En quoi est-ce important pour vous de maintenir le lien avec vos communautés et vos publics ?
FH : C’est le rôle pédagogique de la Fondation, une de ses principales raisons d’être autour de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson et de Martine Franck.
Comment considérez-vous le rôle ...
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En cette période de confinement, quelles sont les actions menées par l’équipe du château d’Auvers-sur-Oise pour poursuivre votre action en tant qu’institution culturelle ?
Delphine Travers : En cette période particulière, où la culture est omniprésente et nous aide lors de notre confinement, nous transposons les expériences à vivre au château d’Auvers de manière virtuelle afin que nos publics puissent continuer à découvrir la richesse et la diversité culturelle du château.
Puisque le public ne peut pas venir au château d’Auvers, c’est donc le château qui vient vers lui.
Lire la suite >>>Bien avant la crise du coronavirus, le compte Instagram @jerrygogosian s’était imposé comme une Pythie du monde de l’art contemporain.
Accumulant les mèmes, des images banales assorties de commentaires méchamment ironiques, celle qui se présente comme une ex-galeriste de Los Angeles cultive une dérision qui lui assure une audience de 68 000 followers. Elle lui permet d’échanger avec les puissances de la place, dont elle podcast les interviews.
De son ton acéré, elle relève que la pandémie aura seulement poussé chacun dans sa pente. Elle ne s’attend à aucune sérieuse remise en cause, ni des méga-galeries, ni du système des foires.
Un sarcasme qui pousse la profession à abandonner les communications stéréotypées pour en revenir à l’essentiel : la transmission des œuvres d’art. ...
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