Percutante, distrayante, argumentée, son histoire de l’Art exploite le meilleur d’un réseau social qui répond à des règles de communication spécifiques. Trois fois par mois, cette jeune passionnée d’art raconte l’histoire d’une artiste femme, sur son compte Instagram suivi par près de 27 000 abonnés. Elle nous dit comment.
Afin de revaloriser le "matrimoine artistique" et rendre visibles les femmes artistes, pourquoi avez-vous choisi l’outil Instagram, plutôt que le blog ou le podcast ?
Margaux Brugvin : J’ai choisi d’investir Instagram car s’y trouvaient déjà les personnes potentiellement intéressées par mon contenu. Si j'avais créé un blog ou un podcast, j'aurais dû en faire la publicité sur Instagram et convaincre les gens de quitter ce réseau social pour migrer vers un autre média.
Or, Instagram fait tout pour que l'utilisateur passe un maximum de temps sur sa plateforme, donc limite les liens cliquables qui le dirigeraient ailleurs. J'ai donc cherché à développer des formats spécifiquement conçus pour Instagram. La plateforme offre de nombreuses options afin de concurrencer les autres réseaux sociaux : les stories pour faire face à Snapchat, les IGTVs pour Youtube et les Reels pour TikTok.
On sous-estime beaucoup les utilisateurs d'Instagram. Ils ne sont pas sur cette plateforme uniquement pour les jolies images et la mise en scène de soi mais aussi pour s'enrichir. Instagram est un outil pédagogique extrêmement puissant, comme en témoigne le succès des comptes militants et de certains créateurs de contenu culturel, comme @la.minute.culture par exemple.
Vous alternez vidéos et posts beaucoup plus rédigés. Comment analysez-vous l’accueil de ces différents formats ? Est-ce la même cible, la même attention, le même engagement ?
Margaux Brugvin : Les vidéos sont définitivement le format qui a le plus de succès, que ce soit en termes de reach ou d'engagement. Le fait que je sois à l'écran, avec un propos incarné, joue sans doute beaucoup.
Cependant, je ne suis pas dupe : ça ne tient pas qu'à moi, cela tient aussi beaucoup au fait qu'Instagram essaye de pousser le format IGTV. Le jour où ils s'en détourneront pour en favoriser un autre, je sais que la visibilité baissera, quelle que soit la qualité du contenu.
Les stories aussi ont beaucoup de succès. Plus elles sont interactives, plus elles sont vues. Je fais participer les gens qui me suivent : pas seulement via un petit sticker ou un quiz – ce qui est par ailleurs important – mais en leur demandant des suggestions, des recommandations ou des retours d'expérience sur différents sujets.
C'est aussi via ces stories que j'ai des échanges privilégiés, puisque les utilisateurs sont souvent plus à l'aise pour livrer leurs réflexions en message privé – accessible facilement depuis les stories – qu'à la vue de tous en commentaire. Je réponds à tous les messages, puisque le but de ce réseau est d'être social, d'échanger, de partager, de s'enrichir mutuellement.
Vous utilisez également et assez régulièrement des carrousels d’images et de textes ? Quels avantages y trouvez-vous ?
Margaux Brugvin : Ce sont les comptes militants antiracistes et féministes qui m'ont inspiré ce format. Pour être honnête, je les ai développés parce qu'ils prennent moins de temps à réaliser que les vidéos. Il y a trop de choses dont je veux parler et pas assez de temps pour faire une vidéo sur chacune d'elles !
C'est très efficace et c'est un type de contenu qui se partage facilement, en story ou par messages privés. C'est un beau détournement du concept premier d'Instagram, qui est censé être le réseau social de l'image. La lecture des légendes sous les posts est d'ailleurs très pénible : c'est affiché en très petits caractères et les possibilités de mise en page et donc de hiérarchisation des informations sont limitées.
Ces posts écrits ont un joli succès. Ils sont plus faciles à consulter que mes vidéos, qui demandent de se poser 10 minutes et de mettre le son, mais ils n'ont pas le même impact en termes d'engagement et de partage.
Votre propos est accessible, grand public plutôt qu’élitiste ou académique. Dans le registre de l’histoire de l’art vue par une femme féministe, pourquoi avez-vous choisi cette simplicité ?
Margaux Brugvin : J’aborde des sujets qui sont loin d'être simples et je veux toucher un très large public. Juste avant de répondre à cette interview, j'ai fait une story sur la mobilisation du corps féminin dans le contexte socio-économique de la seconde partie du XIXe siècle et sa représentation dans l'œuvre des artistes impressionnistes. Ce sujet est passionnant – d'ailleurs les premiers retours sont très bons – mais présenté en ces termes, il paraît difficilement accessible !
Je suis persuadée que tout le monde peut s'intéresser à l'histoire de l'art. Cependant, c'est une discipline qui n'est pas, ou très peu, abordée pendant la scolarité. À moins d'avoir eu des parents qui vous ont traîné au musée et fait lire des bouquins sur l'art, il y a peu de chance que vous y connaissiez quoi que ce soit.
