Depuis son ouverture en 2008 la Fondation d’entreprise Francès à Senlis construit une collection sur les excès de l’homme. Conçue par un couple, Estelle et Hervé Francès, la fondation d’entreprise Francès accueille jusqu’à fin décembre 2020 l’artiste français Kader Attia, lauréat du Prix Marcel Duchamp (2016) représenté par la Galleria Continua partenaire de cette exposition, intitulée “Mémoire de l’Oubli”.
Pour Le blog Art 360 by Communic’Art, la cofondatrice revient sur le pari audacieux de cette création, sa communication et son impact local.
Pour émerger parmi les innombrables fondations d’entreprise, avec des moyens relativement modestes, faut-il communiquer plus que les autres, ou radicalement différemment ?
Estelle Francès : Notre but, lorsque nous avons créé la Fondation Francès en 2008, était de partager notre collection d’art contemporain avec un public plus large.
C’est effectivement notre collection, par sa seule force, qui a permis de faire connaitre cette fondation d’entreprise un peu particulière, puisqu’elle porte notre nom de famille et non pas le nom de nos entreprises fondatrices, les sociétés de communication Okó et Arroi.
De par notre métier, nous avions une certaine maîtrise des outils de communication et une grande réactivité, mais c’est la radicalité de nos choix de collectionneurs, centrés sur les excès de l’homme, qui a donné une visibilité plus importante à nos projets et à nos moyens.
Pourquoi avez-vous souhaité d’emblée montrer vos œuvres à Senlis dans l’Oise?
Estelle Francès : Nous sommes arrivés à Senlis il y a 20 ans, parce que nous avons apprécié la qualité de vie familiale de cette ville située à seulement 45 km de Paris. Par son histoire, vous y êtes hors du temps, déconnectés.
Y montrer notre collection, c’était compléter le patrimoine de cette ville par une proposition artistique actuelle en dialogue avec les monuments historiques mais aussi, sans doute, la faire évoluer dans un sens moins conservateur.
Néanmoins, ce travail de proximité ne devait pas nous empêcher d’être visible par le marché, à Paris et dans le monde.
L’internet vous a permis d’essaimer ailleurs avec succès et intérêt. Racontez-nous.
En présentant l’intégralité de nos œuvres sur notre site internet, nous avons incité des commissaires à puiser dans notre collection pour leurs expositions.
Nos œuvres, signées d’artistes célèbres comme Andres Serrano ou plus confidentiels comme Robert Gligorov, ont initié des dialogues avec des commissaires et des conservateurs de musées internationaux, et renforcé la thématique à travers de nouvelles acquisitions.
Par exemple, le musée du Docteur Guislain à Gand, installé dans un ancien hôpital psychiatrique, a permis de développer nos liens avec la scène belge.
Comment avez-vous créé du lien avec vos publics qui pouvaient sembler a priori peu ouverts ?
Estelle Francès : pour toucher un public qui n’avait pas forcément les codes, nous avons mis en œuvre des expositions-dialogue.
La confrontation des œuvres, autour d’une thématique forte, suscite le débat et ouvre les esprits. L’exposition Mort ou vif, en 2009, portait sur une thématique lourde, anxiogène sans aucun doute et a suscité de nombreux témoignages de traumatisme.
Avec Pax, nous abordions les trois religions monothéistes, la mobilisation a dépassé nos attentes.Mais nous ne nous attendions pas, en exposant les œuvres de Mounir Fatmi, Ronald Ophuis ou Bettina Rheims, à recevoir une lettre de menace explicite portant de nombreux signes abjects et la mention « vous irez bruler à Treblinka».
Point de départ d’un sentiment d’urgence ; exigence à transmettre des savoirs, ambition développer un programme d’éducation artistique indispensable à la meilleure compréhension des expositions et des œuvres : la Fabrique de l’esprit était lancée en 2013.
Après les attentats de 2015 nos œuvres ont repris leur juste place, tellement moins choquantes que la violence de nos contemporains et nous avons constaté une curiosité plus grande du public pour comprendre les excès de l’homme.
Avez-vous été soutenu par la presse locale ?
Estelle Francès : la presse spécialisée et internationale a réagi favorablement d’emblée. Puis notre identité de jeune couple de collectionneurs porteur d’un projet culturel en région à intéressé le magazine « Point de vue ».
