© Carlos Freire
© Carlos Freire
Philippe Apeloig est un maître dans son domaine. Graphiste, artiste, théoricien il a imaginé un livre/objet mémoriel exceptionnel par son propos et sa forme, Enfants de Paris, 1939-1945, consacré aux plaques commémoratives parisiennes.
Il est le créateur, entre autres, des logos, images de marque des Musées de France, et du musée Yves Saint-Laurent à Marrakech. Art 360 y Communic’Art ne pouvait que s’intéresser à un tel créateur de sens.
Pour un musée, un théâtre ou un festival, l’identité visuelle et le logo sont aussi importants que pour une marque de grande consommation. Comment parvenez-vous à donner une forme graphique à une ambition culturelle ?
Philippe Apeloig : Cette démarche semble évidente aujourd’hui, parce que les institutions culturelles sont devenues des entreprises. Du musée public le plus modeste aux plus grandes fondations privées, chacun, à sa manière, s’intègre dans une visée politique, locale ou internationale, qui nécessite d’affirmer sa singularité.
Dans cette compétition, l’identité visuelle est un repère essentiel pour le public.
Il y a quarante ans, quand Jean Widmer a imaginé le logo du Centre Pompidou, inspiré de la façade de Piano et Rogers, ni le Louvre ni Versailles n’avaient leur identité visuelle. Aujourd’hui, l’image de marque est souvent le premier message d’une institution.
Vous avez créé le logo bien connu aujourd’hui des musées de France, quel en est le message ?
Philippe Apeloig : Je voulais exprimer deux idées : la préservation et l’accessibilité. J’ai abandonné le «M» capital pour une lettre minuscule plus fragile, plus modeste. Je l’ai ensuite insérée dans un plan d’architecte, comme une salle vue de haut, avec des murs pour la protéger et des ouvertures permettant une circulation.
La première étape du travail du graphiste, avant de se pencher sur sa feuille blanche, consiste à comprendre les besoins réels, et souvent inexprimés, de son commanditaire. Comme un acteur qui s’empare d’un personnage, il faut saisir sa personnalité avant d’interpréter le rôle.
Au terme de cet échange particulier, le logo ou la typographie épousera l’initiative culturelle autant qu’il lui donnera une forme. Le logo réussi est celui qui semble avoir été conçu sur mesure pour l’institution, comme un vêtement qui vous sied parfaitement et dont vous ne pouvez plus vous passer.
Quelle a été votre démarche pour la création du logo du musée Yves Saint-Laurent à Marrakech ?
Philippe Apeloig : Les lettres YSL forment déjà un sigle très fort, rendu éternel par le logo dessiné par Cassandre en 1961 au moment de la création de la marque. Il s’agissait donc pour moi d’utiliser ces trois lettres dans un contexte nouveau.
Ma réflexion m’a conduit à intégrer les deux initiales « m » des mots « musées » et « marrakech », en bas de casse : celles-ci me faisaient penser à la forme des arches mauresques. De plus, la composition typographique du logo est insérée dans carré incliné à quarante-cinq degrés qui évoque ainsi les Zéliges, petits fragments de céramiques émaillés, mais aussi certaines œuvres de Mondrian, qui a tant inspiré Yves Saint-Laurent.
L’importance grandissante des réseaux sociaux réduit-elle la place de la typographie, au profit de la couleur et de la forme ?
Philippe Apeloig : Les outils de création visuelle sont à disposition de tout le monde, mais pour être graphiste, il faut développer un regard.
Le mien s’est formé à Paris, à l’École Duperré et à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, puis aux Pays-Bas, dans les bureaux de Total design où Wim Crouwel et son équipe avaient conçu l’identité visuelle de grandes compagnies pétrolières, mais aussi celle du Stedelijk museum.
Mon dictionnaire mental, influencé par l’abstraction, m’incite à toujours viser l’épure dans mon travail de création. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ajoutent la contrainte de pouvoir faire tenir les logos dans des carrés ou des cercles relativement réduits.
Comment avez-vous mobilisé cette approche graphique pour la conception de votre livre mémoriel Enfants de Paris, 1939-1945, consacré aux plaques commémoratives parisiennes ?
Philippe Apeloig : Profondément citadin, attentif aux signes de la ville, j’ai voulu concentrer l’attention des lecteurs sur ces singulières traces urbaines, ces murmures disséminés dans les rues de la capitale.
Photographiées en plan rapproché et rassemblées dans cette compilation qu’est Enfants de Paris, 1939-1945, les plaques deviennent alors visibles, et racontent une histoire autant qu’une géographie.
Le livre, véritable « millefeuille », s’impose d’abord par son volume et son poids. On y entre comme on y sort : par des détails de la typographie des plaques, comme si on les observait à la loupe. Des pages de gardes bleues au début et rouges à la fin font apparaître, avec le blanc de la tranche des pages, le drapeau tricolore. L’ouvrage a été conçu comme un véritable objet de design.
Les plaques sont rassemblées par arrondissement, et leur enchaînement crée un parcours dans la capitale. On y découvre l’étonnante diversité des lettrages, des ornements, des couleurs, des formes, des matériaux, mais aussi du contexte architectural d’installation.
Et, bien sûr, on y lit des noms, parfois connus, souvent anonymes. L’ensemble forme une communauté, qui, rassemblée, nous invite à comprendre le passé pour mieux vivre le présent.
Le logo des musées de France
Le site du musée
Yves Saint-Laurent à Marrakech
Enfants de Paris, 1939-1945
Librairie
La belle Hortense
31, rue Vieille du Temple
75004
FNAC
Pour Me Jean-Jacques Neuer, avocat spécialisé dans les contentieux liés au marché de l’art, la communication est un mal nécessaire. À partir du litige qui opposait la Picasso administration aux époux Le Guennec, décryptage d’une stratégie judiciaire.
Dans l’affaire de recel d’œuvres d’art, où vous défendiez la Picasso administration contre les époux Le Guennec, qui prétendaient avoir reçu de Picasso un don de 271 œuvres, pourquoi avez-vous dénoncé ceux qui en avaient fait « une histoire de lutte des classes » ?
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En ouvrant leur collection aux visites privées, en leur domicile de Marseille, ils démontrent que le marché de l’art n’est pas un « shopping » comme les autres. Une belle histoire de partage autour de l’art.
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Pour fidéliser les membres de l’association, distinguer cette dernière de ses nombreuses homologues parisiennes, et séduire les mécènes indispensables à son activité, il lui faut mettre en oeuvre une communication équilibrée.
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Par FRANÇOIS BLANC
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