Ayant marqué de son empreinte les Rencontres photographiques d’Arles, François Hébel s’essaye à un nouvel exercice : la direction et la promotion de la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Avec une communication doublement ciblée, vers le cœur des amateurs de photographie et vers les amateurs d’art en goguette dans un périmètre à forte intensité arty.
Désormais installée dans le Marais, à l’ombre des mastodontes de la photo et de l’art, l’institution joue la carte de l’excellence.
La Fondation Henri Cartier-Bresson a choisi de déménager fin 2018 dans le Marais, voisine avec d’autres institutions qui présentent de la photographie : le Centre Pompidou et la Maison Européenne de la Phographie, notamment. Face à ces deux offres, avez-vous réussi à élargir le public ?
François Hébel : Je ne vois pas cela comme une concurrence mais comme une densité attractive. Lorsqu’ils passent peu de temps à Paris, les amateurs d’art naviguent sur l’axe Louvre-Saint Paul, pour visiter non seulement les deux mastodontes que vous avez cités, mais aussi le Musée Picasso, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme, le musée de la Chasse et de la nature, le musée des Arts déco, le Jeu de paume et la MEP.
Pour nous, qui n’étions pas connu du grand public, être plongé dans cet environnement a été un accélérateur. Avec 50 000 entrées pour les six premiers mois, nous avons déjà atteint notre moyenne annuelle et nous savons que les nouveaux visiteurs résident pour une grande part en Province ou à l’étranger.
Il semble que l’affichage dans les gares, non pas à Paris mais à Bordeaux, Lille, Strasbourg, Rennes et Marseille, avec les expos en cours à la Fondation HCB, ait été assez payant. Quand les voyageurs attendent leur TGV pour Paris, ils ont l’esprit plus disponible que lorsqu’ils débarquent et cherchent surtout leur ligne de métro ou un taxi.
Pas d’achat d’espace dans la presse, mais un partenariat avec Radio France. Pourquoi ce choix radical ?
François Hébel : Au regard de notre budget, relativement restreint, nous avons décidé de le concentrer sur notre cœur de cible, que sont les auditeurs de France Culture. Lorsqu’ils entendent un spot indiquant que « leur » radio adoube telle exposition, ils prêtent une oreille favorable. Cet attachement à un média est devenu assez rare.
S’y ajoute un affichage d’été dans le métro, à un moment où les tarifs sont moins chers, ce qui permet de toucher un public non initié et de passage, dès lors que la programmation est adaptée.
Les réseaux sociaux, qui font une grande place à l’image, ne semblent pas faire partie de vos priorités.
François Hébel : Avant de toucher des visiteurs potentiels à l’autre bout du monde, nous avions à cœur d’obtenir de la mairie la signalisation de la fondation aux abords du musée Picasso et d’autres lieux culturels voisins.
Après deux années de démarches, le fléchage sera bientôt réalisé. Nous espérons aussi pouvoir installer une enseigne. Nous sommes sur les réseaux mais il ne faut pas négliger quelques moyens physiques traditionnels.
Vous avez été directeur des Rencontres d’Arles. La médiatisation d’un événement annuel devenu incontournable a-t-elle inspiré la promotion que vous faites d’un lieu fixe, avec une programmation dilatée dans l’année et forcément moins dense ?
François Hébel : La seule chose qui paye, c’est la qualité du programme. Voilà la leçon d’Arles ! S’agiter, cela ne sert à rien. Il faut faire des bons programmes, avec des expositions plus faciles et d’autres plus pointues.
Cartier-Bresson en Chine, lorsqu’il assiste à la chute du Kuomintang en 1949, juste après avoir fondé l’agence Magnum, appartient à la première catégorie et cela permet de faire découvrir le travail de Wright Morris, la poésie à l’état pur, inconnu du grand public.
A Paris, au centre du monde culturel, l’appétit existe pour la culture, pour la photo, pour Cartier-Bresson. Mais si vous décevez votre public, vous le perdez. A contrario, un public heureux fera la meilleure publicité.
L’objectif, c’est d’habituer le public à venir nous voir sans savoir exactement ce que nous allons lui montrer. Il faut créer une destination.
