Benoit Janson restaurateur oeuvre d'art artiste
Benoit Janson restaurateur oeuvre d'art artiste
Depuis l’âge de 19 ans, Benoît Janson exerce le métier de restaurateur d’œuvres d’art. Pour une nana de Niki de Saint-Phalle, un outrenoir de Soulages ou une pièce du XVIIème, il conçoit son geste de soignant comme un travail de communication.
Lorsque vous réparez les dommages du temps et restituez le geste de l’artiste, votre métier de restaurateur d’œuvre d’art est bien celui d’un passeur ?
Benoit Janson : Un passeur entre l’œuvre et son public d’aujourd’hui ? Pourquoi pas, puisque je cherche me rapprocher au plus près de la vérité d'une œuvre d'art, et plus précisément de l'esprit de l’artiste au moment où il a créé.
Mais je me considère surtout comme un soignant, car mon but n'est autre que de tenter de conserver au mieux cette œuvre blessée par le temps ou par la main de l'homme. Afin qu'elle traverse les années et les futures générations renforcée, voire guérie. Mais sans chirurgie invasive ou esthétique...
Je parle de « guérison », j'interviens là où ça fait mal, pas pour faire joli.
En charge de la restauration d’une toile monumentale découverte au hasard d’un chantier, celui du show-room d’Oscar de la Renta rue de Marignan à Paris, votre atelier a été propulsé à la une de tous les journaux et télévisions du monde. Comment faire fructifier cette notoriété ?
Benoit Janson : Pour notre atelier, déjà connu pour son expertise sur les œuvres d’art contemporain - plus de cent Soulages et tant de Mathieu sont passés par nos mains ! - ce travail associé à une grande marque de luxe est une exceptionnelle carte de visite à destination de l’Amérique et de l’Asie.
Après avoir fait partager l’émotion de la découverte de cette œuvre de l’époque du Roi-Soleil, figurant la Jérusalem Céleste, une équipe de quatre personnes de notre atelier a travaillé six mois durant, dans le silence.
En outre, nous avons eu envie de faire appel aux meilleurs historiens et aux meilleurs scientifiques pour consigner, dans deux rapports aujourd’hui disponibles, toutes les données techniques qui étayent et complètent le savoir-faire, parfois intuitif, de notre atelier fondé il y a 40 ans.
En tant que restaurateur je me suis tout de suite projeté dans ce que pourrait être cette œuvre après mon intervention. Mon imagination recréait les couleurs d'origine. Un protocole commençait à se mettre en place pour lui rendre sa superbe. Le ciel noirâtre retrouvait ses bleus d'origine, les détails dans les feuilles des arbres apparaissaient alors que l'on ne pouvait encore qu'à peine les discerner.
Dans un premier temps, il était nécessaire d'effectuer un nettoyage de la peinture afin de supprimer cette crasse. Sous celle-ci nous avons observé une importante couche de vernis, oxydé par le temps, devenue brunâtre, fonçant considérablement la peinture. Un allégement du vernis a permis de retrouver tout l'éclat des couleurs ainsi que de nombreux détails. Puis un dégagement des anciens repeints désaccordés a été effectué.
Les nombreuses lacunes de peintures ont ensuite été mastiquées. La réintégration colorée a permis de rétablir l'unité esthétique d'ensemble de manière illusionniste. Le repiquage des nombreuses usures a finalement redonné toute la finesse et la subtilité des modelés. L'œuvre était enfin lisible. La dernière étape a consisté en l'application d'une couche de vernis qui a rendu à ce tableau toute sa profondeur et sa splendeur.
D’où vient cette magie qui valorise une œuvre engloutie bien davantage que des trésors équivalent bien conservés dans les châteaux et les musées ?
Benoit Janson : A la différence d’une visite au musée, précédée d’une pré-visite sur internet, cette découverte frappe l’imagination, comme pour le tombeau de Toutankhamon ou le Phare d'Alexandrie, toutes proportions gardées. On peut parler de magie.
Dans notre monde sous contrôle, l'imagination prend le pouvoir. Les passions se déchaînent : qui était le personnage principal de cette scène ? Quelle était cette époque où la France était pour l'Europe entière « la » référence ! Faire renaître cette époque fait partie de notre travail.
En facilitant la pleine appréciation de l’œuvre, vous êtes, vous aussi en quelque sorte un communicant…
Benoit Janson : Permettre à une œuvre de continuer de vivre, c’est la rendre à nouveau lisible ou compréhensible. Une forme de communication, en effet.