Or, il n'y a rien de plus désagréable que de se sentir totalement inculte face à un texte qui cite des auteurs, des concepts et des artistes qui vous sont inconnus. À l'inverse, c'est aussi très désagréable d'avoir l'impression que l'auteur considère son public comme limité intellectuellement et qu’il simplifie tout à l'extrême.
J'emploie donc le ton que j'utiliserais avec mes amis. Je parle à la première personne, je donne mon avis et j'essaye de raconter une histoire. J'adore les histoires et je pense qu'elles permettent de faire passer énormément de messages, même s'ils sont complexes !
Sur un autre compte, « Projets », vous parlez d’art à destination de la nouvelle génération. Quels sont, selon vous, les choix esthétiques et éditoriaux qui ouvrent les yeux, les oreilles et les consciences artistiques et politiques des "digital natives" ?
Margaux Brugvin : Projets est un nouveau media entièrement digital sur lequel nous sommes nombreux à intervenir, d'Anaël Pigeat, ancienne rédactrice en chef d'artpress, au collectif Jeunes Critiques d'Art.
Notre but premier est de transmettre notre passion pour l'art, notre enthousiasme, nos interrogations. Les différents formats sont pensés pour servir cette idée mais ne sont pas destinés à une génération particuliere.
Ils sont incarnés, car c'est difficile de s'attacher à un propos quand on ne sait pas qui parle, mais aussi parce que nous pensons que toute parole doit être située. Sans prétendre détenir la vérité, nos pensées et nos opinions sont le fruit de notre expérience propre et dépendent de l'endroit où nous nous situons dans le monde et d'où nous percevons la réalité.
Les "digital natives" n’ont besoin de personne pour ouvrir les yeux et les oreilles. Les générations en dessous des nôtres sont bien plus politisées et ont déjà des esthétiques bien plus affirmées que nous à leur âge.
Les carrousels d'images et de textes dont je parlais plus haut, je les ai d'abord vus sur des comptes de personnes qui ont parfois 10 ans de moins que moi, avant de me les approprier. Je ne l'ai pas fait pour "faire comme elles", mais parce qu'elles avaient développé un outil formidable pour communiquer simplement des idées complexes sur Instagram.
Le nouvel ouvrage de référence pour comprendre l'art contemporain
Inintelligible, incompréhensible, show off ? … L’art contemporain investit en grande pompe l’espace public… Souvent décrié, il souffre en plus d’une médiation approximative. Il est temps de réflechir.
Dans un récent ouvrage Le paradigme de l’art contemporain, structures d’une révolution artistique, Nathalie Heinich, sociologue et directrice de recherche au CNRS donne au lecteur les clefs de ce monde par une analyse raisonnée, sans jamais prendre parti.
Élever l’art contemporain au rang de paradigme est une véritable nécessité. Bien plus qu’un genre, c’est devenu un modèle de pensée, une base théorique qui formate inconsciemment notre acceptation de la « normalité ».
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L'exposition 100% virtuelle ou la culture à portée de tous
A l’occasion de la Biennale de Belleville 2014, Marie Maertens, journaliste et critique d’art, qui collabore régulièrement aux revues Connaissance des Arts, Arts Programme et Balthazar, elle écrit aussi dans Artpress et Blast, a curaté l’exposition, Brooklyn Belleville, une exposition d’un genre nouveau : pas de lieu, pas d’œuvres physiques.
Une exposition 100% virtuelle où le spectateur est invité non pas à regarder mais à écouter les descriptions faites par les artistes eux-mêmes de leurs œuvres. A l’instar du regretté Edouard Levé qui avait publié en son temps l’ouvrage Œuvres, six artistes proposent donc le récit d’ ...
Lire la suite >>>La Tate et le British Museum comptent parmi les institutions qui ont adopté la marque comme stratégie
D’après un article publié sur le site du quotidien The Guardian, les directeurs des musées ont aujourd’hui appris à considérer la notion de « marque » dans leur stratégie. Elle est maintenant perçue comme essentielle pour se distinguer. Mais il semble par ailleurs, que pour certains curateurs, la marque tend à alimenter le conformisme et le corporatisme.
En réalité, certaines institutions muséales telles que le British Museum, le Met ou bien encore le Prado ont toujours eu une forte identité et réputation, sans que l’on parle de stratégie de marque.
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Lire la suite >>>Les lunettes intelligentes Google Glass vont s’inviter dans la visite « augmentée » des musées.
Le projet Google Glass est un programme de recherche et développement lancé en 2014 par Google. Les Google Glass sont des lunettes affichant des informations issues d’Internet en surimpression de la vue classique (principe de la réalité augmentée).
Il n’en fallait pas plus pour que le monde des musées s’intéresse à ce projet alors même que la technologie des Google Glass est toujours en phase d’expérimentation.
Selon l’entreprise GuidiGo spécialisée dans les audio-guides et applications touristiques et muséales, ces lunettes d’un nouveau genre permettraient aux visiteurs d’avoir accès à plus de contenu en étant face à une œuvre.
Il serait dès lors possible de voir des détails que nous n’aurions pas remarqués ou tout simplement de zoomer sur l’œuvre pour en découvrir les moindres ...
Par FRANÇOIS BLANC
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Par RAPHAËL TURCAT
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