La Fondation est associée à l’univers du luxe, à travers la Fondation d’entreprise Hermès qui finance le prix HCB, créé en 1988 et relancé en 2003. Comment distinguer vos lauréats de ceux des prix Carmignac, HSBC ou Carte blanche PMU ?
François Hébel : La fondation d’entreprise Hermès, sous l’égide de la fondation de France, n’a pas vocation à vendre des sacs Kelly, mais à célébrer le geste à travers des événements culturels particulièrement ambitieux.
Le prix Henri Cartier-Bresson se distingue d’abord par son exigence : au rebours d’une tendance au jeunisme, il vise à permettre à des photographes déjà engagés dans leur carrière de mener un projet qui nécessite des moyens importants, ainsi qu’un réseau. L’esprit d’indépendance du jury est une autre particularité de notre prix.
Enfin, bien sûr, le montant indivisible de 35 000 euros, assorti d’une exposition et d’une publication, intéresse une certaine excellence.
3,76 milliards de dollars. C’est la coquette somme que représentera en 2018 le total du marché mondial de l’art en ligne selon Hiscox, l’assureur spécialisé (entre autres) dans les objets d’art et dont le deuxième rapport annuel est à observer à la loupe pour tracer les contours du business de demain.
Si ces prévisions se confirment, le marché de l’art en ligne (maisons de vente, sites spécialisés et galeries) aura donc pédalé d’ici là au rythme d’un taux de croissance à 19% (son chiffre d’affaires s’élevait en 2013 à 1,57 milliards de dollars).
Autant dire un grand bond en avant pour ce retardataire qui se réveille une dizaine d’années après que le e-commerce traditionnel s’est généralisé un peu partout dans le monde : en 2005, pour la première fois aux Royaume-Uni, plus de 50% des adultes avaient effectué un ...
Lire la suite >>>Le nouvel ouvrage de référence pour comprendre l'art contemporain
Inintelligible, incompréhensible, show off ? … L’art contemporain investit en grande pompe l’espace public… Souvent décrié, il souffre en plus d’une médiation approximative. Il est temps de réflechir.
Dans un récent ouvrage Le paradigme de l’art contemporain, structures d’une révolution artistique, Nathalie Heinich, sociologue et directrice de recherche au CNRS donne au lecteur les clefs de ce monde par une analyse raisonnée, sans jamais prendre parti.
Élever l’art contemporain au rang de paradigme est une véritable nécessité. Bien plus qu’un genre, c’est devenu un modèle de pensée, une base théorique qui formate inconsciemment notre acceptation de la « normalité ».
Lire la suite >>>
L'exposition 100% virtuelle ou la culture à portée de tous
A l’occasion de la Biennale de Belleville 2014, Marie Maertens, journaliste et critique d’art, qui collabore régulièrement aux revues Connaissance des Arts, Arts Programme et Balthazar, elle écrit aussi dans Artpress et Blast, a curaté l’exposition, Brooklyn Belleville, une exposition d’un genre nouveau : pas de lieu, pas d’œuvres physiques.
Une exposition 100% virtuelle où le spectateur est invité non pas à regarder mais à écouter les descriptions faites par les artistes eux-mêmes de leurs œuvres. A l’instar du regretté Edouard Levé qui avait publié en son temps l’ouvrage Œuvres, six artistes proposent donc le récit d’ ...
Lire la suite >>>La Tate et le British Museum comptent parmi les institutions qui ont adopté la marque comme stratégie
D’après un article publié sur le site du quotidien The Guardian, les directeurs des musées ont aujourd’hui appris à considérer la notion de « marque » dans leur stratégie. Elle est maintenant perçue comme essentielle pour se distinguer. Mais il semble par ailleurs, que pour certains curateurs, la marque tend à alimenter le conformisme et le corporatisme.
En réalité, certaines institutions muséales telles que le British Museum, le Met ou bien encore le Prado ont toujours eu une forte identité et réputation, sans que l’on parle de stratégie de marque.
Mais si l’on insiste aujourd’hui sur l’importance de « brander » son musée, c’est bien parce que de nouveaux faits ont bouleversé la place de ces ...
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par RAPHAËL TURCAT
Toutes ses contributions >>>