Ceci étant, mon premier souci, c'est l'œuvre, pas les yeux du collectionneur ou du public qui la regarderont. C'est elle qui est face à moi et qui à chaque fois me lance un défi : comment faire techniquement pour lui rendre sa vérité sans intervenir dans le processus créatif initial ?
Le temps n'est plus comme au XIX ème siècle où il était de mise qu'un restaurateur « repeigne » littéralement le tableau en imaginant ce qui pouvait bien se cacher il y a des siècles dans les lacunes offertes à son talent. Le public n'a pas besoin de ça, il est davantage averti aujourd'hui.
L'intention de l'artiste il la perçoit, il la sent ; nous intervenons pour lui faciliter cette perception.
Qu’est-ce qui distingue, selon vous, une œuvre restaurée d’un faux ? Du point de vue du droit, c’est facile. Mais du point de vue du public qui l’admire, la réponse pourrait être moins évidente...
Benoit Janson : A priori rien, ! Dans le cas où l'intention n'est pas celle de tromper, si une œuvre apparaît «trop» restaurée, c'est qu'à la base elle était quasiment «perdue». Par souci d’éthique professionnelle, je plaide pour qu'une œuvre restaurée à plus de 20 % soit annoncée comme telle.
Certaines Maisons de Ventes font appel à moi pour faire un rapport d'état de chaque œuvre qui sera présentée à la vacation, je trouve que c'est une position très correcte vis à vis des acheteurs.
Olivier Marian, co-fondateur d'Arteïa
Olivier Marian, CSO et co-fondateur d’Arteïa, la puissante plate-forme de catalogage de collections d’art commercialisée depuis septembre 2018, décrit pour le blog Art 360 by Communic’Art les fonctionnalités qui font sa différence. Il revient également sur la question de la nécessaire communication à mettre en œuvre au-delà du « bouche à oreille » traditionnel du secteur.
CSO et co-fondateur d’Arteïa, vous avez une double expérience d’ingénieur en informatique et de collectionneur, bien utile en l’espèce ?
Olivier Marian : En effet, je suis ingénieur en informatique, entrepreneur et investisseur, mais aussi collectionneur.
Mes parents sont de grands collectionneurs d’art, et ne trouvant pas d’outil satisfaisant sur le marché, j’avais créé ma propre base de données pour gérer cette collection familiale.
J’ai ensuite rencontré en 2016 des ...
Lire la suite >>>Hector Obalk, historien de l'art, critique d'art et réalisateur français.
Créateur de Grand Art sur Arte, d’albums didactiques sur Michel Ange, et de nombreuses critiques dans nombre de magazines grand public Hector Obalk, médiateur exceptionnel, est un touche à tout qui ne se disperse pas.
Éclectique dans la forme, il a l’art et la manière de surprendre , poursuivant un but unique : partager son amour pour les créateurs de génie et leurs œuvres. A l’attention de tous les médiateurs, il dresse pour Art 360 by Communic’Art un bilan de ses expériences pédagogiques. Et annonce son prochain spectacle.
Vous avez une expérience de quarante années de pédagogie, appliquée à l’art, et déclinée en films, en livres, en BD, en one man shows. Selon vous, l’augmentation de la fréquentation des musées et des expositions va-t-elle de pair avec une volonté d’en savoir toujours plus sur les artistes et sur les œuvres ...
Lire la suite >>>Julie Arnoux, déléguée générale de la société des amis du Musée du Quai Branly durant 14 ans
Depuis trois ans, le musée du Quai Branly - Jacques Chirac présente ses expositions en Afrique, en utilisant un système de web-visite. Un véritable rendez-vous avec l'objet, en direct.
Le but assumé : élargir le spectre des donateurs aux pays d’origine des collections. Julie Arnoux, à l’origine de cette médiation originale, a été déléguée générale de la société des amis durant 14 ans. Elle dresse pour Art 360 by Communic’Art le bilan de cette expérience originale.
Fin 2014 est née l’idée de la web-visite au musée du quai Branly – Jacques Chirac. Quelles ont été les éventuelles difficultés pour la concrétiser et pour la faire connaitre ?
Lire la suite >>>Anne Chepeau, Radio France / © Christophe Abramowitz
Depuis près de 30 ans, Anne Chepeau est à l’antenne de France info. Férue de culture, elle tente de concilier ses goûts personnels avec la mission de service publique d’une radio qui touche 4,5 millions d’auditeurs. S’il lui arrive de garder pour elle certains de ses coups de cœur, notamment dans le domaine de l’art contemporain, c’est que le travail de médiation est souvent négligé par les communicants.
Au sein de la rédaction d’une grande radio, vous avez la responsabilité de rendre compte d’événements qui se donnent à voir. Est-ce une sinécure ou une punition ?
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
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