La presse locale a voulu faire sensation, sans faire la différence entre ce que désigne une œuvre et l’idée que l’on a de celle-ci. Ainsi, elle ne s’est emparée que des œuvres provocatrices. Quand il était question d’érotisme, nous voyions débarquer des hommes seuls, le journal sous le bras ! Cette réduction fut très décevante.
Quelle stratégie avez-vous choisi pour mieux échapper à la caricature ?
Estelle Francès : depuis 2013, la Fondation bénéficie des programmes de la Fabrique de l’esprit avec un objectif pédagogique plus concret, des programmes accrédités par le ministère de l’éducation nationale mais aussi un engagement citoyen reconnu par la commission nationale française pour l’Unesco.
Les programmes éducatifs dispensés dans les écoles, collèges et lycées de la région Hauts-de-France sont financés par les communes, les départements ou la région elle-même.
Le but est de contribuer au projet d’établissement, œuvres à l’appui : donner du sens à un projet grâce aux œuvres, mener des démarches interdisciplinaires sur des problématiques de société, éveiller la curiosité et donner à voir des pratiques et des métiers.
Aujourd’hui, deux salariés s’y consacrent à plein temps, avec un budget annuel de 60 à 80 000 euros
Entre les expositions thématiques, le cycle de conférences sur l’histoire de l’art et l’accueil ponctuel de séminaires d’entreprises (CODIR), notre lieu a trouvé son rythme.
En mars 2014, Twitter annonçait le lancement de la Museum Weeken collaboration avec 12 grands musées français.
L’utilisation régulière des médias sociaux en ligne par une grande partie de la population a poussé les agents culturels à se positionner sur ces nouveaux médias.
Les musées comprennent l’intérêt de construire une véritable stratégie de communication autour de ces outils. La page Facebook du Musée du Louvre compte ainsi aujourd’hui plus de 1 600 000 fans. 251 000 internautes suivent le compte twitter du musée.
La stratégie sur les réseaux sociaux de ces grandes institutions dépasse le simple affichage. Très récemment, le Louvre a ainsi interrogé ses fans Facebook via un questionnaire en ligne pour connaître et comprendre leurs attentes vis-à-vis du www.louvre.fr.
Lire la suite >>>Le Programme Audi Talents Awards soutient l'émergence de jeunes talentsen Design, Art contemporain, Court métrage et Musique.
Chaque année depuis 2007, la marque automobile Audi soutient les jeunes pousses de la création contemporaine en décernant les Audi Talents Awards.
Dans les catégories Design, Musique, Art contemporain et Court-métrage, un jury de professionnels remet un prix aux jeunes artistes les plus prometteurs.
Pour la marque, il s’agit de récompenser des personnalités émergentes qui symbolisent au mieux ses valeurs : curiosité, singularité, questionnement et dépassement.
Lire la suite >>>Le Frye Art Museum de Seattle a invité les internautes du monde entier à être les commissaires de sa nouvelle exposition #SocialMedium.
Durant deux semaines en Août 2014, le Frye Art Museum de Seattle a invité les internautes du monde entier à voter parmi 232 peintures de sa collection.
Objectif : retenir les 40 œuvres favorites à fin d'exposition dans différentes galeries du musée. L’accrochage s’est déroulé du 4 octobre 2014 au 4 janvier 2015.
Le musée a rencontré un beau succès médiatique en diffusant les œuvres soumises au vote sur les réseaux sociaux Facebook, Pinterest, Instagram et Tumblr avec le hashtag #SocialMedium. Ce sont ainsi 4 468 citoyens-conservateurs du monde entier qui ont exprimé leurs choix.
Jeffrey Hirsch, Directeur des communications du musée explique ainsi : "Nous cherchons toujours des moyens d’approfondir l’implication de nos visiteurs et d’étendre notre audience au-delà de notre public existant. Ce projet a été un ...
Lire la suite >>>KPN donne vie au Musée Rijksmuseum d'Amsterdam grâce à l'affichage dynamique
Pour fêter la première année de sa réouverture, le musée national des Pays-Bas, le Rijksmuseum, a exposé des versions animées de sa collection de célèbres chefs d’œuvres de la peinture flamande dans les métros d’Amsterdam et Rotterdam.
Durant une semaine, du 10 au 19 avril 2014, sur 86 écrans d’affichage numérique installés dans 16 stations de métro, les passants ont donc pu découvrir des versions animées de célèbres toiles. La laitière de Vermeer coulant son lait ? Une autre manière de redonner vie à cette œuvre emblématique.
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
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